Passe sanitaire : la grande pagaille dans les transports et à la SNCF

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L'incohérence a sauté aux yeux de tous dès l'allocution d'Emmanuel Macron, lundi soir : passe obligatoire dans les trains, mais pas dans le métro ni le RER ! Nouvelle case à cocher dans votre manuel de survie en Absurdistan.

Mais si l'on commence à fouiller au niveau de la mise en œuvre de ce passe (pas partout) au niveau des trains, votre manuel prend encore de l'épaisseur, comme nous l'apprend Le Monde.

D'abord, la surprise qui fut la vôtre en écoutant Emmanuel Macron devenu notre Super Contrôleur en chef fut aussi « un coup de tonnerre » pour la SNCF, du cheminot jusqu'au PDG. Jupiter a sorti le passe de sa poche sans avoir prévenu la première concernée, la SNCF : « La surprise est d’autant plus grande que, selon nos informations, la SNCF a interprété plusieurs signaux reçus le vendredi précédent, 9 juillet, comme des indices que rien n’allait changer. Il y a d’abord une réunion organisée par le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, qui rassemble des dirigeants d’Air France, d’Aéroports de Paris et Christophe Fanichet, le PDG de SNCF Voyageurs. [...] Or, à aucun moment il n’est question de passe sanitaire dans les trains. Le sujet sera tout de même abordé dans la soirée, ce même vendredi. Les services de l’Etat interrogent la SNCF sur la faisabilité d’une telle mesure. Réponse de l’entreprise : un passe sanitaire obligatoire sera extrêmement difficile à mettre en place ; le gouvernement prend acte de la réponse et les responsables de la compagnie ferroviaire n’entendent plus parler de rien. La conclusion semble alors limpide pour tout le monde dans l’entreprise : l’idée ne sera pas mise en œuvre. » Sans commentaire.

Ensuite, il y a toute la kyrielle d'absurdités résultant de l'application du principe. D'ailleurs, peut-être n'en serions-nous pas là si Emmanuel Macron, au lieu de faire ses gammes chez Rothschild, avait fait un stage ouvrier comme contrôleur de train de banlieue. Ou son service militaire. Parenthèse fermée.

Quels trains soumettre au passe ? TGV et Intercités, mais pas les TER. Car, c'est bien connu, ces trains longues lignes où vous avez une place attribuée sont bien plus contaminants que les TER ! Et dire qu'on nous expliquait, il y a trois mois, qu'un voyage en TGV ne favorisait pas les contaminations... Certains faisaient remarquer qu'un Paris-Lille en TGV serait soumis au passe, mais pas le même trajet en TER. Incohérence sanitaire, inégalité.

Les agents devront-ils être vaccinés ? Encore une obligation qui ne dit pas son nom. Cette nouvelle hypocrisie présidentielle va ravir les cheminots et leurs syndicats... Et on espère bien que, sur ce coup-là, ils vont montrer les dents. Et refuser ces contrôles. Un responsable SUD Rail a déclaré au Monde : « C’est un sketch qui dure depuis lundi. On ne sait toujours pas, quinze jours avant l’application de l’ultimatum présidentiel, comment seront effectués les contrôles. » Et, là encore, les éléments de langage sont assez justes : Emmanuel Macron, le Président des sketchs et des ultimatums.

Mais c'est aussi le Président de l'impréparation et de l'improvisation permanentes. À quelques jours de l'application, on ne sait toujours pas qui fera les contrôles, vraisemblablement les forces de l'ordre avant l'embarquement dans les trains. De quoi ravir et occuper une corporation désœuvrée et enchantée de tout ce qu'Emmanuel Macron lui fait faire depuis des mois.

Quand allons-nous décider d'arrêter de jouer ce mauvais sketch qu'Emmanuel Macron nous impose ?

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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