Me Gilbert Collard : « Nous devrions éviter de nous porter des coups les uns aux autres »

vignette écrit (5)

Gilbert Collard, député RN au Parlement européen, réagit à l'annonce de la candidature d'Éric Zemmour. Il a apprécié les références historiques et culturelles mais attend désormais « qu'on passe de l'esthétique au politique ». Selon lui, le discours patriotique d'Éric Zemmour ne peut « que l'amener à rejoindre Marine Le Pen ».

 

 

 

Vous êtes député européen RN. Éric Zemmour a publié une vidéo sur sa chaîne YouTube dans laquelle il annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Qu'avez-vous pensé de cette annonce ?
Ce n’est pas une annonce extraordinaire, c’était annoncé depuis longtemps. D’un point de vue esthétique, et non politique, je l’ai trouvée très littéraire, très historique, avec un ton épique. J’ai apprécié l’écriture, les références à l’Histoire, à la littérature. On parle d'Aznavour, de Verneuil, tout cela avait une dimension historique et, d’un point de vue esthétique, je le répète, j’ai trouvé cette intervention de bonne facture. Comme le dit Marine, cette intervention était crépusculaire et lugubre, comme la France aujourd’hui. Maintenant, j’attends qu’on passe de l’esthétique au politique.
Sur Twitter, vous avez noté qu’il a fustigé l’ensemble de la classe politique, sauf le Rassemblement national.
Je trouve que nous devrions faire pareil, nous devrions éviter de nous porter des coups les uns aux autres, car la seule chose qui compte, la seule alternative, c’est la France. Or, la France, si elle continue à être entre les mains des pirates qui la dirigent, va couler. Elle est déjà bien engloutie, elle va couler. Il y a une nécessité de rassembler toutes les forces. Marine en est le précurseur, il n’y a aucun doute là-dessus. Personne ne peut le discuter, donc elle a le rôle de précurseur qui fait d'elle le porte étendard.
Pour Éric Zemmour, en fonction de l’évolution de la situation que nul ne connaît, son discours patriotique ne peut que l’emmener à rejoindre Marine Le Pen. Évitons de casser le pont sur lequel nous pourrions, les uns et les autres, passer.
Certains de vos collègues du Rassemblement national ont eu des mots peu tendres à l’égard d’Éric Zemmour à la suite de cette vidéo. On a l’impression que dans l’entourage de Marine Le Pen, il y a ceux qui veulent casser Éric Zemmour et ceux qui veulent lui tendre la main, même si, on le rappelle, Éric Zemmour a eu des mots très dur vis-à-vis de Marine Le Pen et du Rassemblement national.
Oui, il devrait regretter ces mots très durs. Je comprends qu'ils veulent « casser du Zemmour », mais ce n’est pas mon opinion. Je pense qu’on ne gagnera rien à piétiner 12 %, 13 % ou 10 % . Si on met des coups à l’électorat de Zemmour, il ne viendra pas forcément vers nous lors du second tour. On a cette obligation dans l’intérêt de la France. Quand je lis les commentaires faits par la gauche, on sent qu’ils se sont réunis pour trouver la phrase qui fait mouche. L'un dit que c’est le micro de De Gaulle et le discours de Pétain. Et pour le porte-parole d’Anne Hidalgo, c’est un pou. Ce sont des discours de l’extrême droite, dans les années 30. C'est détestable.
Ils veulent faire référence à l’Histoire de France mais il ne la connaissent pas. Ils ne savent pas que c’est la Chambre du Front populaire qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain.
Considérez-vous qu'Éric Zemmour est une torpille ou un tremplin pour le Rassemblement national ?
Les deux. Je lui en veux un peu et même beaucoup, car avant qu’il n’arrive, de temps en temps, je me faisais traiter de fasciste. Maintenant, c’est fini et ça me manque ! Car ça me stimulait ! Il est devenu le paratonnerre du Rassemblement national, il se prend tout sur la tête. C’est une bonne chose, sauf pour ceux qui, comme moi, préfèrent la critique à la louange !
Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois