Livre : Comment sauver la France. Pour une Europe des nations avec la Russie, de Marc Rousset

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Les euro-fédéralistes pensaient que le Brexit, en purgeant l’Union européenne d’un membre particulièrement rétif aux injonctions bruxelloises, allait permettre à celle-ci de redémarrer sur des bases saines mais, de toute évidence, ce n’est pas ce qui se passe ; plus que jamais, le rafiot européen craque de toutes parts et le « Polexit » est aujourd’hui dans tous les esprits.

Le projet fédéraliste a du plomb dans l’aile alors que le réveil des nations est un phénomène mondial qui a été étudié récemment, avec brio, par l’académicien Pascal Ory. Pour autant, il est évident que, face à la montée en puissance de la Chine, face à la démographie galopante de l’Afrique et des pays musulmans, face à l’expansionnisme islamique, face, enfin, à l’impérialisme états-unien, la construction d’un bloc de puissance européen est indispensable et ce bloc de puissance doit reposer, non pas sur un marché ouvert à tous les flux, mais sur un socle culturel et militaire. C’est la thèse que défend Marc Rousset, bien connu des lecteurs de Boulevard Voltaire, dans son dernier ouvrage intitulé Comment sauver la France. Pour une Europe des nations avec la Russie (Éditions du Panthéon).

Dans ce livre, Marc Rousset propose la création d’une confédération, c'est-à-dire une association d’États indépendants dirigée par un Conseil des chefs d’État et de gouvernement, à laquelle appartiendraient neuf pays : France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Autriche, Espagne et Portugal, soit environ 300 millions d'habitants qui produisent les deux tiers des richesses de l’Union européenne. À ce premier cercle des pays membres de la Confédération s’ajouterait un second cercle d’États appartenant au marché commun européen, lesquels pourraient passer éventuellement des accords de défense d’une façon séparée avec différents États de la Confédération. Enfin, d’autres États n’appartenant pas aux deux premiers cercles pourraient être associés à des titres divers.

La réflexion de Marc Rousset s’inscrit dans une démarche gaullienne ; toute construction européenne ne peut reposer que sur le binôme France-Allemagne. Or, il est évident, pour l’auteur comme pour la plupart des observateurs, que, dans l’état actuel des choses, l’Allemagne n’est pas prête à s’éloigner des États-Unis et de l’OTAN, ce qui rend impossible, dans l’immédiat, la création d’une confédération indépendante de l’empire américain. Mais la collaboration de l’Allemagne avec les autres nations européennes est vitale pour elle, puisque l’essentiel de son commerce extérieur est d’abord intra-européen.

Marc Rousset pense que si l’Allemagne refuse toute évolution (non-réalisation d’une Europe de la défense et du projet SCAF ; égoïsme économique à sens unique), la France pourrait, d’une part, faire exploser la zone euro, en en sortant, tout en veillant à la survie du Marché commun, et, d’autre part, quitter l’OTAN, en espérant que l’Allemagne prendra la mesure de la gravité de la situation et changera d’attitude.

La Confédération devrait, tout d’abord, faire sien le principe selon lequel le politique doit prévaloir sur l’économie. « Cette dernière doit reposer sur la libre entreprise mais elle doit être régulée par la puissance publique garante du bien commun », mais le libre-échangisme mondial est suicidaire. Il faudra mettre en place un protectionnisme sélectif (ouverture du marché européen à hauteur de 20 % seulement de l’ensemble des échanges, conformément à ce que préconisait Maurice Allais).

Par ailleurs, il sera indispensable de mettre en œuvre une politique de réindustrialisation des pays qui, comme la France, ont perdu une grande part de leurs industries, et créer une nouvelle organisation de défense spécifiquement européenne et indépendante des USA. La mise en œuvre de cette organisation de défense sera accompagnée de la création d’un complexe complet et spécifiquement européen d’industries de la défense.

Une politique d’arrêt total de l’immigration sera instaurée et le renvoi de tous les étrangers n’ayant aucune bonne raison de résider dans les neuf nations sera organisé. La lutte contre la propagande islamiste fera partie des priorités de la Confédération, tout comme la nécessité de contrebattre la machine culturelle nord-américaine.

Enfin, dès le début du processus de construction confédérale, les neuf États membres négocieront les conditions d’un partenariat avec la Russie.

Il n’est, malheureusement, pas possible d’évoquer tous les sujets abordés dans ce livre très dense qui intéressera tous ceux qui aspirent à la renaissance de notre pays dans le cadre d’une Europe des nations.

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