Philippe Poutou se sent pousser des ailes. Et nul doute que lorsque voleront les couillons l’attend un beau destin de chef d’escadrille. Pour expliquer son audace soudaine, on rappellera que le héraut du Nouveau parti anticapitaliste n’a pas à rougir de ses résultats du premier tour à l’élection municipale de Bordeaux : ces 11,77 % qui le font talonner de près Thomas Cazenave, candidat de LREM qui se contente de 12,69 % des suffrages.

Mais est-ce une raison pour poster ce tweet, en pleine crise coronavirienne, dans lequel il rend hommage aux « vrais héros », à l’exception d’un pauvre CRS qui, n’ayant rien demandé à personne, se retrouve affublé de ce slogan : « Pas toi ? »

Certes, les forces de l’ordre n’ont jamais eu très bonne presse chez notre peuple de Gaulois réfractaires. C’est sur Mandrin et Cartouche qu’on fait des films. Pas sur les policiers les ayant arrêtés. Idem pour Bonnot, Spaggiari ou Mesrine. D’ailleurs, dès leur plus jeune âge, nos bambins applaudissent au théâtre de marionnettes quand le vilain gendarme se fait rosser d’importance par cette racaille de Guignol. Bref, il s’agit d'une sorte d’autre forme d’exception culturelle française.

Mais Philippe Poutou n’est pas ici dans la sociologie, seulement dans le ressentiment idiot. Sans compter que le timing n’est pas précisément opportun ; un peu comme la CGT qui entend déclencher une grève au mois d’avril prochain, histoire de défendre médecins et infirmières.

Assez logiquement, les syndicats de policiers sont vent debout. « M. Poutou, les policiers, eux, sont au front, pas comme vous dans votre canapé à insulter ceux qui protègent la république ! Honte à vous », nous dit le syndicat Alliance. Même son de cloche chez son homologue SGP Police : « La bêtise reste le seul moyen d’existence des insignifiants. Les policiers n’ont que faire de vos remerciements. Eux s’exposent pour tous, sans rien attendre en retour. Et vous, à quoi servez-vous dans le pays ? »

Même leur ministre de tutelle, Christophe Castaner, qui semble retrouver un semblant de début de forme – fermeture des boîtes de nuit oblige ? –, se mêle de la partie : « Surveillance des pharmacies, protection des interventions des pompiers, lutte contre les violences intrafamiliales, respect des mesures de confinement des Français : malgré votre haine, ils sont là et n’hésiteraient pas une seconde s’ils devaient vous porter secours. »

Devant cette déferlante sur les réseaux asociaux, en forme de « campagne de l’extrême droite », Poutou dixit, il fallait bien que ce dernier réponde. Et force est d’avouer que tout n’est pas nigaud dans son propos : « À l’heure où le gouvernement nous intoxique avec “l’union nationale” histoire de dissimuler son incapacité grave dans la gestion de l’épidémie, le voilà qu’il présente le personnel soignant comme des héros. Ce même personnel qui avait été gazé, frappé, violenté par ce même gouvernement et ses forces de répression. Ce même gouvernement qui avait frappé aussi les pompiers, autres “héros” du moment. Ce même gouvernement qui a justifié les restrictions budgétaires des hôpitaux, qui a comme tous les autres gouvernements finalement fragilisé les services publics aggravant la crise sanitaire. »

Pourtant, notre petit Poutou néglige un fait majeur : les forces de l’ordre ne sont violentes que lorsqu’elles en reçoivent l’ordre. Ça a valu pour la Manif pour tous, les gilets jaunes et les autres. Si véritable responsable il y a, il niche forcément aux plus hauts sommets de l’État.

Seulement voilà, chaque fois qu’un mouvement politique, ce Rassemblement national si honni, par exemple, manquait de le menacer, les toutous à Poutou étaient et sont toujours les premiers à préserver ce même État, au nom d’un « antifascisme » dont Lionel Jospin, pourtant ancien trotskiste lui aussi, affirmait qu’il n’est que « théâtre ».

Encore un petit effort pour être véritablement révolutionnaire, camarade…

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31 mars 2020 à 15:47

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