Plus de points sur votre permis ? Tentez le bateau !

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Le terme « permis de conduire » renvoie spontanément le lecteur à la route et à sa réglementation chaque jour plus tatillonne. Alors, en cette période de vacances, ça vaut le coup, même si vous n’êtes pas concernés, de comparer votre permis voiture, moto ou camion, de plus en plus fragilisé, à un autre type de permis : le fluvial ou, très précisément, « le permis de plaisance en eaux intérieures ». La comparaison est intéressante, vous allez voir pourquoi.

Jusqu’en 2004, dès lors qu’une embarcation possédait un moteur de moins de 9,9 cv, le permis n’était pas exigé. C’était faiblard, d’accord, ça n’allait pas très vite mais, sur le canal du Midi, par exemple, les loueurs avaient mis au point des pénichettes légères qui rentraient dans la norme et dispensaient de la possession du permis. Un peu comme les voiturettes sur les routes. Las ! C’était sans compter sur la logorrhée normative de fonctionnaires qui, n’y connaissant rien, n’ont pas trouvé mieux que de se fier au lobby des auto-écoles pour accoucher, au final, d’un texte parfaitement inapplicable. En effet, considérant que 9 cv, c’est bien trop dangereux, le législateur relève les exigences. Ce ne sera plus à partir de 9 cv, mais dès 6 cv que le permis est exigé. Sauf que cette mesure déclenche un tollé de la part des loueurs car, avec 6 cv, il est tout simplement impossible de propulser sans danger une embarcation. Nos chères têtes pensantes n’avaient pas compris qu’avec cette mesure, ils condamnaient toutes les entreprises de location. Pour pallier cet effet pervers, en 2007, nouvelle réforme, par l’arrêté du 25 octobre 2007, laquelle dispense dans une large mesure la clientèle des loueurs de bateaux de posséder le permis ! La limite de la motorisation est, en principe, de 14 cv, en pratique souvent beaucoup plus.

Je récapitule : si vous êtes propriétaire d’un bateau doté d’un moteur de plus de 6 cv, permis obligatoire ! En revanche, si vous louez et même si vous n’y connaissez rien, aucun problème : vous avez le droit de piloter un engin presque deux fois et demi plus puissant.

À la même époque et dans le même pays, ceux qui ne sont pas en bateau mais sur la route, ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir un détecteur ou un avocat se sentent piégés à chaque instant dans un parcours permanent du combattant guettant les panneaux, 80 ? 130 ? 70 ? 30 ? 50 ? 110 ? 90 ? Les radars, les voitures banalisées, chaque trajet devenant une course d’obstacles avec, au final, le texte désormais fameux : "Votre véhicule a été contrôlé par un radar à la vitesse de 84 km/h pour une vitesse limite autorisée de 80 km/h." Sans oublier la validité désormais limitée des nouveaux permis. Connaissant la volonté implacable de nos parlementaires de lutter sans concessions contre toutes les formes de discrimination, je leur suggère de modifier le Code de la route dans le même sens : plus besoin de permis, louez donc plutôt une Porsche ou une Ferrari.

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