À l'occasion d'une nouvelle mobilisation des gilets jaunes (acte XII), Michel Thooris,
secrétaire général du syndicat France Police, évoque l'épuisement des forces de police.

Au micro de Boulevard Voltaire, il réagit également à la polémique autour de l'usage controversé du LBD 40 lors des situations de maintien de l'ordre.

Aujourd'hui, l’acte XII des gilets jaunes. Depuis plusieurs semaines, on parle de la surmobilisation des forces de l’ordre et de leur fatigue. Comment appréhendez-vous cet acte XII ?

C’est un acte de plus dans cette longue série dont on ne voit pas la fin. Mes collègues sont épuisés. C’est peu de le dire. N’oublions pas qu’à côté du maintien de l’ordre des week-ends, on doit gérer l’ensemble des dossiers liés à la criminalité de droit commun qui, elle, continue à sévir sur le territoires français.

On est vraiment dans une situation où les collègues ne peuvent plus poser de congés depuis des semaines et des semaines. Ils sont rappelés en permanence. Nous sommes dans une situation de tension extrême.

Un projet de loi anti-casseurs a été débattu, cette semaine, à l’Assemblée nationale. Avez-vous suivi les évolutions de ce débat et qu’en pensez-vous ?

On est totalement opposé à cette loi anti-casseurs. L’arsenal juridique actuel, à la fois du Code pénal et du Code de procédure pénale, donne aux policiers et à la puissance publique en général tous les moyens de maintenir l’ordre et de garantir la sécurité de nos concitoyens.
Dans cette loi, on y voit un texte très attentatoire aux libertés, et notamment à celle de manifester. Ce texte vise véritablement à réprimer les oppositions sur le plan politique. Il n’apportera rien à nos concitoyens en matière de sécurité.

Il y a également eu un long débat sur l’opportunité ou non d’utiliser les lanceurs de balle de défense. Ce qu’on appelle communément les Flash-Ball®. Êtes-vous favorable au maintien de l’utilisation de ces armes ?

Le LBD 40 mm est pour nous une arme de force intermédiaire très utile et totalement nécessaire.
C’est l’usage qui en est fait dans les manifestations de gilets jaunes qui pose problème. Cet usage n’est pas à l’initiative des fonctionnaires de police puisque nous sommes dans le cadre d’un maintien de l’ordre. L’usage des LBD est ordonné et fait sous le contrôle de l’autorité administrative.
Ce n’est donc pas à nous, syndicat de police, de dire s’il y a eu un usage disproportionné ou non. La Justice devra décider, au cas par cas, si l’ordre donné à nos collègues d’utiliser le LBD était un ordre légitime et s’il répondait à un usage proportionné de cette arme de force intermédiaire.

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02 février 2019 à 7:52

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