Même les chevaux ont de la tenue !

garde républicaine

Lorsque nos militaires défilent sur les Champs-Élysées, on a l’impression que tout se fait naturellement : alignements impeccables des colonnes, des rangs, des bras. Même les fourreaux des sabres et les baïonnettes sont alignés ! Les véhicules sont rutilants. Les uniformes sont repassés, les cuivres astiqués, les brodequins cirés. Derrière tout cela, c’est évidemment des heures d’entraînement mais aussi de préparation matérielle.

Par respect pour le régiment auquel on appartient, pour les Français qui vont assister au défilé sur les Champs ou devant leur téléviseur, pour les plus hautes autorités de l’État, pour soi-même aussi, on va brosser, cirer, astiquer, repasser. Bref, tout chiader dans le moindre détail car la préparation de la cérémonie fait partie du cérémonial. Les chevaux aussi seront à la hauteur en montrant leur plus belle robe, ce jour-là. Car on ne va pas au défilé comme à une soirée pyjama !

Il y a un temps pour tout mais il y a aussi une tenue pour tout, même si les choses se sont bien assouplies depuis des décennies. La pente est longue, mais décidément inéluctable, entre le défilé du 14 juillet 1973, le dernier où chef de l’État et membres masculins du gouvernement assistèrent à la cérémonie en jaquette, et le défilé 2019 où une secrétaire d'État se permit d’assister en tribune d’honneur dans la tenue que l’on sait. En 1974, Giscard, qui voulait faire moderne mais voussoyait sa femme, laissa la jaquette au vestiaire. Le début de la fin ? Pas seulement au plan vestimentaire, peut-être…

On a bien compris que dans « l’affaire Morano-Ndiaye », il fallait faire diversion : à l’évidence, la tenue du porte-parole du gouvernement, qui semble pouvoir tout se permettre, était incongrue mais il fallait faire de la dénonciation de cette incongruité un crime raciste. Pourtant, Nadine Morano ne faisait que répéter ce qu’elle disait déjà en 2012 lorsque Cécile Duflot s’était rendue au Conseil des ministres en jean : « Je trouve que quand on représente les Français, il faut faire la différence entre la dilettante du week-end et la tenue du Conseil des ministres. » » Mais Mme Morano est une plébéienne, contrairement à Mme Ndiaye qui est « bien née » : s’endimancher, c’est plouc !

Nos soldats, marins et aviateurs se présentent en tenue impeccable par respect pour ce qu’ils représentent, par respect pour leurs compatriotes, disions-nous. Les Français ne sont-ils pas alors en droit d’exiger de leurs ministres la même chose ? Car lorsqu’on est soldat, maire, préfet, ministre, on ne s’appartient pas vraiment. On ne dit pas « mon régiment » mais « le régiment auquel j’appartiens ». On est investi dans une fonction, on ne l’investit pas. Et le verbe « investir », rappelons-le, a la même racine que le mot « vêtement ». Que diraient des jeunes mariés si un maire officiait en bermuda parce que cela lui fait plaisir ou qu’il fait chaud ?

Tout ça passe, à l’évidence, bien au-dessous du nouveau monde disruptif qui a investi notre République, donne des leçons de vivre ensemble au bon peuple et méprise souverainement le savoir-vivre. Un nouveau monde qui aime bien quand même qu’on lui ouvre la portière de sa voiture de fonction et apprécie en tribune d'honneur la tenue impeccable de nos soldats, marins et aviateurs.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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