L’éclat de rire plus fort que l’éclat d’obus ?

rire

L’actualité offre parfois de ces moments dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. Alors que les bombes pleuvent sur la Syrie, dans la région d’Idleb, dernier bastion des djihadistes rebelles au pouvoir de Bachar, un père a choisi de protéger sa fille des drames qui les entourent. Son bouclier : le rire. Un jeu déchirant qui n’est pas sans rappeler le film La vie est belle.

Lorsque s’annonce une frappe et que les oreilles bourdonnent, il prend le pari avec elle de savoir si c’est un avion qui survole ou une bombe qui explose. Sur cette vidéo devenue virale, on voit la fillette éclater d’un rire communicatif plus fort que toutes les armes. Poignante façon de nous rendre compte, confortablement installés dans nos vies paisibles, qu’à quelques heures d’ici, les enfants vivent sous les décombres et sous les balles.

Leçon, aussi, pour comprendre combien la famille est la valeur refuge des temps de  crises. Tant qu’une fille est sur les genoux de son père, tant qu’ils sont capables, dans une pièce plus tragique que comique, de rire malgré la menace permanente, la famille reste le symbole d’une forteresse imprenable à laquelle les ennemis ne pourront rien voler tant qu’elle restera unie. Mais le succès de cette vidéo (des dizaines de millions de vues), l’on s’en doute, est aussi, pour notre presse bien-pensante, le prétexte pour, une nouvelle fois, pourfendre le « régime syrien » dont les opérations militaires s’intensifient dans ce dernier bastion de résistance au pouvoir légitime.

Pour la presse française, il y a les gentils et les méchants. Et Bachar est un méchant. Comme l’était Saddam et comme l’était Kadhafi. Nous avons donc envahi ce Moyen-Orient compliqué avec le succès que l’on sait. La région a vécu son printemps. Toute ? Non ! Car un pays résiste encore. Bachar, voilà l’ennemi. Même s’il est aux prises avec les foyers djihadistes qui menacent plus vigoureusement encore que chez nous ce « séparatisme islamiste » que nous feignons de combattre.

20 Minutes nous raconte la fin de cette histoire : « Depuis, les autorités turques ont pris contact avec Abdullah Al-Mohammad pour les faire venir dans le pays. Le 26 février, la fillette est arrivée sur le sol turc en compagnie de sa famille. » Salwa continue à rire mais n’entend plus les bombes. Mais le rire des enfants restés sur place saura-t-il faire plus de bruit que le déluge de feu promis par le même Erdoğan ?

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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