Loi bioéthique : vous reprendrez bien toujours de la langue d’Orwell ?
Marlène avait raison : « Patience et longueur de temps/Font plus que force ni que rage. » Le temps est venu, à présent, d’accélérer le tempo de la Chambre incubatrice. Encore un peu d’enfumage : bientôt la pollinisation des femmes.
Une révolution change la grammaire du monde et rebaptise les mots. Pour rendre indéchiffrable l’obscur objet du désir, on a fait vivre les Français dans une forêt d’acronymes. Au tour des mots de la parenté d’être privés de leur sens normatif. Le père n’est plus le père. Après #MeToo, le problème est réglé. « Quand comprendra-t-on, dit Madame Mecary, qu’un donneur ne peut en aucun cas être un père ? » Quant à la mère… Laquelle ? Donneuse ? Porteuse ? Gestatrice ? D’intention ? Ce sera donc, sans rire, la mère et la mère. On dit aussi « accoucheuse » : sait-on que le mot ne désigne pas la femme qui accouche mais la sage-femme ? Le droit n’y retrouve plus ses petits. En attendant, on s’apprête à faire des orphelins d’État mais on garde le mot « maman » dans les médias par empathie pour « le mal d’enfant » et non pas « de » l’enfant.
Le discours gagne en puissance performative. L’accusation, martelée, de discrimination a remplacé l’homophobie. Des mots clés sont sanctuarisés : ainsi le progrès qui porte sur lui, tel Atlas, le poids de l’Histoire. Le mot « tabou » est remplacé par « interdit ». La phrase canonique dans une bouche autorisée concernant la GPA est : « On n’aura jamais de GPA car il y a des interdits très forts qui pèsent sur cette pratique. » Pourquoi encadrer, alors, les tests génétiques récréatifs hors du cadre médical, comme le dit Pierre Dharréville, sous le prétexte qu’est illusoire le désir d’avoir un accès aux origines ? Quel tabou resurgit là ?
La révolution, c’est aussi une fête. Aussi faut-il dédramatiser non plus le débat mais… le climat ! En Amérique, on met l’accent sur « l’aspect festif » de la PMA. Monsieur Touraine voulait que « les lois de bioéthique aient la saveur de l’esprit national ». Monsieur Delfraissy a déclaré, récemment, que la loi de la PMA était une « loi d’ouverture et de confiance ». Ces lois, en effet, préludent à une vraie fête nationale.
Le champ libre est désormais ouvert aux déclarations jouissives. Jean-Louis Touraine - encore lui ! - déclare qu’il n’y a de droit pour personne à avoir un père. Le 10 septembre, en même temps qu’est lancé le débat sur la PMA, la circulaire Taubira arrive dans les tuyaux. Tollé général. Nicole Belloubet « recadre le débat » à l’Assemblée. L’essentiel est d’avoir lancé le pavé dans la mare.
Ainsi advient, avec l’onction du peuple, le remplacement de la famille naturelle par la famille contractuelle voulu par la CEDH. Comme l’avait dit l’ancien président Dean Spielmann, en 2015, les décisions de la CEDH « réduisent à néant non seulement la faculté pour les États d’interdire la GPA mais même la légitimité d’un tel choix législatif ».
On s’active à la Convention de La Haye pour débattre du sort des enfants nés par GPA. Français, marchons ensemble, le 6 octobre !
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