À partir d’éléments ténus, le cannabis et/ou son THC ont été présentés comme de souverains remèdes contre les douleurs chroniques qui perturbent la vie de 20 % de nos concitoyens.

Se sont échinés à accréditer cette thèse :
- des patients souffrant de douleurs chroniques, à travers des déclarations enthousiastes qui louaient le soulagement que leur procurait le cannabis (très tentés qu’ils étaient de voir transformer ce qu’ils utilisaient comme drogue en un médicament) ;
- la médiasphère, toujours prompte à entonner les louanges décernées à cette drogue ;
- un député médecin, depuis nommé ministre de la Santé, en l'occurrence Olivier Véran ;
- des addictologues, subvertis par l’idéologie « soixante-huitarde », s’exprimant de façon véhémente et complètement en dehors de leur champ d’expertise ;
- un agriculteur creusois (Jean-Baptiste Moreau), député et porte-parole de LREM, impatient de couvrir de cannabis les terres agricoles de son département ;
- des groupes capitalistes qui, tels des cochons reniflant des truffes, sont excités par le fumet de substantielles royalties ;
- et, bien sûr, toute une troupe de gogos crédules.

Ces éminences, qui péroraient depuis longtemps avec véhémence sur cette propriété analgésique du cannabis, devraient se trouver fort déçues par la lecture des données, analysées par Li Wang et ses collaborateurs (Medical cannabis or cannabinoids for chronic non-cancer and cancer related pain: a systematic review and meta-analysis of randomised clinical trials) parues dans le British Medical Journal (2021, 27, 115-122).

Cette analyse, effectuée par comparaison à un placebo, porte sur 32 études (méta-analyse) qui réunissaient 5.200 adultes. Le cannabis n’a, et seulement chez 10 % des patients, modifié que d’un point la perception douloureuse (que le patient évaluait sur une échelle visuelle analogique, cotée de 1 à 10). Il n’a pas été observé d’amélioration fonctionnelle notable puisque, chez les 4 % des patients qui en éprouvaient une, elle n’était que de 10 points sur une échelle de 36 à 100 points.

La qualité du sommeil des patients n’était améliorée que chez 6 % d’entre eux. Il n’était pas observé d’amélioration significative du fonctionnement émotionnel ni des différentes composantes de la vie sociale. Ces « bénéfices » éminemment modestes l’étaient au prix d’effets secondaires variés : troubles cognitifs (chez 2 % des utilisateurs) nausées, vomissements (chez 5 %), somnolence (chez 5 %), vertiges (chez 9 % pour un traitement de moins de trois mois et chez 28 % pour un traitement de plus de trois mois).

Tout ce raffut, toutes ces déclarations irresponsables, tous ces faux espoirs pour aboutir à cela ! La montagne de leur emphase accouche d’une toute petite souris. N’attendons pas de ces abuseurs publics la moindre rétractation. Ils se satisfont déjà d’avoir mis en marche la machine à légaliser le cannabis dit « thérapeutique ». Ils savent que, ce premier objectif étant atteint, ils pourront ensuite pousser les feux pour la légalisation du cannabis qu’ils qualifient scandaleusement de « récréatif ». Toutes les nations ayant légalisé le cannabis ont satisfait préalablement, telle une figure imposée, à l’adoubement du cannabis en tant que médicament. On peut être trompés par surprise, mais en l’occurrence, il ne sera pas permis de faire jouer cette explication, la manœuvre étant éventée.

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17 octobre 2021 à 16:06

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