Missile géant dans les rues de Pyongyang : pour Kim, on peut toujours négocier… mais qu’avec Trump !
Le 4 juillet 2017, jour de l’Indépendance des États-Unis, la Corée du Nord annonçait avoir procédé à son premier tir de missile balistique intercontinental (ICBM). Cet essai d’un Hwasong-14, supervisé par Kim Jong-un, s’est avéré concluant ; les stratèges de Washington reconnaissant que le test répondait à « tous les critères technologiques » en la matière. C’est un « cadeau » aux « salauds d’Américains », s’esclaffait, heureux, l’enfant gâté du communisme rayonnant, tout en dénonçant leur politique hostile.
Cet affront supplémentaire au désordre du monde passait mal. Les États-Unis demandaient d’urgence une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU ; leurs supplétifs de l’Union européenne dénonçaient aussitôt « une violation flagrante de nombreuses résolutions […] des Nations unies » et envisageaient de nouvelles sanctions. Ne pouvait-on penser qu’après de telles menaces de l’Union européenne, le jeune chef adipeux du Parti du travail de Corée en viendrait à regretter ses frasques déplacées ?
Détrompez-vous ! Trois ans plus tard, Kim Jong-un revient narguer la planète : le samedi 10 octobre, pour célébrer les 75 ans de la fondation du parti, la télévision d’État KCTV a diffusé – en différé – un défilé militaire géant survenu quelques heures plus tôt associant, dans les rues de Pyongyang, soldats formés en carrés et au pas cadencé, blindés vrombissants, armes lourdes et - clou du spectacle - missile balistique géant, tracté par un véhicule à onze essieux. Le tout devant une foule émue, démasquée, versant des larmes et agitant le drapeau rouge avec une ferveur joliment conditionnée. Magnifique !
Le facétieux Kim a reconnu, dans son discours, avoir failli à ses promesses d’un renouveau économique. Cette timide autocritique d’école, attribuant tout de même la faillite aux sanctions internationales et à l’impasse des négociations avec Donald Trump, n’est-elle pas, de fait, un nouvel appel à négociations ? La réponse feutrée du département d’État américain, jugeant « décevant » que la Corée du Nord fasse « passer son programme nucléaire et balistique, pourtant interdit, avant un meilleur avenir pour le peuple », démontre que le « deal » reste ouvert avec, en perspective, l’ouverture de la soupape économique.
Après l’essai balistique de 2017, Kim Jong-un clamait que la confrontation entre Pyongyang et Washington entrait dans sa « phase finale ». Aujourd’hui, il envoie le message inverse. Costumé, cravaté de gris, il ne se veut pas que chef de guerre, assurant vouloir seulement renforcer son armée « à des fins d’autodéfense et de dissuasion » ; souhaitant aussi « une bonne santé à tous les gens à travers le monde qui combattent les maux » du Covid-19, dont son pays serait épargné ! Posture empathique étudiée, dans la continuité des mots choisis de « consolation », de rétablissement et de « salutations chaleureuses » qu’il envoyait, voici une semaine, à Donald Trump et à son épouse.
Cet homme, instruit, comme Lénine, dans la sérénité suisse, qui, selon Bob Woodward citant Trump, aurait fait tuer son oncle et fait placer son corps à même les marches d’un bâtiment officiel, tête tranchée sur la poitrine, aurait-il trouvé dans le président américain son meilleur confident-partenaire pour une ouverture possible de son pays ?
Dans ces conditions, il n’est pas sûr qu’une arrivée à la Maison-Blanche du vieux « Joe le tonton pervers » après le 3 novembre soit propice à la paix. Une lourde responsabilité pour l’électeur américain !
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