Le 21 janvier 1793, Louis XVI « pardonne aux auteurs de sa mort »
Cet article a été publié le 20/01/2023.
Louis XVI a 38 ans lorsqu'il est guillotiné le dimanche 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution. Éric de Mascureau revient sur les circonstances de cette exécution, l'acte fondateur de notre République, et nous rappelle les derniers mots que l'ancien monarque adresse à son peuple.
Nous sommes le 21 janvier 1793. Paris, recouvert d'un épais brouillard d’hiver, s'apprête à vivre un événement unique de son Histoire. En ce jour funeste, la France va exécuter son ancien roi, le père de toute une nation : Louis XVI (1754-1793).
Après avoir perdu la confiance des révolutionnaires après l'échec de sa fuite à Varennes, Louis XVI demeura à Paris, prisonnier aux Tuileries. La chute du palais, le 10 août 1792, entraîne l’abolition de la monarchie et la déchéance de son roi, le 21 septembre. Devenu simplement Louis Capet, l’ancien souverain est enfermé à la prison du Temple ainsi que son épouse, Marie-Antoinette (1755-1793), sa sœur, Madame Élisabeth (1764-1794) et ses deux enfants : le futur Louis XVII (1785-1795), destiné à une fin tragique, et Marie-Thérèse (1778-1851), unique survivante de la famille royale après la Révolution.
Il faut peu de temps pour que soit annoncé à Louis XVI son procès dont l’accusé connaissait l'issue avant même le début. Il était, en effet, conscient qu’il n’était pas seulement un homme ni un roi mais aussi un symbole : celui du ralliement des puissances étrangères souhaitant le rétablir sur son trône, celui d’un Ancien Régime de privilèges désormais abolis, celui d’un souverain très chrétien soumis à Rome après ses nombreuses oppositions à la Constitution civile du clergé et aussi le père d’un peuple mécontent envers celui qui fut jugé responsable de toutes ses souffrances. Des motivations dont les farouches révolutionnaires, comme l’archange de la future Terreur, Saint-Just (1767-1794), ne se cachent point en demandant le procès de l’ancien monarque : « [Il] doit être jugé en ennemi […] [c’est] un rebelle et un usurpateur, […] [un roi] doit régner ou mourir. » Ainsi, dans l’esprit des ennemis de Louis XVI, il s’agissait d’un combat à mort où l’impartialité n’était pas de mise : tuer ou être tué.
Après un mois de décembre 1792 marqué par des semaines de procès, non plus motivé par la justice mais par la peur, l’ambition politique et la haine, le jugement est rendu à l’accusé, le 20 janvier 1793. Louis Capet est condamné à mort. On lui octroie la permission de voir sa famille, dont il était séparé depuis le début du procès, afin de lui dire adieu. Le 21 janvier, Louis XVI, réveillé à 5 heures du matin, assiste à une ultime messe et confie ses dernières volontés à son confesseur ainsi qu’à son valet : son alliance doit être remise à son épouse. Vers 9 heures, le roi quitte la prison du Temple à bord d’une voiture tirée par plusieurs chevaux, en direction de la place de la Révolution, véritable chemin de croix pour ce souverain considéré comme un martyr par les partisans de la monarchie. Ils tentèrent, jusqu’au dernier instant, de faire évader le souverain malgré la présence 80.000 hommes en armes le long du funeste trajet du condamné. Ce dernier, descendant de son carrosse funèbre, est conduit à l’échafaud où l’attend le bourreau Charles-Henri Sanson (1739-1806). Profitant d’un moment d’inattention, Louis XVI échappe à ses tortionnaires et proclame au peuple ses ultimes paroles : « Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. » Repris par les assistants de Sanson, le supplicié est installé sur la planche de la guillotine et, à 10 h 22, le couperet tombe.
Alors que la tête du monarque était présentée au peuple, résonnèrent dans tout Paris les coups de canon ainsi que les bruits de la foule hurlant « Vive la nation ! » Dans sa cellule du Temple, Marie-Antoinette, seule, pleura mais, n’oubliant pas ses devoirs, elle s’inclina devant son fils, Louis, désormais roi de France selon les lois fondamentales du royaume, car le trône ne saurait être vacant : « Le roi est mort, vive le roi ! » Malgré l’abolition de la monarchie, les révolutionnaires craignaient toujours une restauration. Cette peur les poussa à poursuivre ce qu’ils avaient commencé avec Louis XVI : détruire la monarchie et ses symboles. Une volonté qui les mena à commettre le pire envers celui qui fut surnommé l’enfant du Temple et mourut, abandonné et malade, en 1795. Le sang de la famille royale et celui de nombreuses autres victimes anonymes constituaient le mortier sur lequel devait reposer le nouveau régime, pensaient les révolutionnaires.
Malgré son exécution, le corps de Louis XVI lui-même resta malgré tout un danger pour la Révolution et fut enseveli au plus profond d’une fosse commune, au cimetière de la Madeleine, après avoir été recouvert de chaux vive afin que nul ne puisse reconnaître à jamais celui qui fut un jour roi de France. Son épouse, Marie-Antoinette, le rejoignit quelques mois plus tard, en octobre 1793, avant qu’en 1815, Louis XVIII (1755-1824) fasse élever sur la fosse une chapelle expiatoire. Il avait au préalable fait transporter les restes présumés des souverains à la basilique Saint-Denis, la nécropole des rois de France, pour qu’ils y reposent en paix, loin des querelles politiques dont ils furent les victimes symboliques.
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49 commentaires
L’homme était intelligent et bon mais faible et les Français égaux à eux-même = Incapables d’accepter des réformes alors que le système était à bout de souffle. Si cela ne vous rappelle rien…
Bien triste affaire que celle-ci ! Et bien nébuleuse la suite pour la descendance des Rois de France…Aujourd’hui la famille d’Orléans revendique être les héritiers légitimes du trône, ce en quoi ils ne manquent pas d’air car ils ne semblent pas se souvenir que leur ancêtre d’Orléans a trahi Louis XVI à l’époque….ils ne se rappelle pas non plus que Louis XVI était un BOURBON et pas un d’Orléans…et que donc, à mon humble avis aujourd’hui le seul héritier du trône de France légitime se trouve être Louis XX BOURBON d’Espagne…Si je peux me permettre, j’ajouterai pour conclure que quoi qu’on en dise, la Royauté telle qu’elle existe aujourd’hui dans nombreux pays du continent Européen, Royautés parlementaires, n’ont rien à envier à nos « République » en terme de gestion de leurs Pays et en terme de niveau de vie de leurs « sujets » ! Et bien sur en terme de « souveraineté » bien abimée par la conception mondialiste de l’Europe Politique.
Les Vendéens se sont battus avec un courage et une abnégation sans égales pour protéger le roi, et après lui le malheureux enfant qui lui a succédé. En vain. On estime à 200 000 les Vendéens qui ont perdu la vie dans ce combat. Autour de Charette et de ses combattants, le film Vaincre ou Mourir sera sur les écrans le mercredi 25. C’est un grand événement. Que tous ceux qui déplorent la mort du roi et la fin de l’unité française prennent ce jour-là les salles d’assaut (au bon sens du terme)!
Les St just,Robespierre,Danton et compagnie ,ne valaient pas grand chose, tout comme les conspirateurs de cette époque!!et aujourd’hui nos « présidents » qui s’octroient tous les avantages et plus Qu’un Roi de France ,sont à mettre dans le même sac.
Un bel article,cependant pourquoi parler d’ancien monarque ,Louis XVI est demeuré roi de France jusqu’à sa mort,il n’a jamais abdiqué,ce sont des révolutionnaires qui ont destitué ce roi ,le peuple n’a pas été consulté,la révolution de 1789,(comme celles de 1830 et 1848), est une réalité essentiellement parisienne,la municipalité y a joué un rôle majeur grâce à des agitateurs à sa solde.
L’ancien régime était à bout de souffle ,des réformes s’imposaient,nous ne pouvons nier cette évidence ,le roi était sans doute un homme intelligent mais pas préparé à gouverner le royaume;mais encore une fois les bénéfices de cette révolution ne profitèrent pas au peuple !
La France gagnerait à se réconcilier officiellement avec son passé ,lorsque j’entends Mélenchon et ses sbires j’imagine ce que fut la révolution de 89 et j’en frémis d’horreur ,la république trempe ses racines dans le sang des dizaines de milliers de victimes dont la majorité ne fut pas constituée de nobles et de religieux ,tout cela pour se terminer par la dictature du premier Empire !
Dictature du premier Empire = Avant le premier Empire il y a eu le Consulat. Suite à la débâcle du Directoire ayant lui-même succédé à une Première République morte de son incompétence et de ses excès…Dans un Pays confronté entre autre à une très grande insécurité, l’arrivée au pouvoir du Général Bonaparte a été considérée comme salvatrice et à ce titre largement plébiscitée. Ensuite, l’Empire dont j’estime que la cause principale est l’opposition acharnée des Anglais à la simple idée d’une France puissante. La guerre de 7 ans les ayant établis en tant que première puissance mondiale, ce serait ne pas les connaître que d’imaginer qu’il « lâcheraient le morceau ». Les guerres napoléoniennes sont un héritage de la République via les Girondins qui l’ont déclarée en 1791 (?). Elle ont duré jus
qu’en 1815…
Louis XVII n’est pas mort. remplacé au Temple, il en a réchappé ! Ses descendants ont voulu garder le secret. L’un d’eux habite Paris. Une médaille à sa Gloire (que je possède) a été réalisée par A.J. Depaulis. On peut y lire :
« LUDOVICUS-XVII-FRANCIAE-ET-NAVARRAE-REX »
En dessous : « REGNI-TANTUM-IVRA »
Je pense comme vous que le petit roi n’est pas mort au Temple. Néanmoins, la médaille que vous détenait n’est en rien une preuve de cette hypothèse. Il y en a d’autres, qui restent controversées, et le consensus historique s’est fait depuis les recherches génétiques réalisées sur le cœur enfermé dans l’urne. Philippe Delorme pense avoir écrit dans son livre sur le sujet le dernier chapitre de celui-ci. Ça n’est pas le cas, car il y avait DEUX cœurs, et celui de l’urne était celui du premier dauphin, Louis-Joseph, et non celui du petit roi (Louis-Charles).
Je prie pour que les âmes saintes des rois martyrs Louis XVI et Louis XVII, de la reine Marie-Antoinette et de Madame Elisabeth intercèdent auprès du Seigneur pour sauver la France, qu’ils ont tant aimée, de la décadence et du malheur.
Beau et émouvant récit historique. Merci de rappeler cette date, aussi funeste soit elle.
Quand je pense que Macron a dit que, c’est à partir de la Révolution Française que débute l’Histoire de France, ou il n’y a pas d’Histoire de France avant la Révolution Française. Je me dis que si ça va si mal, il ne faut chercher bien loin….Et ce sont les mêmes, ces Frères et Soeurs du XVIII ème siècle, qui ont abolis la peine de mort. Ils ont bien fait, d’ici que le Peuple le demande actuellement pour certains Ediles…
Une des pages les plus noires de l’Histoire de France.