Marseille : un centre-ville assiégé et délaissé
Le vendredi 15 septembre dernier, la chambre de commerce et d’industrie Aix-Marseille-Provence avait donné rendez-vous à la presse pour évoquer la situation des commerces dans le centre-ville de Marseille et faire le bilan de la saison touristique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les acteurs de l’économie locale se sont montrés assez amers vis-à-vis leur ville. Ils ont dressé un état des lieux peu reluisant de l’hypercentre phocéen.
Dans un premier temps, quelques portes ouvertes ont été enfoncées, car qui s’est récemment baladé dans les rues du centre-ville de Marseille sait que ce n’est pas une promenade de santé. Impossible de flâner le nez au vent en faisant du lèche vitrine. Non, il faut être vigilant ! Il faut faire attention à ne pas marcher dans les déjections canines, se fouler une cheville sur les trottoirs mal carrossés, se faire renverser par une trottinette ou un scooter en zone piétonne, se faire arracher son sac… Bref, une virée en centre-ville n’est pas de tout repos et ressemble parfois à un parcours du combattant. Or, comme tous les Marseillais ne sont pas faits pour l'entraînement militaire, un grand nombre d’entre eux fuient l’hypercentre. Ils ne sont pas les seuls.
Les commerçants aussi sont des déserteurs. Beaucoup d’enseignes comme Jacadi ou Repetto ont profité de la création de trois centres commerciaux, les Terrasses du Port en 2014, les Docks en 2015 et Prado Shopping en 2018, pour s’exiler. Leurs gérants en avaient assez d’être en première ligne et de devoir faire face à des voleurs ou à des personnes malintentionnées et potentiellement agressives. Intégrer une de ces nouvelles galeries marchandes leur permettait de ne plus être isolés dans une boutique qui ouvre directement sur la rue mais d’être en sécurité dans une infrastructure fermée avec des vigiles. Aussi compréhensible que ce soit, d’une certaine manière, ils ont rendu les armes.
Malheureusement, quand on déclare forfait, on ne peut pas espérer remporter la bataille. En s’éloignant de l’hypercentre, Marseillais et commerçants ont laissé le champ libre à l’insécurité et à l’incivilité, comme l’observe Thérèse Basse, présidente de l’ACAM Belsunce : « Les problèmes sont nombreux, il faut requalifier la ville avec ceux qui font la ville. Les commerces de proximité, qu’on le veuille ou non, font cette ville. Si les commerces de proximité meurent, ça laisse la place à d’autres choses et c’est ce que nous vivons actuellement. » Son constat est d’autant plus décevant que, sous l’impulsion de la désignation de la deuxième ville de France et de la Provence comme capitale européenne de la culture en 2013, de nombreux efforts avaient été faits. Le Vieux-Port avait fait peau neuve, les rues adjacentes avaient été entièrement rénovées, un vent de nouveauté avait soufflé sur la ville. Un vent qui a finalement vite tourné.
Les crises sanitaires et économiques y sont pour beaucoup, les violences urbaines et les pillages qui ont suivi la mort du « petit ange » Nahel aussi. Dommageables pour les commerçants et les Marseillais, elles ont également été révélatrices d’une certaine impuissance des pouvoirs publics. Pour remédier à cela, Jean-Luc Chauvin, le président de la chambre de commerce et d’industrie, affirme qu’il faut « remettre une forte pression ». Un avis partagé par Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance police nationale, joint par BV : « Il faudrait des condamnations plus fortes et que les OQTF soient appliquées. » Il ajoute : « Dans une ville, il faut aussi qu’il y ait un désir du maire. On demande depuis des lustres des caméras de vidéoprotection, mais ça ne vient pas. » Pour Marseille, pour ses habitants, ses commerçants, ses touristes, espérons comme Jean-Luc Chauvin qu’il y ait un « sursaut collectif ».
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Marseille, la capitale du Nord de l’Afrique du Nord et subsaharienne.
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