Nicolas Tardy-Joubert : « Souvenez-vous de François Fillon qui, dans les minutes qui ont suivi l’annonce des résultats, appelait à voter pour Macron… »
Réaction de Nicolas Tardy-Joubert, conseiller régional en Île-de-France, à l'accord Castex-Muselier en PACA. Il évoque aussi la situation de LR dans son département (78) et pour les régionales en Île-de-France.
Comment réagissez-vous à la déclaration de Jean Castex annonçant le retrait de la liste LREM et un accord avec Renaud Muselier qui le demandait ?
LREM est usée après quatre ans de pouvoir macronien et cherche, malgré tout, les moyens de s’implanter localement. Seuls, ils ne peuvent gagner. Ils joueraient les supplétifs dans les conseils régionaux après des triangulaires ou quadrangulaires.
Ce qui intéresse Renaud Muselier initialement investi par LR en PACA, c’est de conserver le pouvoir en acceptant toutes les compromissions possibles. Les électeurs qui croiraient, en votant pour lui, voter à droite seraient évidemment lourdement trompés. Seul, il sait qu’il ne peut gagner car, de renoncements en trahisons, il a progressivement perdu une grande part de sa base électorale droitière en PACA. Comme beaucoup de LR sans consistance, il est prêt à coopérer honteusement avec LREM. Mais pour quoi faire ? La politique voulue par Macron ? On sait quels désastres elle amène sur le plan national.
Quelles conséquences, à votre avis, au niveau national pour LR ?
Le communiqué des Républicains indique que, pour pouvoir bénéficier de l’investiture du parti, il ne peut y avoir aucun accord de premier tour avec LREM. Cela permet de sortir Renaud Muselier du dispositif, sauf s’il se rétracte, et tout est possible à ce niveau-là. Par contre, rien n’est dit sur les accords de second tour, avec des fusions de listes LR-LREM qui seraient exclues. Cela est très insuffisant. Souvenez-vous de François Fillon qui, dans les minutes qui ont suivi l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, appelait à voter pour Macron. C’était le début de l’implosion du parti. Qui peut être dupe sur la tentation de très nombreux LR de recommencer ce coup-là ? Les Républicains ont perdu leur force en abandonnant une ligne politique bien identifiée. Prenons les sujets sociétaux : cela tire à hue et à dia entre les élus. Il y a, bien sûr, des élus de grande qualité qui sont fidèles à leurs convictions, et puis il y a ceux qui sont prêts à toutes les contorsions avec LREM. L’étiquette LR n’est plus la garantie de représenter des convictions de droite, donc des conservateurs. Une autocritique et la refondation de leur logique d’alliances doivent être faites pour rester crédibles.
Et dans votre département (78), quelle est la situation entre LR et LREM ?
Côté LR 78, la confusion mentale est à son paroxysme. Je prends un exemple dans ma ville du Chesnay-Rocquencourt. Pour les dernières municipales, le maire sortant avait l’investiture des LR et autres mouvements alliés. Il a perdu. Aujourd’hui, son opposant MoDem/LREM, nouvellement élu, vient d’obtenir l’investiture LR pour les élections départementales. L’approche est loin d’être isolée. Comment faire mieux pour perdre les électeurs dans le département de Gérard Larcher, dans cette confusion générale ?
Pour les régionales, en Île-de-France, la présidente de région semble plus intéressée de faire la courte échelle à des élus LREM compatibles qui sont en nombre autour d’elle qu'intégrer des élus conservateurs. Comme me l’avait dit un de ses vice-présidents dans une réunion de groupe Libres, Républicains et Indépendants, fin 2020, « être progressiste n’est pas un gros mot ». La stratégie est-elle de préparer une fusion avec LREM au deuxième tour, en cas de difficulté, ce que les élus conservateurs refuseraient dans tous les cas ? Nous aurons la réponse dans quelques semaines…
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