La PMA pour toutes bientôt actée. Le grand retour de la droite et de LMPT ?

Cette fois, on y est. L’ouverture de la PMA à toutes les femmes est programmée : elle sera "proposée dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique en 2018", vient d’annoncer Marlène Schiappa.

Pas de quoi tomber à la renverse, demander ses sels, s’éventer, pousser des « oh » et des « ah », car comme le rappelle Marlène Schiappa, c’était "un engagement de campagne d’Emmanuel Macron". Ceux qui ont voté pour lui ne peuvent s’estimer trahis, on ne leur avait rien caché.

Il n’y avait que quelques candides patentés pour s’illusionner, pour prendre leurs désirs pour des réalités : « Après la fracture sur ce sujet provoquée par le quinquennat de François Hollande, les catholiques espèrent qu’Emmanuel Macron, qui a fait de la “bienveillance” et de “l’apaisement” des engagements de campagne, tiendra désormais sa promesse d’une France réconciliée », écrivait d’une plume angélique un journaliste de La Croix le 13 août dernier. Un sociologue des religions, Philippe Portier, croyait même pouvoir affirmer dans le même journal que le nouveau Président serait "très prudent" sur ces sujets de société qu’"il [toucherait] d’une main tremblante". On voit. Au bout de six mois, la fleur au fusil, c'est parti pour la PMA ! Ce sociologue est vraiment visionnaire. Rappelez-moi de lui faire signe quand on n’aura besoin de rien.

Les arguments sont éculés. Il s’agit d’aller vers toujours plus de justice sociale, moins de discrimination. Entre lesbiennes et hétéros, entre celles qui ont de l’argent et peuvent aller à l’étranger et celles qui ne le peuvent pas… et, donc, toujours moins de justice sociale et plus de discrimination, entre les enfants dotés d’un père (identifié) et ceux qui n’en auront pas. Mais cela, n’est-ce pas, ne nous regarde pas, attendu que ces petites choses-là ne votent pas.

Une fois cette marche franchie, on foncera tout droit, évidemment, vers la GPA, en usant de la même rhétorique : c’est bien injuste, socialement, de priver les hommes d’enfant au motif qu’ils n’ont pas d’utérus intégré, et bien discriminant, pour les plus pauvres d’entre eux, qui n’ont pas les moyens de sous-traiter la prestation à l’étranger.

Dans cette belle réforme qui n’est, bien sûr, que justice, bonté et altruisme, un tout petit souci pratique est d’ailleurs occulté : comme le rappelait une intéressante enquête du Figaro en date du 10 juillet dernier, "les banques du sperme estiment qu’il faudrait 500 donneurs supplémentaires si la loi était votée". Un léger obstacle qui pourrait avoir deux conséquences : rallonger les délais d’attente pour les femmes affectées d’une stérilité médicale (par opposition à celles frappées de « stérilité sociale ») - or, l’âge n’étant pas pour rien dans la réussite du processus, qu’en pensent les premières intéressées ? -et signer la fin du principe français de don gratuit, un petit (gros) billet stimulant souvent la générosité.

LMPT, n’en doutons pas, est en train de fourbir ses drapeaux. En théorie, en rangs serrés sur le pavé, la droite tient là l’occasion de se reconstituer. Par opposition négative, faute d’y réussir par adhésion positive. Les clivages sont autant de points d’ancrage, et l’homme du « en même temps », expert à brouiller les cartes, n’en donne pas si souvent. Mais quelle droite ? La droite… dans ses bottes. La droite comme un i. La droite debout. Pas celle qui a fait l’école "macronière" au 2e tour. Pas celle dont la seule constante est l’inconstance. "Arrêtons de promettre l’abrogation de la loi Taubira sur le mariage pour tous. C’est humainement impossible d’y revenir", disait, il y a quelques jours, Valérie Pécresse. Comment cette droite, qui se dit gaullienne et qui n’est qu’éolienne, pourrait-elle faire peur à quiconque ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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