Panique du ministre de l’Intérieur : M. Fekl ouvre son parapluie

Après l'attentat qui a frappé le métro de Saint-Pétersbourg, notre tout nouveau et furtif ministre de l'Intérieur binational (français et allemand) Matthias Fekl n'a pas résisté à la tentation de faire parler de lui en employant la technique sans doute la mieux enseignée par l'oligarchie de l'ENA : celle de l'ouverture du parapluie, qui est le propre des pleutres qui ne veulent pas assumer leurs erreurs ou qui ne savent pas quoi faire d'autre. Mais quel moustique guyanais l'a donc piqué ? Son communiqué de presse rédigé sans aucune vergogne m'a laissé pantois devant autant de ridicule - j'ose le mot. Je ne sais s'il faut en rire ou en pleurer dans cette période de risque terroriste majeur. C'est le niveau zéro de la politique, la vraie, une preuve d'incompétence et d'exploitation politicienne d'un attentat. Jugez-en.

On peut y lire que "par mesure de précaution, le ministre de l'Intérieur a décidé de redéployer les moyens de sécurité dans les transports en commun en Île-de France". Ah bon ? Il n'y a donc que l'Île-de-France qui compte ? La sécurité dans les transports en commun des autres grandes villes françaises, ça ne compte pas ? Quel jacobinisme ! Et puis on redéploie quels moyens de sécurité ? Ils ne sont pas extensibles à volonté et sont déjà saturés par le rythme qui leur est imposé depuis deux ans. Ou alors il faut admettre que l'on allège un dispositif pour en renforcer un autre, et sur quelle base opérationnelle et d'efficacité ? Et puis, si demain une église orthodoxe de Russie est visée, il faudra donc renforcer la sécurité de toutes les églises d'Île-de-France ; et les autres ? Et puis après-demain, si une gare à Moscou est visée, etc. Tout ceci n'est que de l'affichage et le signe d'un ministre incompétent dans le domaine, inexpérimenté et mal conseillé, qui panique et saute sur tout ce qui bouge. Ça fleure l'amateurisme, mais plus rien ne m'étonne dans la politique de lutte contre le terrorisme de ce quinquennat.

On y lit aussi que "dans le contexte de menace terroriste très élevé, le gouvernement continue de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour protéger les Français". Si le but de ce communiqué de presse était de rassurer les Français, c'est raté. Les failles de notre dispositif sont déjà apparues lors de la commission d'enquête parlementaire ad hoc, mais ici, le fait de prendre ces dispositions inappropriées donne plutôt un sentiment de panique et d'improvisation qui, au contraire, ne peut qu'accentuer le sentiment d'insécurité et le stress de nos compatriotes.

Enfin, et bouquet du feu d'artifice, il est écrit : "Notre vigilance est maximale et la mobilisation des forces de l'ordre est totale." Pour les forces de l'ordre, on le savait déjà, merci pour elles. Pour ce qui est de la vigilance du gouvernement qui se berce encore d'illusions sur sa politique antiterroriste menée depuis cinq ans, on repassera.

En réalité, Matthias Fekl, en vrai politicien comme on les exècre, n'oublie pas que l'on est en période électorale et qu'il faut exploiter cet attentat en enfonçant le clou et en magnifiant la politique menée. Non, je le redis, je persiste et je signe : tout n'est pas fait pour réduire au minimum le risque d'attentat, même si le risque zéro n'existe pas. Des marges de manœuvre cachées aux Français existent encore et n'ont pas été exploitées. La guerre intérieure contre le terrorisme islamiste n'a pas encore été engagée à la hauteur du danger qu'il représente. Tout ceci ne grandit pas notre gouvernement à l'agonie, ni la politique en général, et ne peut qu'éloigner encore un peu plus nos concitoyens de la chose publique.

Philippe Franceschi
Philippe Franceschi
Consultant en sécurité

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