Nadine Morano au RN pour les européennes ? L’intéressée dément !

MORANO

Pour certains élus du RN, le ralliement de Nadine Morano au Rassemblement national en vue des élections européennes est une possibilité. « Elle discute beaucoup avec Jordan Bardella et Thierry Mariani », affirme un élu du Parlement européen. Pourtant, la principale intéressée dément haut et fort. Ce sont des rumeurs. L’eurodéputé LR a eu l’occasion de le rappeler, ce mardi matin, sur Europe 1, face à Sonia Mabrouk, en affirmant qu’elle ne quitterait « jamais LR ».

Nadine Morano « se montre avec qui elle veut »

« Je me montre avec qui je veux, c’est pas la guerre, une campagne électorale ! » : dans l’embrasure de la loge d’Éric Zemmour au Grand Débat des Valeurs du mois d’avril 2022, Nadine Morano est hilare et plaisante, entourée de Guillaume Peltier, Isabelle Muller, Sarah Knafo et Éric Zemmour. Tout l’entourage de celui qui fera 7 % à l’élection présidentielle ne manque pas de prévenance et d’affabilité pour l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, eurodéputée LR depuis 2014. « Tu es courageuse », glisse Guillaume Peltier, son ancien camarade sarkozyste. Et pour cause : elle faisait partie des cibles prioritaires des troupes d’Éric Zemmour dans leur volonté de rallier un maximum de personnalités du RN et de LR pour concrétiser l’union des droites, axe justifiant la candidature de l’ancien journaliste du Figaro.

La Nadine Morano qu’on voit tout sourire dans la loge a l’assurance de celle qui a fait son choix. Celui de la fidélité à son camp. « On pensait vraiment qu’elle allait venir », soupire un soutien du Z. Il faut dire qu’aux débuts de l’aventure zemmourienne, Nadine Morano posait aux journalistes davantage de questions qu’elle ne donnait de réponse. Preuve qu’elle devait s’interroger sur les chances réelles d’Éric Zemmour de parvenir à créer la surprise. Sans que jamais de réelles preuves d’un hypothétique ralliement n'aient été constituées.

Toutefois, les rumeurs ne viennent pas de nulle part. Si Nadine Morano n’a jamais fait mystère de sa proverbiale liberté de ton et d’opinion, elle traduit en tout cas des doutes sur la solidité de sa famille politique à un an des élections européennes.

Nadine Morano s’active

Revenons à ce Grand Débat des Valeurs de 2022, pendant l’échange avec Zemmour au sujet des points de convergence sur l’immigration voire la remigration proposée par le candidat. À un moment, elle hausse le cou et lance « Éteignez la caméra ! Je vais voter Pécresse. » Un cri de loyauté qui sonne juste. Il est vrai que Nadine Morano n’a jamais cédé aux sirènes d’un départ, la femme de droite reste fidèle coûte que coûte à sa famille politique. Néanmoins, on aurait sans doute tort d’interpréter ces rapprochements assumés avec Jordan Bardella ou Éric Zemmour comme des signaux envoyés au RN ou à Reconquête! Ces signaux sont d’abord envoyés à sa propre famille politique, comme pour ne pas oublier qu’elle est celle de la droite et qu’elle a trop été celle du centre. Un moyen, aussi, de peser dans la constitution de la nouvelle liste LR aux européennes qui, au vu des sondages, voit le prix de la place grimper en flèche, tant les éligibles sont peu nombreux.

Les LR plus que jamais en péril

À droite, le jeu politique a en effet été modifié. Si l’aventure zemmourienne a tourné court et rassuré dans leur choix les quelques élus RN un temps tentés par l’aventure, chez les LR, le score de Valérie Pécresse n’a pas du tout tranquillisé les troupes. Après la déroute des législatives et l’impossibilité, pour LR, de dégager une ligne entre ceux tentés par la Macronie eurolâtre et les authentiques opposants plus eurosceptiques, on peine à imaginer quel scénario pourrait éviter à LR une nouvelle défaite. « Ils sont en plein doute », juge un collaborateur européen, qui confirme « les nombreux échanges entre certains eurodéputés LR et Jordan Bardella ». Autre symbole de la chute à venir, la tentative d’exfiltration d’Agnès Evren vers les sénatoriales. L’ancienne numéro deux de la liste conduite par François-Xavier Bellamy en 2019 a lancé un signal assez lisible.

À l’instar de François-Xavier Bellamy soufflant à un collaborateur RN qu’en cas de second tour entre Macron et Le Pen, « il n’hésiterait pas une seconde » à voter pour la candidate, Nadine Morano n’a jamais fait mystère de sa franche opposition à Emmanuel Macron.

L’interrogation de fond du RN

L’interrogation autour de Nadine Morano en soulève d’autres. Les sondages ont beau le porter aux nues, le Rassemblement national est trop expérimenté pour pavoiser. D’autant que le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen a encore du chemin à faire.

« Les tentés par le RN redoutent plus le centralisme de la direction qu’une éventuelle diabolisation. » En une phrase, ce fin connaisseur de la droite européenne a résumé les doutes qui pourraient assaillir les éventuels tentés par un quelconque ralliement à la machine RN. Au fond, le mode de fonctionnement du parti fait davantage peur que l’image. Preuve d’une dédiabolisation parfaitement orchestrée, mais au prix d’une verticalité absolue. L’autre question qui émerge dans l’entourage du jeune président du RN réside dans le jeu des alliances, et surtout : quelle liste pour quel groupe ? Faut-il mettre dans la liste quelques profils plus conservateurs pour consommer les derniers espoirs de Reconquête ou faut-il s’en tenir à une stricte ligne populaire sans autre inflexion ? Les spéculations autour de Nadine Morano sont intéressantes. Si l’arrivée de cadres LR au RN est devenue un sujet récurrent (Jean-Paul Garraud et Thierry Mariani en sont la preuve), la droite française aborde le premier virage de cette élection européenne avec prudence. Avec, en toile de fond, l’impression que les bookmakers ont déjà fait les paris sur des équipes pas encore constituées.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Ça prouve simplement qu’on peut se dire LR tout en ayant des idées de Droite . C’est une bonne nouvelle mais n’est-ce pas une exception ?

  2. Malgré certaines déclarations de bons sens , Morano reste bien au chaud dans LR ,n’allons pas trop loin tout de même,juste de quoi s’assurer une réélection !

  3. Toute cette belle et bonne énergie perdue pour un parti de baltringue qui n’est même plus l’ombre de lui-même. A moins, peut-être que Nadine en devienne le leader.
    Mais au sein de son parti, elle gêne, elle est le mouton noir et aucun des membres ne soutient vraiment ses déclarations. À tel point qu’elle est un électron libre. Quel dommage !
    Sa place aux côtés de Marine ou de Zemmour serait beaucoup plus logique…mais il faudrait peut-être qu’elle y laisse un peu de son égo, non ?

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