Me Régis de Castelnau sur le procès de Marine Le Pen et Gilbert Collard : « Cette affaire est une manipulation politique et rien d’autre ! »

Régis de Castelnau

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, et le député européen Gilbert Collard étaient jugés, le 10 février, pour la publication, sur les réseaux sociaux, de photos de victimes de Daech, dont un otage décapité. Des peines d'amende ont été requises.

Explications de Maître Régis de Castelnau, qui dénonce ceux qui veulent juste « faire un carton médiatico-judiciaire contre Marine Le Pen et Gilbert Collard ».

 

 

Hier, Marine Le Pen et Gilbert Collard sont passés au tribunal. En Effet, ils devaient répondre des photos qu’ils avaient publiées montrant les exactions de l’État islamique. Ils les ont retirés quelque temps après la mise en ligne, mais cela n’a pas suffi puisque la justice s’en est mêlée. Que pensez-vous de cette décision judiciaire ?

 

C’est une manipulation politique et rien d’autre. Je suis atterré que des magistrats acceptent de jouer à ce petit jeu. Bourdin avait comparé le RN à Daesh. Coup de sang de Gilbert Collard et de Marine Le Pen qui ont publié des photos des violences de Daesh. Il s’est quand même trouvé un parquet, un juge d’instruction qui a été saisi pour poursuivre Marine le Pen et Gilbert Collard en utilisant une législation destinée à la protection de l’enfance. C’est-à-dire mettre sous les yeux des enfants, des images qui seraient de nature à les choquer. Ce qui est tout à fait normal. On a donc détourné un texte qui n’avait rien à voir avec ce qu’avaient fait Marine Le Pen et Gilbert Collard pour lancer une opération politique. Il faut quand même se rappeler que le juge d’instruction a demandé deux fois la mainlevée de l’immunité parlementaire de Collard. L’Assemblée nationale, avec une majorité socialiste, avait refusé à l’époque. Ils leur restait un minimum d’honneur.

En revanche, le parlement européen -puisque Marine Le Pen était parlementaire européenne - l’a accepté. Ensuite, quand tous les deux ont été élus en 2017, on a demandé à nouveau la mainlevée de l’immunité parlementaire qui a été à ce moment-là accordée. Que fallait-il faire pour deux photos qui avaient été retirées très rapidement ?

 

 

C’est autant plus incompréhensible que lorsque Libération avait mis à la une la photo du petit Aylan ce petit enfant noyé en tentant de traverser la méditerranée avec son père, tout le monde avait trouvé cela « formidable ». Je ne juge pas de la pertinence de la une de Libération ou non, mais cela pourrait tomber sous le même coup de la loi.

 

Il faut être très clair. Ceux qui ont fait cette manipulation judiciaire se moquaient de ces photos. Ce qui comptait, c’était de faire un carton médiatico judiciaire contre Marine Le Pen et Gilbert Collard. Il faut appeler un chat un chat. Comme on avait pris une procédure et utilisé un texte destiné à toute autre chose, on s’est retrouvé dans une situation assez extraordinaire. Marine Le Pen a été convoquée par un psychiatre ! Il y a eu des polémiques incessantes.

Le parquet a piteusement requis les peines d’amende. Il faudrait que ce genre de chose, cette instrumentalisation de la justice à des fins politiques. L’affaire dont vous me parlez est précisément une opération de ce type.

 

 

Le député ex-LREM, M’jid El Guerrab a fracassé le crâne de son collègue socialiste, Boris Faure à coup de casque. Il a proposé un amendement qui a été rejeté par l’Assemblée, visant à préciser à chaque prise de parole médiatique que tel ou tel intervenant a été condamné par la justice pour des faits relevant de l’incitation à la haine. Cela a été renommé par les députés à l’amendement Éric Zemmour. On voit bien qui était visé. Que faut-il penser de cette initiative ?

 

Dans ce mouvement macroniste, les pires en matière d’atteintes aux libertés sont les anciens socialistes. Cette passion pour la censure, il s’agit véritablement d’un amendement Zemmour. C’est lui qui est visé au premier chef. Ce qui est assez savoureux c’est que ce personnage a commis une agression extrêmement violente contre un de ses camarades. Cela fait donc plus de trois ans qu’il a été mis en examen et il ne se passe rien. J’ai appris que Lætitia Avia disait que cela correspondait à sa philosophie. Je ne me prononcerais pas sur les rumeurs qui courent sur ce démêlé avec des chauffeurs de taxis. Ce que je sais simplement, c’est qu’elle a présenté à l’Assemblée nationale un texte profondément liberticide qui s’est fait déchiqueter par le Conseil Constitutionnel. Elle devrait avoir honte et être plus discrète. Concernant sa campagne municipale, certaines informations démontreraient qu'elle aurait utilisé les moyens de l’Assemblée nationale pour faire sa campagne. Ce sont des infractions pénales. Je ne crois pas qu’il se soit passé grand-chose depuis. Non seulement on instrumentalise la justice contre les adversaires, mais en plus les amis peuvent être tranquilles.

 

 

Pour conclure avec un brin d’ironie, attention cela commence à se voir…

Cela fait plus que se voir. Maintenant, il faudrait que cela s’arrête. Il y a une absence de vergogne extraordinaire. On sait très bien que cette Assemblée nationale ne représente absolument plus la nation., c'est juste une chambre d'enregistrement. Si aujourd’hui, il y avait des élections, 80 % de ces parlementaires seraient balayés. Cela commence à nettement se voir et je trouve que cela commence à suffire.

 

 

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