[Point de vue] Le clown et l’abîme : une allégorie tragique

Capture d'écran
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Le 10 février, le grave accident de la route qui s’est produit en Seine-et-Marne, faisant cinq blessés dont quatre graves et provoquant la mort d’un enfant à naître, ne serait qu’un fait divers (expression horrible pour ceux dont la vie est dévastée à jamais) parmi les autres, une statistique, si le présumé responsable de l’accident n’était une célébrité du show-business. Un clown généralement triste, connu pour ses numéros sur ton d’amertume et sa vie sous addictions.

Depuis ce 10 février, l’affaire occupe les médias au point d’éclipser partiellement (et opportunément ?) des débats politiques pourtant fondamentaux. On serait tenté de se désoler que ce fait aux allures banales acquière une telle résonance. C’est, en effet, tragique pour ceux qui furent impliqués dans l’accident, bien malgré eux, mais est-ce d’importance nationale ? Les blessés souffriront probablement de séquelles définitives, leur existence est bouleversée, mais le destin du pays n’est pas en jeu, nous dira-t-on.

Et si cette appréciation était une erreur ? N’y a-t-il pas dans cet épisode trop commun une allégorie tragique de ce que notre société est en train de devenir ? Ce clown triste, qui courait vers l’abîme par de chimiques vertiges, n’est-il pas une image de notre collectif tenté par le désespoir et essayant d’y échapper avec les recettes héritées de la révolution moderne des mœurs ?

Bien sûr, la notoriété de Pierre Palmade n’est pas pour rien dans l’écho médiatique dont cette affaire bénéficie. La chute des gens riches et célèbres fascine souvent dans un mélange de pitié et d’envie enfin satisfaite. Ne nous arrêtons pas à cela. Et s’il y avait là un électrochoc salutaire, un avertissement à ne pas gâcher ? Pour l’intéressé lui-même, qui doit définitivement comprendre qu’il lui faut changer de vie, se consacrer à réparer autant qu’il est possible les dommages causés sur les autres et sur lui-même. Pour nous tous aussi. Si nous n’avons à proposer aux hommes, et aux plus jeunes en particulier, que les différents paradis artificiels pour combler le vide, la collision fatale viendra tôt ou tard. L’histoire de Pierre Palmade est celle d’un choc annoncé, malgré les nombreux efforts de son entourage pour l’en sauver. C’est aussi, peut-être, la nôtre si le discours proposant la légalisation des drogues - le cannabis d’abord, le reste viendra ensuite – persiste à désigner ce chemin de perdition comme un divertissement inoffensif et sympathique.

Dans notre pays, la consommation de drogue s’est répandue dans toutes les classes sociales et jusqu’au moindre village. Nous étions déjà sur le podium des anxiolytiques. Regarderons-nous cela comme une fatalité irrésistible ? Ne ratons pas cette occasion, ne gâchons pas cet avertissement au prix terrible. Il nous faut retrouver l’énergie d’affirmer que la volonté est la noblesse d’une existence. Nos gouvernants doivent laisser là les gazouillements numériques et se saisir de cette tragédie pour en tirer ce qu’elle pourra donner de meilleur, dire que la vie mérite mieux que l’anesthésie et l’ivresse. Les addictions enferment dans un repli toujours plus fort et dans la délectation de plaies réelles ou imaginaires. Un affaissement d’abord confortable est vite suivi par une déchéance mortifère, un processus que tous ceux qui sont appelés à intervenir, forces de l’ordre et soignants, connaissent bien. L’heure du réveil est venue.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/02/2023 à 5:52.
Jean-Frédéric Sellier
Jean-Frédéric Sellier
Général de brigade (2s) de gendarmerie

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Absolument d’accord, mais le problème est bien plus profond: en effet, chacun aura sûrement une bonne raison de fuir cette réalité, mais finalement n’est ce pas l’absence de perspective? Le fait qu’il n’y a rien à quoi se raccrocher? Loin de moi l’idée de trouver des excuses aux addictions, mais quand on y réfléchit, le réel ne fait plus rêver:
    – le pays? Il fut grand, mais n’est plus qu’un bazar en voie de tiers mondisation, dirigé sans projet rassembleur…
    – la famille? Autrefois refuge, on s’évertue aujourd’hui à la déconstruire, et à faire primer l’individu sur le collectif…
    – la religion? Quelle qu’elle soit, avec ses défauts, elle introduisait une collectivité (messe le dimanche, valeurs communes)…
    – le travail? Autrefois on pouvait en être fier, aujourd’hui ce n’est plus une valeur, et on « apprend » aux enfants qu’il vaut mieux être influenceur qu’agriculteur (moins dur et mieux payé… pour ceux qui réussissent)
    – l’histoire? Autrefois rassembleuse, elle provoquait globalement fierté, aujourd’hui on ne cesse d’expliquer que ce pays n’a jamais rien accompli de bien, de beau ou de grand…
    Enfin bref, un peuple sans passé n’a pas d’avenir, ni de perspectives au présent

  2. Franchement nous en avons marre sur toutes les chaines même CNEWS y a que l’affaire Palmade. Les médias vous n’avez pas d’autres informations plus importantes, comment combattre l’inflation, redonner du pouvoir d’achat au Français. Lutter contre l’insécurité et contre l’immigration imposée par Macron pour les loger dans des villages. Vous ne voyez pas que Macron veut remplacer le peuple Français.
    La trahison des politiciens de drauche.

  3. Ce qui est étonnant dans ces histoires de stup, c’est que l’on ne parle jamais des fournisseurs, j’entends ceux qui « produisent » ! Seraient-ils à ce point génant d’en parler, notamment en ce qui concerne le canabis, ni ceux, (les pays), qui le receptionnent et le transfèrent, comme actuellement pas mal de pays d’un continent voisin.
    Pourquoi nos politiques n’osent pas ?

  4. Si seulement cet accident tragique pouvait réveiller les consciences, mettre fin à l’hypocrisie, et au laxisme judiciaire. Dans une société qui légalise l’utilisation des drogues, et bientôt l’euthanasie, où place t’on le respect de la vie ?
    Ces comportements irresponsables mettant en danger la vie des autres devraient être systématiquement durement sanctionnés.
    Un peu moins de médiatisation voire sur médiatisation, et PLUS de Justice et MIEUX de Justice!

  5. Je préfère de ne pas commenter. Ce serait censuré.

    Je peux comprendre qu’on ait du mal à se défaire de la coke, mais on n’est pas obligé de fréquenter assidument les milieux qui baignent dedans!

  6. C’est effectivement l’occasion de remettre en cause la banalisation de la consommation de drogue . Cela abime la société dans son ensemble mais là où la consommation d’alcool était une cause nationale celle de cannabis et de cocaïne est relativisée au maximum pour être presque encensée!
    la drogue enlève toute inhibition et conscience , pour permettre peut être à ceux qui la consomme de se sentir bien ,mais aussi pour commettre des actes qu’ils ne feraient pas habituellement . Combien d’agressions sous l’emprise de substances ?
    Les effets secondaires des médicaments sont identifiés sur les modes d’utilisation qui se trouvent dans toute boite , pas ceux du cannabis . Et pourtant ils sont en nombre et dont une des principales est la paranoïa . Les gens qui sont sous addictions de ces drogues sont les pires menteurs, ils vendraient et tueraient pères et mères pour leurs doses quotidienne . Et plus insidieusement ceux qui dépendent de leurs dealers souvent issus de l’immigration vont ils avoir une vision objective de celle-ci ??? Vont ils voter pour celui qui souhaite en finir avec cette voyoucratie au quotidien ? Certains évoquent plusieurs millions de personnes qui s’adonneraient à la fumette et au sniff . Comment ces gens votent ils ??

  7. Une seule solution. Contrôles routiers quotidiens avec en plus, tests alcool et drogue. En cas de test positif, immobilisation sur place du véhicule et mise en fourrière. En cas d’accident, confiscation et destruction du véhicule. Le tout accompagné d’amendes sévères et prison. Chasse aux dealers que l’on filme et montre en vidéo sans jamais les arrêter.. Pour commencer, ce serait déjà pas mal et, faire de la place dans les prisons, en construire d’autres. Renvoyer dans leurs pays tous les délinquants prisonniers. Bref Il y a du pain sur la planche, mais qui aura le courage de commencer?

  8. Dans un monde proche de l’idéal on pourrait espérer que la publicité de ce drame, liée à la célébrité du responsable, provoquerait une prise de conscience qui déboucherait sur autre chose qu’un réflexe pavlovien de politicien tel que Darmanin pour lequel : un « fait divers » = une proposition de loi opportuniste. Mais dans notre société, une information chasse l’autre qui finit aussitôt dans les poubelles de l’oubli. Par ailleurs la consommation de drogues est tellement répandue dans les « élites » médiatiques, politiques, artistiques, « intellectuelles »,
    qui souhaitent sa légalisation, que passé l’orage éphémère de l’information spectaculaire, l’attention de détournera vers d’autres miroirs aux alouettes.

  9. Concernant les deux passagers qui se sont « carapatés »: il n’y a pas délit de fuite car ils ne conduisaient pas, mais il y a non assistance à personne en danger. l’un est connu et impliqué (appel en cours) dans une affaire de « stups » la semaine auparavant, l’autre est un illégal; et il n’y a même pas pour eux de mandat de dépôt. Peut-on juridiquement m’expliquer ça?

    • La réponse est dans l’article 144 du code de procédure pénale :

      La détention provisoire ne peut être ordonnée ou prolongée que s’il est démontré, au regard des éléments précis et circonstanciés résultant de la procédure, qu’elle constitue l’unique moyen de parvenir à l’un ou plusieurs des objectifs suivants et que ceux-ci ne sauraient être atteints en cas de placement sous contrôle judiciaire ou d’assignation à résidence avec surveillance électronique :

      1° Conserver les preuves ou les indices matériels qui sont nécessaires à la manifestation de la vérité ;

      2° Empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille ;

      3° Empêcher une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs ou complices ;

      4° Protéger la personne mise en examen ;

      5° Garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice ;

      6° Mettre fin à l’infraction ou prévenir son renouvellement ;

      7° Mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public provoqué par la gravité de l’infraction, les circonstances de sa commission ou l’importance du préjudice qu’elle a causé. Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l’affaire. Toutefois, le présent alinéa n’est pas applicable en matière correctionnelle.

      En outre, tant qu’ils ne sont pas jugés, ces deux individus sont (encore) innocents, comme l’est (encore) Pierre Palmade.

    • Oui, je vous explique, un bon baveu (avocat) va expliquer au tribunal, qu’ils n’avaient aucune connaissance des gestes de premiers secours et qu’en conséquence, ils auraient pu être poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui, s’ils n’avaient pas fait les bons gestes ! Fermez le ban !

  10. L’affaire Palmade ne changera rien sur le fond. Nous sommes dans une société addictive à l’immédiateté et aux émotions, et quand celles-ci auront épuisé leur période d’effervescence, nous attendrons les suivantes avec tout autant d’impatience. Un clou chasse l’autre et nous passons d’un vide existentiel au suivant. Tous valent tous, tout vaut tout, donc rien ne vaut rien. Notre société, notre civilisation même, est désormais sans espoir.

  11. « L’heure du réveil est venue. »
    Sans blague?
    Et vous faites quoi des drogués qui nous gouvernent, des drogués d’autres pays qui se droguent aussi?
    Des drogués aux dollars, des drogués aux vaxxins, des drogués aux médicaments (genre paracétamol)???
    Vous croyez vraiment que l’heure est venue alors qu’ils ont la tête dans le sable comme les autruches, et qu’ils agressent ceux qui les préviennent des dégâts des médicaments et des injections appelées faussement vaccin?
    J’ai bien l’impression qu’il va falloir les réveiller de force en les secouant fortement, puisqu’ils refusent de voir les morts que cela provoque (tant par l’envoi d’armes dans certains pays dont je ne citerai pas le nom, que par les injections bientôt obligatoires pour les plus de 60 ans)!

  12. Quelle que soit la profession, la drogue provoque la déchéance de l’individu, le malheur des familles, et j’en ai vu: le cannabis, expérience schizophrénique qui rend idiot à force d’attaquer le cerveau, la kétamine pareil, les morphiniques qui détruisent l’immunité, la cocaïne et ses dérivés qui détruisent le cœur – infarctus prématurés. Par quelque bout qu’on l’observe, la drogue c’est le mal. Les partisans de la légalisation sont soit d’ignorants idiots, soit des opportunistes politiques, qui n’ont jamais vu cet enfer de près.

  13. Les dommages causés sont irréparables ! Palmade est le symbole d’une société à la dérive, de la décadence qui frappe les sociétés occidentales. Je ne pense pas que cet accident change les orientations politiques et sociétales de nos dirigeants. Ils disent que Poutine est en guerre contre nos « valeurs » occidentales, mais les russes, ne veulent pas de ces idées wokistes chez eux !

  14. Le seul remède à la descente aux enfers des paradis artificiels est aux mains du gouvernement. Il faut lutter efficacement contre les dealers en utilisant des peines plancher énormes et, pour ce faire, créer un camp d’internement spécial, loin de la métropole. Nous avons la chance de posséder des territoires ultra-marins où on pourrait aménager un camp dédié à ces délinquants. Mayotte ou un atoll polynésien pourrait convenir et 10 ans de vacances au soleil calmerait sans doute les délinquants.
    Maintenant, si la seule mesure anti-drogue du gouvernement consiste à supprimer des points sur le permis de conduire, c’est qu’en réalité, il ne veut pas enlever le pain des envahisseurs qui résident dans les enclaves musulmanes de notre pays, aussi appelées zones de non droit.

    • Exact pour le constat des lieux. Le problème c’est que pour pouvoir, il faut déjà vouloir. Tous les gouvernements cherchent avant tout la paix sociale, quitte à pactiser avec le diable. La morale, le respect, les valeurs, l’honneur, le civisme, sont aujourd’hui des tares.

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