Mort de Luc Montagnier, prix Nobel de médecine et vaccino-sceptique : grande discrétion dans les médias !

luc montagnier

Bien sûr, Boulevard Voltaire n’a pas vocation à dire qui, des médecins et des chercheurs, est dans le faux ou le vrai. Surtout que même en ces sciences données pour exactes, l’exactitude n’est pas toujours au rendez-vous : les plus grands mandarins se faisant querelle et s’excommuniant les uns les autres. Bref, ne soyons pas plus royalistes que le roi Trissotin.

Il n’empêche que la disparition du professeur Luc Montagnier, âgé de 89 ans, ce 8 février 2022, aurait dû, en bonne logique, susciter un peu plus d’émoi médiatique, ne serait-ce qu’à en juger de son parcours : découvreur du LAV (Lymphadenopathy Associated Virus), « virus et agent causal du SIDA », découverte qui lui vaut le prix Nobel de médecine en 2008. Et pourtant, silence radio jusqu'à ce 10 février, hormis un articulet sur le site de France Soir, mercredi soir, et quelques oraisons funèbres sur des blogs tous plus confidentiels les uns que les autres. Comme si l’homme, dérangeant déjà de son vivant, gênait plus encore post-mortem…

Sans grande surprise, l’un de ses confrères, lui aussi plus que capé en matière médicale, le professeur Didier Raoult, est l’un des seuls à saluer la mémoire du défunt : « Luc Montagnier est décédé. On perd un homme dont l’originalité, l’indépendance et les découvertes sur l’ARN ont permis la création du laboratoire qui a isolé et identifié le virus du SIDA. » Il est vrai qu’en ce domaine, les deux hommes avaient parfois des visions allant à l’encontre de celles de leurs estimés confrères. Pour l’un, soigner le Covid avec de la chloroquine, et traitement à base de papayes fermentées proposé au pape Jean-Paul II, pour l’autre. Théories novatrices certes, contestées il va de soi : mais n’est-ce pas aussi le cas de tout traitement médical, un jour tenu pour hérétique avant de devenir le lendemain la norme ?

Après tout, l’herbe du docteur Nicot – c’est-à-dire le tabac – n’était-elle pas jadis prescrite pour soigner les maux de bronches ? Erreur un jour et vérité le lendemain, quand ce n’est pas le contraire : un brin d’humilité ne saurait nuire à la santé mentale, comme publique…

En revanche, et il faut peut-être chercher là l’une des raisons de ce blocus médiatique quant à la mort de Luc Montagnier, il était fermement opposé à la politique du tout vaccinal. Une fois de plus, l’auteur de ces lignes n’est pas plus médecin que danseuse étoile, mais l’avis d’un tel homme ne méritait-il donc point d’être écouté, ne serait-ce que d’une oreille distraite ?

En fait, voilà qui rappelle un peu un autre de nos prix Nobel, l’économiste Maurice Allais qui, farouche opposant à la mondialisation économique, déplorait en fin de carrière être victime de la même omerta journalistique. Il est vrai que lui aussi avait attaqué un tabou aussi pesant que l’hygiénisme ambiant, affirmant, dans son passionnant essai, La mondialisation : destruction des emplois et de la croissance : « Ce livre est dédié aux innombrables victimes dans le monde entier de l’idéologie libre-échangiste, idéologie aussi funeste qu’erronée… » Opposant farouche du traité de Maastricht en 1992, tout comme au projet de Constitution européenne de 2005, Maurice Allais était lui aussi un homme libre, tel qu’en témoigne cette philippique : « La mondialisation ne peut qu’apporter partout instabilité, chômage, injustices. […] La mondialisation généralisée n’est ni inévitable, ni nécessaire, ni souhaitable. […] Le chômage est dû à la délocalisation, elle-même due aux différences salariales excessives, le protectionnisme raisonné entre pays aux revenus très différents est non seulement justifié mais absolument nécessaire. »

De Luc Montagnier en Maurice Allais, il est à croire qu’on ne soit jamais vraiment prophète en son pays, même si, loin des arguties des tribunaux du moment, seule la postérité sera à même de juger.

Le professeur Luc Montagnier était grand officier de la Légion d'honneur depuis 2008. À ce titre, il a droit aux honneurs funèbres militaires pour ses funérailles. À suivre...

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

47 commentaires

  1. Il avait osé bousculer la doxa officielle du pangolin échoué dans une boucherie du marché de Wuhan … La proximité du P4 chinois dédié aux coronavirus aurait dû mettre la puce à l’oreille des milieux autorisés, mais il est un des seuls à avoir eu le courage de dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas, et, qui plus est, d’etayer sa thèse avec des arguments scientifiques. Respect. Un homme et un vrai qui s’en va.

  2. Ces médias n’ont qu’un regret, qu’il ne se soit pas éteint avant de dire certaines vérités. Sincères condoléances à la famille de ce grand homme.

  3. Ce grand chercheur, ce grand bienfaiteur de l’Humanité par ses découvertes, qui était au dessus de toutes les côteries, de toutes les chapelles, avait dit ce qu’il pensait de la gestion macronarde de l’épidémie covidienne. Ça a déplu au petit monde de médiocres, aux petits laquais du Big Pharma, aux petits pitres et pantins du Conseil de défense et aux petits histrions médiatiques bien-pensants. Alors, on passe sa disparition sous silence. Minables…. Lui, était un grand personnage.

  4. Ce silence général officiel s’explique peut être par le fait qu »il avait osé déclarer que le virus du Covid après analyses des « séquences » qu’il y avait faite, était le résultat d’une incontestable manipulation de laboratoire ….(?)

  5. Il y avait d’autres sujets bien plus importants sur lesquels pleurer. Les 600 millions d’€ de dettes de Madame Tapi par exemple…

  6. La France a une attitude bizarre envers ses prix Nobel. Le plus bel exemple est Alexis Carrel devenu prix Nobel Américain pour avoir dû s’expatrier avant la guerre de 14. Il avait osé aller à contre-courant de ses professeurs mandarins sur la suturassion des artères. D’ailleurs il a récidivé en étant témoin d’un miracle de Lourdes, ce qui l’a converti.

    • Et Maurice Allais, qui se souvient encore de lui, pourtant prix Nobel d’économie, on préfère ce nul d’Alain Minc.

  7. Prix Nobel de médecine, immense scientifique, homme de grande humilité, une vie dédiée à la recherche pour l’humanité.

    Et un peuple débilitant dominé par des autocrates mégalomanes le méprise et le fait passer pour charlatan.

    Et Johnny Hallyday était une star… comme BHL un philosophe et Hannouna un journaliste. Le retour à l’âge de glace nous ferait peut-être du bien, finalement.

  8. La France dans son ensemble devrait s’enorgueillir d’abriter un tel personnage et lui rendre les honneurs qu’ils méritent, hélas cet éminent professeur ne rentrait pas dans le moule de l’idéologie dominante et ses prises de position face à la crise sanitaire l’ont relégué à l’arrière plan – Nous ne le remercierons jamais assez de ses travaux et lui devons le plus grand respect. Une sommité nous a quittés.

  9. La République, et surtout ceux qui se l’approprie, n’aiment pas les voix discordantes de ceux qui argumentent.
    Et puis la médiocratie, que peut-elle comprendre d’un prix Nobel.

  10. Jeune chef de service dans les années 1970, j’ai eu à connaître Luc Montagnier, un grand bonhomme, d’une intelligence aigüe, bien entouré (a t il découvert le Virus ou est ce une de ses collaboratrice? qui sait?) toujours est il que le jeune chirurgien que j’étais fut fort impressionné par cette rencontre. Non spécialiste en virologie, je trouve que ce qu’il disait en effet aurait mérité l’écoute.

  11. Un décès passé sous silence par les media , c’est lamentable.
    Un chercheur émérite, un inventeur au sens de découvreur, un travailleur infatigable. Un homme d’une très grande valeur, comme il n’y en a que quelques uns par siècle.
    La médiocrité a toujours eu horreur de reconnaître les hommes de bien.

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