Le prénom de « Jihad » une fois de plus refusé : discrimination ou victoire du bon sens ?
Peut-être avez-vous vu le film Le Prénom ? Rappelez-vous l'émoi soulevé par un personnage quand il annonce qu'il va appeler son fils « Adolphe ». Quelle horreur ! Ce prénom est tabou, depuis Hitler. Belle critique des bobos. Mais le choix du prénom « Jihad » par une mère, domiciliée dans l'agglomération dijonnaise, relève d'un autre ordre. C'était en novembre dernier. La mairie avait saisi la Justice. Le tribunal vient de rendre son verdict : ce prénom est refusé. Le plus intéressant, dans cette affaire, ce sont les explications données par le procureur et les motivations de la mère.
Selon le journal local Le Bien public, le procureur avait justifié la poursuite en prenant de nombreuses précautions oratoires : « Même si “Jihad” ou “Djihad” est un prénom attribué dans le monde arabe et qui signifie, sur le livre des prénoms du monde arabe, “combat sacré”, “guerre sainte”, “travail”, “effort” et qu’il peut donc avoir un sens positif, il n’en demeure pas moins que dans l’opinion publique et au vu du contexte terroriste actuel, ce prénom est nécessairement associé aux mouvements islamistes intégristes », avait-il déclaré, soulignant craindre pour l'enfant « une stigmatisation, voire des moqueries ou des remarques désobligeantes ».
Comme le disait Talleyrand, « si cela va sans le dire, cela ira encore mieux en le disant » ! Il paraît évident que ce prénom est immédiatement associé aux attentats terroristes. Mais le pire, c'est que la mère en question persiste et signe. En novembre dernier, elle avait déclaré au Bien Public qu'elle n'était pas de confession musulmane, mais avait choisi ce prénom car « elle l'aime beaucoup ». Tous les goûts sont dans la nature ! Elle ajoutait : « C’est un choix personnel. Ce prénom n’a rien à voir avec la guerre. Il ne faut pas voir la guerre partout. En France, plein de filles s’appellent Marie, c’est également un prénom connoté religieusement, mais on ne leur dit rien. »
Chacun appréciera la façon dont elle met sur le même plan Jihad et Marie, comme si la mère de Jésus avait revêtu son barda pour aller massacrer les infidèles. Sans doute estime-t-elle que plus c'est gros, plus ça passe ! À supposer qu'elle ne soit pas de confession musulmane – encore que tous les musulmans n'aient pas l'idée d'appeler leurs enfants « Jihad » –, elle semble partager les convictions politiques des plus radicaux. À moins qu'elle ne se moque des juges, de l'opinion publique et des convenances, pour faire parler d'elle sur le dos de son fils. Il se trouvera sans doute quelques islamo-gauchistes pour penser que ce jugement est une atteinte intolérable à la liberté et une forme d'islamophobie !
En 2017, à Toulouse cette fois, un cas semblable s'était produit. Natacha Polony, sur Sud Radio, avait déclaré : « Soit ces parents sont parfaitement idiots et ne comprennent pas que ce prénom est un mot qui véhicule aujourd’hui une idéologie et des morts – dans ce cas, l’État a le devoir de limiter leur bêtise pour l’intérêt de l’enfant. Soit ils savent très bien ce qu’ils font, et c’est encore pire. » On ne peut que l'approuver. On pourrait ajouter qu'Éric Zemmour n'a peut-être pas tort de penser que le choix d'un prénom français manifeste une première volonté d'intégration.
En l'occurrence, dans un monde où la bien-pensance impose sa loi, la Justice, qui n'a fait preuve que de bon sens en interdisant le prénom de « Jihad », paraît presque accomplir un acte de courage !
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