Paul-Marie Coûteaux : « Pour réaliser l’union des droites, il faut une incarnation. Nous ne l’avons pas trouvée, en raison de la faiblesse des caractères… »
Paul-Marie Coûteaux revient sur l’initiative qu'il a eue, en novembre dernier : tenter un rapprochement entre Marion Maréchal et Éric Zemmour en vue des prochaines élections européennes, au nom de l'union des droites.
Au micro de Boulevard Voltaire, il regrette la désunion de la droite, en particulier au sein des Amoureux de la France, et dénonce des conflits d’ego qui nuisent à l'aboutissement de ce projet.
Vous auriez suggéré à Marion Maréchal l’idée de faire liste commune avec Éric Zemmour aux européennes. Éric Zemmour aurait décliné et Marion déclaré qu’elle ne pourrait pas y aller, mais qu’elle le soutiendrait. Quelle était l’idée de cette liste commune ?
Cette idée date du mois de novembre. Elle n’a pas duré très longtemps. L’idée était de faire un galop d’essai au nom de l’unité. Je crois qu’il n’y a rien de plus important, aujourd’hui, pour les hommes et les femmes de droite que de se regrouper. La base le veut.
La droite part aux européennes avec cinq ou six listes. Une ou deux auraient bien suffi. C’est absurde ! Cela aurait, d’ailleurs, pu dessiner une majorité. L’unité m’inspire.
Marion Maréchal a une certaine aura. Je savais qu’elle ne serait pas candidate, mais je pensais que si une liste de type national-identitaire se lançait, elle aurait pu se prononcer en sa faveur. Le résultat ferait un pôle de communion. Je connais les uns et les autres. Je suis allé les voir. D’entrée de jeu, personne n’a écarté l’idée. Non pas que Marion ait pensé être candidate, mais la question était de soutenir une liste Zemmour. Ce n’était pas totalement absurde.
On ne peut s’empêcher de se dire que cette dernière a du plomb dans l’aile. On a vu ce que cela a donné entre Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson. Jean-Frédéric Poisson va-t-il faire cavalier seul ? Une réconciliation est-elle encore possible ?
Je veux croire à la réconciliation. Que messieurs Dupont-Aignan et Poisson aient lancé Les Amoureux de la France avec Véronique Besse, Julien Rochedy et Bruno North du CNI me paraissait une bonne chose dans la perspective des européennes. La liste que mène mon ami Nicolas Dupont-Aignan n’a vraiment de force que si c’est une liste d’union. Il avait l’union au bout des doigts. Peut-être qu’un jour j’aurai à dire que d’autres personnes auraient pu faire partie de cette liste. Cela élargirait beaucoup plus les perspectives.
À ma stupéfaction, Nicolas Dupont-Aignan en a jugé autrement au dernier moment. Il y a eu trois jours dramatiques avant l’annonce de sa liste. Il a hésité et, finalement, choisi une liste très DLF, avec ses proches.
Une autre liste était possible, avec notamment Jean-Frédéric Poisson. Au nom des Amoureux de la France, c’était une bonne initiative. Je garde encore l’espoir qu’il sauve cette entente et qu’ils se réconcilient. C’est une question difficile à trancher et, hélas, la date limite approche.
Quel est le principal obstacle à l’union des droites ?
Si j’abandonnais tout rôle après avoir beaucoup agi depuis 2002, je dirais des choses pas très gentilles pour tout le monde. Si je dis des choses méchantes pour tout le monde, je n’aurai plus qu’à rentrer chez moi. C’est ce que je suis, d’ailleurs, en train de faire une fois pour toutes.
Il y a des questions de tempérament. J’ai tenté auprès de Marine Le Pen, de Philippe de Villiers, de Nicolas Dupont-Aignan et de bien d’autres encore. Il faut qu’une personnalité sorte d’elle-même, de son périmètre, et endosse l’ensemble des sensibilités d’une droite qui a quand même quelques points de communion. Je pense, par exemple, à la défense de la civilisation européenne ou française, au respect de nos traditions qui sont foulées au pied de tous les côtés, et qui peuvent réunir aisément la plus grande partie des droites. Cela étant, il faut une incarnation. Cette incarnation, je ne l’ai pas trouvée et j’en implique la responsabilité à la faiblesse des caractères.
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