Les députés LFI, des révolutionnaires en peau de lapin ?

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L’actualité parlementaire immédiate et le chahut adolescent des députés insoumis transformant l’Hémicycle en cour de récréation ne peut faire penser qu’à cette maxime de Karl Marx : « L’Histoire se répète – au moins deux fois, sinon plus. La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce. » Voilà qui se vérifie avec ce tweet signé Thomas Portes, agrémenté d’une photo où on le voit, le pied sur un ballon de football représentant la tête d’Oliver Dussopt, ministre du Travail.

Si l’on comprend bien, les élus mélenchonistes se verraient bien en lointains descendants des sans-culottes de jadis. Après la « tragédie », la « farce », donc. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, ce mercredi 13 février, l’historien Thierry Lentz ose la filiation. Mais l’homme néglige peut-être ce même côté « farce ». Car Thomas Portes qui se voit en Robespierre des temps nouveaux, c’est un peu comme si Aya Nakamura se prenait pour Aretha Franklin.

Néanmoins, que les élus insoumis puissent se considérer comme les derniers à faire vivre l’héritage de la Révolution française n’est pas, non plus, fondamentalement faux. Après, il y a ceux qu’on peut prendre au sérieux et les autres. Alexis Corbière, récemment écarté des instances dirigeantes de LFI par le Líder Mínimo, fait partie des premiers, tel qu’en témoigne cet entretien accordé à l’excellent magazine Technikart, le 18 juin 2019. Là, interrogé par Bertrand Burgalat, musicien français – équivalent du défunt Burt Bacharach, osera-t-on – mais journaliste à ses heures, lui demande d’expliciter ses rapports avec ces heures les plus sombres de notre Histoire.

Sa réponse mérite d’être lue, car témoignant d’une connaissance érudite du sujet : « "La Révolution est un bloc", disait Clemenceau. La violence est le produit des menaces qui pesaient sur la Révolution. Comment comprendre la deuxième Révolution du 10 août 1792 en occultant le manifeste de Brunswick, un texte de menace des Autrichiens qui étaient la première puissance militaire de l’Europe ? Si quelqu’un touche un cheveu du roi, Paris sera rasé, prévenait ce manifeste. La France qui fait une révolution est un pays qui est attaqué de toutes parts, des régions entières font sécession, c’est le cas de la Vendée. Ils lèvent d’abord une armée, l’armée catholique et royale, qui rassemble 15 à 20.000 personnes et qui, dans un premier temps, met une rouste aux armées républicaines. Je ne connais pas un seul pays au monde qui, en même temps qu’il fait une révolution politique et sociale, mène une guerre et accepterait que des régions entières lui tirent dans le dos. »

Bref, l’homme est à son affaire et assume le bloc en question. Sans états d’âme et en toute connaissance de cause. Question de génération ? Toujours est-il que Monsieur Raquel Garrido côté rue demeure, de plus, un interlocuteur des plus aimables côté jardin ; ce que nous confirme par ailleurs son intervieweur au téléphone. Mais que dire de ses enfants putatifs, les Mathilde Panot et autres Louis Boyard ? Rien, si ce n’est qu’ils se contentent de maladroitement singer leurs lointains ancêtres plus ou moins glorieux.

La rupture historique avec la traditionnelle courtoisie française voulant qu’on remplace les si jolis « monsieur », « madame » et « mademoiselle » par de rustauds « citoyen » et « citoyenne » ? Ils la font leur en refusant de saluer leurs collègues, en attendant de dire « iel » au lieu de « il » ou « elle ». La déconstruction de la langue ne remonte pas à hier et c’est avec l’écriture inclusive qu’ils la poursuivent.

À ce titre, l’actuelle religion éco-féministe n’est pas non plus sans rappeler d’autres cultes idiots de l’époque : « Être suprême » et « Déesse raison » qui, déjà, devaient faire rigoler ce brave père Dupanloup sous sa soutane. Les révolutionnaires se prenaient pour des Grecs et des Romains antiques ? Eux se voient en « racisés », perpétuelles victimes d’un esclavage qu’ils n’ont jamais connu. Seulement voilà, Assa Traoré, mannequin chez Louboutin, n’est pas Angela Davis qui, elle au moins, paya ses idées communistes d’innombrables séjours dans les geôles américaines.

Mais soyons juste. Il y a au moins un aspect de leur filiation autoproclamée qu’on ne saurait leur contester : la faculté qu’ils ont à s’entredévorer, tels leurs ancêtres putatifs. Mais à l’époque, les différends se réglaient à la guillotine et non point sur les réseaux sociaux. Question de tenue et de crédibilité, une fois encore.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

7 commentaires

  1. s’ils étaient descendants des sans-culotte ils seraient déjà devant les grilles de l’Elysées à « réclamer justice et du pain », face aux forces de l’ordre et ça s’appellerait la révolution. Ce ne sont que des gamins braillards et mal élevés.

  2. Ces personnages manquent d’épaisseur et donc en font des tonnes, ce qui les décrédibilisent totalement . « j’suis bidon  » comme chantait Souchon dans les années 70 , cela colle parfaitement à cette gauche de pacotille et carriériste .

  3. La mélanchonie actuelle est de la même sauce toxique que celle des décapiteurs de la Terreur de 1793 : ils se disent républicains, mais ils ne sont que de vulgaires et dangereux néo-soviets : enfermer ou détruire leurs adversaires est leur seul mode d’expression possible.

  4. Pas complètement d’accord avec Nicolas Gauthier .Imaginez-vous ,monsieur,le nombre de mots nouveaux que le Français moyen doit ingurgiter chaque jour ,le dernier en date étant chemsex .Au moins « bordélisation » tout le monde a compris.

    • Libre à vous de ne pas digérer ces mots et de ne pas les faire vôtre, au risque de paraître niais ou archaïque. Le langage se transforme lentement au sein d’un peuple et les mots parachutés par les médias nous sont imposés. lci on se plaint beaucoup de l’immigration, mais que penser de l’immigration anglo-américaine des mots qu’on nous inflige… comme chemsex. A mon avis, il entre actuellement dans le dictionnaire et le langage courant beaucoup plus de franglais que de mots africains !

  5. Ce qu’on n’arrive pas à comprendre c’est que sous l’ancien régime il n’y avait pas de notion de ce qu’est actuellement la nation. On appartenait au roi, d’où l’idée de défendre et sauver celui- ci en premier..nul doute que la NUPES soit le descendant des sans culotte, leur référence à Robespierre têmoigne de l’agressivité de leurs propos, mais ils connaissent assez mal l’Histoire et l’arrangent à leur façon.
    La république a donné dns ses écoles publiques une image romantique édulcorée de la révolution et on continue une propagande flatteuse alors que les torts et les excés sont largement partagés.

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