[Point de vue] Retraites : la démocratie et la solidarité sociale… tous les invoquent à tort et à travers

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Le sujet initial et central, qui était l'allongement de l'âge du départ à la retraite, a été l'objet d'une confrontation longue et butée. Dans une optique qui est présentée comme celle d'une logique comptable il s'agirait de « sauver le système de retraite par répartition ». Avec un autre regard, social et humain, on ne voit que la fatigue, l'usure des corps, le droit au repos et au bonheur. Or, il y avait d'autres voies possibles pour des politiciens qui ont perdu – certes depuis des décennies - tout bon sens, en tolérant - voire en mettant en œuvre - des politiques d'appauvrissement national : fraudes sociales et évasions fiscales, désindustrialisation, 35 heures, dépendance au mondialisme et au financiarisme, immigration dispendieuse et, inversement, dénatalité. Dans ces conditions, invoquer l'équilibre des comptes, sociaux ou autres, est une tartufferie : il était possible, non seulement d'agir sur ces trous dans le tonneau des Danaïdes, mais encore de relancer la natalité française pour que naissent les 45.000 bébés qui manqueront et de maintenir en France les milliers de diplômés qui quittent, chaque année, notre pays. Tous de potentiels cotisants.

Mais c'est aussi en allégeant l'esprit de la démocratie que les factions politiques s'affrontent. Du côté de la minorité macroniste, on argue de ce que la légalité constitutionnelle serait respectée et que, dans notre démocratie représentative, les députés seraient exonérés d'écouter leurs électeurs… En réalité, la France est victime de la pratique constitutionnelle peu à peu imposée par les trois derniers Présidents. En effet, la Constitution de 1958 avait été conçue pour que notre démocratie soit irriguée périodiquement par le recours référendaire au peuple français sur les grands sujets. Or, depuis le référendum de 2005 (sur la soi-disant « Constitution » européenne), l'esprit démocratique de la Constitution est bafoué. D'abord en 2008 en imposant, par le Congrès, un ersatz de la « Constitution » européenne : le traité de Lisbonne. Et une modification de la Constitution française. Ensuite, en cessant de recourir au référendum : aucun n'a été organisé depuis 18 ans, alors que Charles de Gaulle en proposait un tous les deux ans environ... Enfin, si le recours à l'article 49.3 est, certes, une pratique légale en soi, elle est singulière parmi les démocraties occidentales et son utilisation excessive une atteinte inouïe à la démocratie parlementaire représentative pourtant invoquée par ces mêmes macronistes…

Alors que le tissu social se nécrose sous l'effet d'une hausse du prix des produits de première nécessité face à un gouvernement inerte, qui a préféré envoyer le signal désespérant qu'en plus de ce quotidien déprimant, on tue l'espoir de jouir en bonne santé de ses dernières année de vie.

Ce gouvernement tombera-t-il la semaine prochaine ? Une partie des LR est-elle susceptible de trahir l'opinion majoritaire des Français et de participer à un gouvernement replâtré ? Bruneau Retailleau comme Premier ministre attirerait-il suffisamment de transfuges pour trouver une majorité hétéroclite ? Y aura-t-il un référendum d'initiative populaire ? Ou une dissolution et de nouvelles législatives ? Et comme ces dernières seraient, évidement, catastrophiques pour le clan macronien, ce Président, élu sur un malentendu, pourrait-il rester ? Des présidentielles en 2023 ?

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Quand le nombre de salariés baisse et le nombre de retraités augmente , que le système soit par répartition ou par capitalisation , le montant des retraites doit baisser ou la durée de cotisation doit augmenter , nier ce problème arithmétique au nom d’une idéologie est absurde.
    Voir les salariés les plus privilégies , SNCF , RATP , électricité , gaz , pétroles , à la pointe du combat syndical est scandaleux.
    Expliquez moi pourquoi les autres pays de l’UE ont augmenté la durée du travail et donc l’âge de départ à la retraite et pourquoi la France ne devrait pas le faire.

    • D’accord PS avec vous sur les privilèges. Mais pas d’accord sur :  »nier ce problème arithmétique au nom d’une idéologie est absurde ». 1) parce que le processus démocratique et humaniste réclamé contre le 49.3 n’est pas  »absurde » ! C’est le 49.3 qui est absurde et totalitaire. 2) Il arrive presque toujours qu’à un problème humain et économique (et pas médiocrement arithmétique) l’esprit de finesse trouve des solutions là où l’esprit de géométrie (de Borne) échoue (Pascal, lui, maîtrisait les deux formes d’esprit). Par exemple en incitant à un natalisme modéré, en combattant les fraudes sociales et les  »optimisations » fiscales, relocalisant l’industrie (et donc redonner de l’emploi et des cotisants) : et ainsi redonner espoir aux Français. Ce n’est donc pas un problème d’arithmétique pour polytechnicienne intellectuellement dépassée !

  2. Vous avez tout à fait raison dans votre argumentation….Madame Borne et nos gouvernants se prennent pour des « sages » voir de « grands sages ». Et comme le signale si bien le proverbe chinois : « Quand le sage montre la Lune, l’imbécile regarde le doigt »…Le problème n’est donc pas la retraite, mais tout ce que le « sage » refuse sournoisement Et hypocritement de vouloir pointer du doigt…

    • Très juste. C’est à se demander si tout ce cirque n’a pas été programmé pour détourner l’attention des vrais gros problèmes. Guerre en Ukraine, inflation, migration, violence etc…Tiens, on ne parle plus beaucoup de l’affaire Palmade. Y aurait-il des secrets d’alcôve?

  3. Les syndicats et les partis politiques sont des pompes à fric animées par des acteurs carriéristes qui ne se soucient de la démocratie que lorsqu’il s’agit d’engranger quelques adhérents de plus.
    La preuve nous en a été donnée avec la crise Covid et ses débordements autoritaires.

  4. De Gaulle en proposait « un tous les deux ans » mais il en fit deux en 1962!
    Je ne dirai rien du premier, ce n’est pas le lieu, mais celui d’octobre fut scandaleux et se retournera contre lui-même car, mis en pratique en 1965…..il dut fuir dès la fiesta de 1968….

  5. Depuis le début Macron savait qu’il devrait utiliser le 49.3 et c’est bien pour cela qu’il avait inscrit ce projet de loi dans le budget de la Sécurité Sociale, ce que le Conseil Constitutionnel avait critiqué me semble t’il.

  6. Faites nous plaisir débarrassés nous de cette racaille, Votez un peu plus Zemmour à la place de Ciotti et sans bande de traîtres vis à vis du peuple, faite table rase!

  7. Sachant que, même avec un métier peu fatiguant (sauf pour les femmes qui font un triple métier en un durant au moins 25 ans..) , la retraite en bonne santé sans pépins, ça dure 3 ans. Ne parlons même pas de bonheur, avec un budget réduit et la tronche (et habitudes exacerbées) de la moitié de corvée -serment initial oblige- en face, qui ressemble de + en + à belle-mère, trous dans la cervelle inclus, en vieillissant: Juste le droit de se lever + tard et de s’autoriser la sieste; Bref : Si vous avez un métier intéressant, et pas de loyer exorbitant, restez un peu…

  8. Bien observé. La fin du cauchemar Macron ? Merci pour cette analyse pointue qui redonne espoir en l’avenir de la France.

  9. « A tort et à travers »… Mais heureusement que certains « pensent droit »: il faut se référer à la lettre de la Caisse de Retraite des Médecins français pour se rendre compte de 1- la grossièreté du gouvernement (Dussopt, disons-le) qui ne répond même pas aux courriers 2- de l’intention de carrément faire main basse sur le fric bien géré qui ne demande rien à l’état. Cette réforme est une malédiction pour les Français.

  10. Retailleau premier ministre, pourquoi pas ? Le Sénat nous a habitués à courber l’échine devant les caprices de notre président. Il n’a condamné aucune des mesures sanitaires, ne demande pas la réintégration des soignants et gobe toutes les inepties écologistes, comme la fin du moteur thermique ou la mise en place des ZFE.
    Cette chambre n’est plus un contre-pouvoir mais une bouée de sauvetage pour Macron.
    Ces magouilles vont finir par se voir…

    • « Ces magouilles vont finir par se voir… »
      Mais, ça se voit déjà, et pas qu’un peu. Toutefois, ceux qui voient et ont le pouvoir d’y changer quelque chose n’ont manifestement pas très envie d’y mettre fin.

  11. Et pourtant, si on remplaçait tous les parlementaires et conseillers des ministères par CHATGPT on n’aurait pas tous ces déboires et le pays serait mieux géré.

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