Pendant que les Mancuniens souffrent dans leur chair, Donald Trump continue de faire le beau : "L’Iran constitue à mes yeux la principale menace pour la région. La République islamique ne doit jamais posséder une arme nucléaire et doit cesser le financement de terroristes et de milices", assure-t-il devant des Saoudiens réjouis et des Israéliens soulagés. Tel qu’écrit hier en ces mêmes colonnes, la raison des États profonds reprend le pas sur les circonvolutions électoralistes.

Ce qui n’aurait été qu’anodin en d’autres temps le devient moins par les temps qui courent ; la preuve par l’attentat ayant ensanglanté la ville de Manchester. Après les condamnations d’usage, mettre ce drame sur le dos de l’Iran, le plus obtus des princes de Riyad ou le plus borné des députés de la Knesset n’auraient osé, même pas dans le plus décoiffé des rêves trumpesques…

Certes, en France, et ce, dans certains milieux de cette droite donnée pour « nationale », la Trumpmania aura causé quelques ravages dans des esprits qu’on aurait pu croire plus affûtés. Mais que croyaient-ils, ces braves gens ? Que le trumpisme allait révolutionner les têtes et que, par une théorie des dominos inversée, l’esprit du Tea Party allait irriguer nos cervelets affaiblis par des décennies de propagande socialo-communiste ? Que le gentil Occident chrétien allait partir en croisade contre l’Orient musulman, méchant par nature ? Regardées à haute dose, les chaînes Fox News et BFM TV peuvent causer d’irréparables dégâts dans les neurones.

Tel qu’écrit hier en ces colonnes, et ce, par votre serviteur, les régimes passent, tandis que les intérêts primordiaux des États profonds demeurent. Sans prendre cela en compte, il devient impossible de comprendre pourquoi les USA persistent, après la parenthèse de Barack Obama, à soutenir le royaume saoudien, principal fourrier et financier du terrorisme, tout en entendant combattre ce même terrorisme wahhabite, donc saoudien.

Pesanteurs de ces mêmes États profonds, toujours, mais qui nous obligent à revenir quelques décennies en arrière, en matière de « terrorisme ». 1979, l’URSS envahit l’Afghanistan. En pleine fin de guerre froide, la CIA, forte de sa puissante logistique, convoque l’argent saoudien et la théologie des imams égyptiens, histoire de redorer le blason d’un concept islamique depuis longtemps tombé en désuétude : le djihad. Il va sans dire que ce djihad militaire, donné pour « petit djihad », n’est rien comparé au « grand djihad », spirituel, lui, consistant à lutter contre ses démons intérieurs, sorte de discipline spirituelle largement calquée sur les exercices de saint Ignace de Loyola.

Et c’est ainsi que le Golem peut échapper à son créateur ; la preuve par la créature de Frankenstein. Car dès 1990, et la débandade soviétique, ces djihadistes ne tardent pas à essaimer. D’où les soldats perdus d’Afghanistan, que l’on va ensuite retrouver en Algérie, en Bosnie, en Irak, en Tchétchénie, dans la majeure partie des pays du Caucase, en Libye, en Syrie, au Liban et même dans la bande de Gaza.

Longtemps on peut cacher la crotte du chat et glisser la poussière sous le tapis ; au risque que la manœuvre puisse se révéler un jour ou l’autre trop voyante. C’est ce qui vient d’arriver à ce pauvre Donald, petit Mickey égaré parmi les grands de ce monde. Et qui vient juste de comprendre que jamais il n’aura eu sa carte au club et que s’il siège désormais à la table des maîtres, ce ne sera que par effraction. En effet, on ne saurait jamais gouverner les USA tout en prenant à la fois, et ce, bille en tête, Wall Street, lobby militaro-industriel, Fed, FBI et CIA. Le dernier qui s’y soit risqué ? JFK.

Bonne chance, Mr. Trump…

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23 mai 2017 à 21:16

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