Pour Boulevard Voltaire, Nicolas Dhuicq commente l'actualité : la rencontre Salvini-Orbán et la crise migratoire en Europe.

En second lieu, il analyse les dérives d'un féminisme exacerbé autour de l'agression de Marie Laguerre.

Salvini et Orban se sont rencontrés. Le Premier ministre hongrois a qualifié Salvini de héros. Il semblerait qu’une espèce de duel est en train de s’organiser avec Salvini et Orban d’un côté et Macron de l’autre côté.
Le rapprochement entre l’Italie et la Hongrie était-il évident ?

Je trouve qu’il est assez logique. Pour comprendre l’Italie, il faut se souvenir que l’Union européenne des beaux esprits a abandonné les Italiens qui ont la distance la plus faible avec les rives nord du continent africain. Pendant longtemps, l’Europe a abandonné l’Italie, d’où la réaction italienne qui est à mon sens assez salutaire. Beaucoup des beaux esprits qui critiquent l’Italie ne prendraient pas chez eux des réfugiés. Nous avons une espèce de bourgeoisie qui se pense détentrice de la vérité et qui se permet d’émettre des jugements de valeur en permanence. C’est assez insupportable.
La morale de tout cela est que la solution pérenne serait une solution du développement du continent africain. J’ai très peur de l’explosion d’Algérie à la mort de Bouteflika. Je ne sais pas combien de temps le royaume marocain va résister aux islamistes. Si le continent africain continue son évolution démographique, il faudra absolument fixer les populations.
Il s’agit-là du long terme, mais malheureusement le long terme est peu compatible avec l’électoralisme. Mais il faudra absolument qu’on puisse aborder ce sujet.
Pour le reste, je trouve que la politique de Salvini est assez courageuse. Il se trouve assez seul jusqu’à présent parmi les dirigeants qui sont plutôt dans cette bourgeoisie éclairée qui vit dans un monde qui n’existe plus aujourd’hui.
Pour le reste, il n’y a pas de duel avec Emmanuel Macron puisqu’il pèse de moins en moins au niveau international. Il n’y a pas de politique étrangère française à l’heure actuelle. La question de fond pour l’Italie sera la même à laquelle était confronté Mattéo Renzi, c’est-à-dire la question du poids des banques américaines, le poids du dollar et du poids des emprunts qu’ils doivent faire sur les fameux marchés financiers totalement contrôlés par les Américains. D’où la guerre monétaire qui se joue et qui à mon avis va être encore plus importante dans l’élection européenne à venir que les questions d’immigration.

Ce matin, nous avons pu entendre sur les plateaux télé et radio Marie Laguerre, cette jeune étudiante dont l’agression devant un bar par un déséquilibré avait ému l’opinion.
On a l’impression qu’il y a un décalage entre la réalité et son interprétation.
Qu’avez-vous pensé de son intervention ?

Je pense qu’il y a plusieurs niveaux de lecture sur cette affaire.
Le premier niveau de lecture que je fais à titre personnel est le suivant. Autant cette jeune femme a eu raison de ne pas tolérer ce à quoi elle avait été confrontée, autant je trouve très curieux que les journalistes et elle-même continuent à foncer alors qu’il est évident que nous avons affaire à un probable patient qui a été hospitalisé à plusieurs reprises. Je ne le connais pas, mais je subodore que c’est un patient psychotique dont on sait qu’il a déjà commis des agressions, d’hommes ou de femmes, avec des propos peu cohérents. C’est très étonnant tout d’un coup que les explications psychologisantes auxquelles nous sommes habitués ne soient pas employées dans ce cas-là. C’est sans doute parce que le camp du bien a décidé que cette jeune femme en faisait partie et que donc, quelle que soit ce qu’elle dit, c’est parole d’or.
Le deuxième niveau est que nous avons deux types de féminisme. Le premier est tout à fait recevable. Il défend une égalité de droit entre hommes et femmes et en particulier il y a de gros efforts à faire dans l’égalité salariale. À diplôme et travail égal, les salaires doivent être égaux. Ce n’est pas le cas encore aujourd’hui. Il y a par ailleurs le féminisme fou qui est en fait la haine de l’homme. Celui-là veut aller jusqu’à la non-différenciation d’origine, de convictions, de sexe, de genre, etc.
Troisième niveau de lecture, je pense que cette jeune fille, même si elle a raison au début, est un peu un idiot utile, pour parler marxiste, de cette vision néolibérale de la société qui ne veut que des consommateurs indifférenciés et qui ne veut absolument pas parler de ce qui est aspérité, réel, insécurité réelle, changement de population et confrontation de cultures.

On a fait au final d’un fait isolé impliquant visiblement un véritable déséquilibré un procès des « hommes ».

Oui, c’est l’autre niveau. Il faut arriver à trouver le bon équilibre entre ce qui pourrait relever d’un rapport courtois entre les sexes et ce qui relève de comportements pathologiques et, plus grave, de ce qui relève de comportements agressifs et injurieux pour les femmes. À force d’insister sur la dernière partie, je crains qu’on ne soit en train de détruire les relations entre les hommes et les femmes. Je pense en particulier à la possibilité des jeux de séduction qui sont à mon sens essentiels et qui font partie de la civilisation.
C’est tout à fait regrettable. C’est une américanisation de la société de plus que je regrette.

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30 août 2018 à 16:08

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