Marlène Schiappa : quand la parité pèse plus que le coronavirus !
Comment s’occuper durant le confinement ? Les plus humbles de nos compatriotes vont faire leurs courses ou découvrent les joies du point de croix. Et les plus augustes ? Ils refont le monde, ou ce qu’il en reste ; telle Marlène Schiappa.
Pour le peuple confiné, les journées sont longues. Pour la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, elles doivent paraître bien courtes, tant il y a de travail à abattre. On ne parle évidemment pas de tâches ménagères, sachant le poids de la surcharge mentale de cette dame au temps de cerveau disponible déjà bien occupé à dire et légiférer sur le beau, le vrai, le bon, le bien.
Priorité aux urgences, donc. Cette dernière édition dominicale du Parisien, par exemple, où, en première page, quatre experts évoquent le monde de l’après-coronavirus. Quatre experts ? Et pas une seule experte ? Que fait le gouvernement ? Eh bien, le gouvernement agit, Marlène Schiappa ayant illico tweeté : « Place des femmes dans les médias en période de crise : je confie une mission à la députée Céline Calvez. »
Mais qui est Céline Calvez ? Une femme, ce qui est déjà un bon début. Pour le reste, issue de Sciences Po pour atterrir à LREM après un passage obligé par le PS, elle incarne assez bien cette France d’en haut qu’au mieux les Français raillent et dont, au pire, ils sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir.
Et cette fameuse mission, au fait ? Assurer une meilleure « place des femmes dans les médias en période de crise ». Fort bien. Son viatique ? La liste de commissions obligeamment fournie par sa ministre de tutelle : « Nous connaissons toutes et tous la phrase de Simone de Beauvoir alertant sur les effets d’une crise sur les droits des femmes : la parité doit rester une priorité, les nombreuses interpellations de citoyennes et de citoyens reçus ces derniers jours à ce sujet en témoignent. »
Il va sans dire que la direction du Parisien a aussitôt baissé son pantalon ; ou peut-être sa jupe, sachant que les filles, on imagine, ne sont pas non plus minoritaires au sein de cette rédaction, tant il est vrai que le journalisme tend à devenir un métier de gonzesses. La preuve par ce tweet du Collectif des femmes du Parisien : « Il ne s’agit pas de discuter de la légitimité de nos intervenants mais le message envoyé par la vitrine de notre journal est clair : dans le monde d’après les femmes n’ont pas voix au chapitre. Pour nous tous, journalistes qui essayons chaque jour de faire exister la diversité des profils, cette Une est une vraie claque. »
Au fait, et ce, à propos d’expertes et de ministresses, quid d’Agnès Buzyn, femme jusqu’à preuve du contraire, ministre de la Santé jusqu’à ce qu’elle ne démissionne, avant de partir défier deux autres femmes, Anne Hidalgo et Rachida Dati, non point pour un concours de tee-shirts mouillés mais pour devenir première édile de Paris, cette blonde qui plaît à tout le monde ? La lutte entre filles était-elle donc plus importante que celle contre une pandémie mondiale ?
Cela, Marlène Schiappa n’y a manifestement pas pensé. Dommage, elle aurait aussi pu s’inspirer de l’exemple de ses aînées, Penelope Fillon et Xavière Tiberi, ayant toutes deux œuvré de longue date pour que les femmes soient mieux payées que les hommes tout en travaillant à peu près deux fois moins qu’eux. Il est vrai que les rapports rendus par ces expertes à leurs époux respectifs, ça se paye : plutôt la paix des ménages que les violences conjugales.
PS : gag ! Alors que j’envoie cet article à la rédaction, je vois passer les éboueurs en bas de chez moi. Que des mecs et pas l’ombre d’une nénette. Cette entorse à la parité a tout de même quelque chose d’inconvenant pour l’éternel démocrate indigné que je suis. Et mon épouse de me rabrouer : « Les poubelles ? C’est un travail d’hommes ! »
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