[PEOPLE] Baudouin de Belgique, bientôt béatifié pour sa liberté de conscience
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La visite de Notre-Dame de Laeken, nécropole des monarques des Belges, était privée. Autour du tombeau du roi Baudouin étaient présents uniquement le pape et la famille royale. Le Saint-Père s’est recueilli de longs instants sur la sépulture du défunt avant de marquer du signe de la croix un portrait du souverain. À l’issue de la grand-messe de Bruxelles qui clôturait le voyage épiscopal en Belgique, rassemblant une foule de près de 50.000 fidèles, le pape a déclaré ouvrir, dès son retour à Rome, le processus de béatification du roi Baudouin. Cette volonté, confirmée en conférence de presse, repose sur l’admiration du pape pour le courage de celui qui avait choisi de « quitter son poste de roi pour ne pas signer une loi meurtrière ». L’épiscopat belge, craignant de réveiller la polémique liée à l’avortement ou à l’euthanasie, était défavorable à cette décision du pape. C’est la raison pour laquelle le souverain pontife la leur a imposée, par cette déclaration publique et solennelle, ne leur laissant d’autre solution que d’y adhérer.
« La liberté de conscience vaut-elle pour tous sauf le roi ? »
Hissé sur le trône de Belgique au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1951, suite à la démission de Léopold III, dont les positions vis-à-vis de l’Allemagne pendant la guerre divisaient profondément ses sujets, Baudouin s’est illustré tout au long de ses 41 années de règne par sa profonde piété. À tel point que la rumeur a circulé, durant les premières années de ses fonctions, qu’il s’apprêtait à rentrer dans les ordres.
Attaché à ses valeurs catholiques, le roi des Belges n’a pas tremblé devant l’opinion publique, majoritairement favorable au projet de loi ayant pour but de dépénaliser l’avortement. Jugeant que l’interruption volontaire de grossesse constituait une « diminution sensible du respect de la vie de ceux qui sont le plus faibles », le souverain a d’abord écrit à son Premier ministre son désaccord, refusant de marquer de son sceau la loi Lallemand-Michielsens. Or, dans la Constitution du royaume de Belgique, aucune loi ne peut se passer de l’accord du roi, en tant que « troisième branche du pouvoir législatif ». Ne pouvant empêcher la promulgation de ce texte sans causer une crise politique majeure dans le pays, le roi a abdiqué pendant 36 heures. « La liberté de conscience vaut-elle pour tous sauf pour le roi ? », s’était-il justifié. La loi a été promulguée le 3 avril 1990 sans que le roi n’y ait pris part.
« Vraiment, cet homme était juste. »
Baudouin et son épouse Fabiola n’ont jamais réussi à avoir d’enfant. Après de nombreuses fausses couches, le couple royal avait donné un sens à cette douleur, comprenant que « n’ayant pas d’enfants à [eux], [leur] cœur était plus libre pour aimer tous les enfants, absolument tous ». En plus d’une foi chrétienne profondément ancrée au sein du couple, cette souffrance partagée ne pouvait que renforcer l’aversion du roi à l’égard de l’avortement.
Il semble que ce refus en conscience du roi de contresigner une loi sociétale devenue quasiment indiscutable n’ait pas entamé la popularité du souverain. Son décès, en 1993, alors qu’il n'était âgé que de 62 ans, a soulevé une immense vague d’émotion, en Belgique. « Vraiment, cet homme était juste », déclarait en chaire le cardinal Danneels. Trente ans plus tard, le pape déclare son désir ardent de le béatifier.
Le pape François, qui n’a jamais caché sa ferme opposition à l’avortement, qu’il qualifie de « meurtre », souhaite que, par la béatification du roi Baudouin, « son exemple de foi éclaire les gouvernants ». Le 28 septembre, date à laquelle il s’est rendu, dans un cadre privé, sur la sépulture du roi « anti-avortement », n'a pas été choisi au hasard. Cette date correspond à la Journée internationale du droit à l’avortement.
19 commentaires
Baudouin s’est beaucoup plus sacrifié que l’ abbé Pierre.
Cette abdication semble surtout démontrer que le pouvoir n’est pas là où l’on pense. Au moins, ce Roi a évité un chaos au sein de son royaume.
Si les personnes hostiles à l’avortement le sont pour des raisons hautement respectables, il ne faut jamais perdre de vue qu’avant la légalisation du droit à l’avortement, nombre de femmes, en particulier des jeunes filles, faisaient appel à des « faiseuses d’anges » (terme horrible), qui mettaient leur vie en danger.
Les papes ne vivent pas dans le monde réel. Leur monde est celui de la prière et des bonnes intentions. Or ce n’est pas du tout celui dans lequel vivent les gens ordinaires (terme nullement péjoratif sous ma plume). Baudouin était un souverain respectable, mais était préservé, de par sa condition, des aléas du monde.
Certes l’avortement est devenu un droit constitutionnel et à ce titre il doit être respecté comme toutes les lois de la République Française. Mais cela n’interdit en aucune façon de critiquer cette loi. S’il etait interdit de critiquer une loi l’avortement n’aurait jamais été autorisé et la peine de mort n’aurait jamais été abolie.
Apparemment il fallait du courage pour écrire cet article !
« La liberté de conscience vaut-elle pour tous sauf pour le roi ? », s’était-il justifié. Aucune justification n’est requise, car « si la bonne foi était bannie de la terre, elle devrait trouver asile dans le cœur des rois. » Jean II le Bon, Roi de France (1350-1364).
Mettre la possible béatification de Baudouin ,indépendamment de ce que l’on puisse en penser ,dans la rubrique « people » me paraît pour le moins déplacé et surtout montre que l’essentiel du sujet vous a échappé.
C’est quoi l’essentiel du sujet?
en effet quel courage… il a tourné la tète pendant 36 heures permettant l adoption de la loi a laquelle il était « farouchement opposé » l exemple mème du « taureau a cornes d escargots »
un pleutre qui a probablment pensé a sa situation personnelle avant ses convictions le démocrate chrétien dans toute sa splendeur.
Bien d’accord avec vous !
L’étape suivante, ce sera la béatification de Ponce Pilate ???
J’adore ce commentaire…
Tout à fait d’accord avec vous. Le Vatican manquerait-il de candidats à la béatification? Jeanne d’Arc et bien d’autres « en avaient » autrement que ce roi.
Jeanne d’Arc était la demi-soeur du roi de France… On arrête avec cet air de pipeau…
Ce qui nous fait rebondir sur l’attitude du pape François à l’égard de la France officielle. Marseille, Bruxelles, le refus de participer à l’inauguration du renouveau de Notre Dame de Paris, le pape Français tourne autour de Paris sans y pénétrer. Il existe très certainement un très fort contentieux entre Macron et notre pape. Un Macron ouvert à tous les débordements possibles concernant la nature de l’Homme et de ses extravagances. Par son crédit et sa foi le pape ne voudrait pas cautionner ces déviances .
Juste
Hé oui, la fameuse abdication était possible, car en Belgique même fédérale, plus encore même, le Roi est LE Roi des belges, pas le roi de la Belgique.
Oui Baudoin et fabiola était très pieux, et très aimés des belges.
Le roi Baudouin a très bien fait d’abdiquer pendant l’institution de cette loi, mais n’était-ce pas son devoir de le faire ? N’est-ce pas notre devoir de ne pas sacrifier nos valeurs les plus importantes (respect de la vie des enfants à naître !) à notre popularité ? Dans une monarchie constitutionnelle, le souverain est un repère moral pour sa Nation. Ce n’est pas un politicien. Il était bien dans son rôle.
Au moins un qui avait eu le courage de ne pas signer une loi dépénalisant l’avortement, c’était sa liberté de conscience.
En France, nous avons inscrit dans la constitution le droit à l’avortement, on peut comprendre que le Pape ne veuille pas venir en France, notre président, à l’époque lors de sa visite au Vatican, avait prétendu le contraire. De plus, il n’y avait pas urgence, d’autant que la loi Veil était bien faite.
Avortement inscrite dans la constitution et ce sont les mêmes qui défendent le droit à la GPA ! Cherchez l’erreur.
Vouloir inscrire l’avortement dans la Constitution révèle à quel point ses partisans savent que c’est une horreur morale. Si cette loi allait de soi (« Tuer un enfant à naître ? Mais ça n’a aucune importance, voyons ! »), il n’y aurait aucune inquiétude pour son maintien dans le futur. Là, ses partisans ont montré à quel point ils méprisent aussi la démocratie : vouloir empêcher le peuple de revenir sur leur décision est un acte de dictature.