L’accord Mercosur arrive : les agriculteurs, dindons d’une sinistre farce

campagne normande

Ils sont incorrigibles. Moins d’un an après la révolte de l’agriculture française contre l’Europe, ses traités comme le destructeur Mercosur et la réglementation qui la tuent, ce qui était redouté par les agriculteurs et nié par la Macronie arrive au galop. Dans un article daté de ce 16 octobre, le média Politico écrit sans ambiguïté : « L’UE prévoit une aide financière aux agriculteurs pour surmonter la résistance française à l’accord sur le Mercosur ». En clair, la France s’arrange en douce avec l’Europe pour signer comme si de rien n’était cet accord destructeur, véritable épouvantail pour la profession, moyennant quelques chèques de consolation.

On ne change pas une formule qui perd : va pour une nouvelle subvention ! Ce mouchoir offert en échange de la destruction de pans entiers de notre agriculture prendrait la forme d’un « nouveau fonds budgétaire pour indemniser les agriculteurs de tout impact négatif de l’accord UE-Mercosur ». Une enveloppe pour faire passer la pilule dans les campagnes récalcitrantes et au bout du rouleau.

La main dans le sac de la manipulation

Pourtant, le président de la République avait été clair, pour une fois. On se souvient de Macron en bras de chemise au Salon de l’agriculture face aux agriculteurs. Avec des airs de conviction dont il a le secret, il avait affirmé et réaffirmé alors, en janvier, en pleine ébullition agricole, que la Commission européenne avait tout bonnement interrompu ses discussions autour de l’accord Mercosur avec les pays concernés : Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay. Cet accord crée une vaste zone de libre-échange apportant soi-disant 800 millions de consommateurs prêts, selon les promoteurs du Mercosur, à se jeter sur les produits français… même s’ils sont bien plus coûteux que leurs concurrents. Au prix de la ruine de notre agriculture. Arrêtées, les négociations ? « N’en déplaise à Emmanuel Macron, il n’y a jamais eu de coup d’arrêt dans les négociations entre l’UE et le Mercosur », avait immédiatement démenti Valdis Dombrovskis, le directeur de cabinet du commissaire européen au commerce. Macron était pris une fois de plus la main dans le sac de la manipulation éhontée.

Avec l’Europe, les accords sont gravés dans le marbre, les désaccords sont provisoires.

Ainsi, quatre responsables confirment aujourd’hui à Politico que l’accord sera bel et bien signé lors du sommet des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro, les 18 et 19 novembre, c’est-à-dire demain… Et que le « le fonds de compensation est dores et déjà bien accueilli par la France » ! Tant pis, donc, pour les éleveurs de bœufs, les principaux concernés : on détruira leur métier et on les calmera d’un chèque.

Notre agriculture sacrifiée au profit des voitures allemandes !

À défaut, si jamais les agriculteurs prenaient vraiment au drame ce coup de Jarnac mortel, l’accord du Mercosur pourrait proposer des quotas limitant les importations de bœuf venues d’Argentine, du Brésil, du Paraguay, d’Uruguay ou de Bolivie. Des quotas évolutifs, bien sûr. Pendant ce temps, l’Allemagne pousse à la roue car l’accord ouvrira l’Amérique du Sud à l’export des voitures fabriquées outre-Rhin.

Le mensonge est un art. « Dès que les élections françaises ont été terminées, les négociations ont accéléré, avec une phase très intense depuis septembre », constate le député RN Grégoire de Fournas, lui-même viticulteur, qui suit de près le dossier. Les syndicats agricoles se mobiliseront-ils contre un accord qui provoquerait l’arrivée, en Europe, de 99.000 tonnes de viande bovine à bas prix et, sans doute, de sucre et d’autres denrées pourtant produites en France ?

La révolte gronde, dans les campagnes où l’on échange les panneaux de villages, brouillant les pistes pour les visiteurs occasionnels (Lire l’article d’Aliénor de Pompignan). « On nous parle de souveraineté matin, midi et soir et on fait tout l’inverse : on nous propose de l’argent pour arrêter de produire, déplore Sylvain Gondat, éleveur dans l’Allier et membre de la Coordination rurale, interrogé par BV. Beaucoup d’adhérents nous reprochent de ne pas agir, ajoute-t-il. Si le mouvement repart, il repartira sans les syndicats, et là, ce sera incontrôlable ».

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Nous devons soutenir nos Agriculteur ! Et nous devons acheter que des produits Agricole Français ! Nous devons appliquer à nous même, le Patriotisme économique et Agricole ! C’est le seul moyen pour soutenir nos Agriculteurs ! Acheter des produits Agricoles étranger ne les aident pas ! Amitiés à tous Hervé de Néoules !

  2. Ils vont faire des cheques pour compenser….mais ces cheques ils sortent de votre poche. Soit a l’arrivée des produits pourris payes 2 fois, une fois avec les cheques, l’autre fois a l´etal du complice.

  3.  » Macron était pris une fois de plus la main dans le sac de la manipulation éhontée. » N’ayez pas peur des mots. C’est un mensonge, et crapuleux.

    • Et les hypermarchés ??? c’est quoi pour vous ? je suis des côtés des agriculteurs français mais il n’y a pas si longtemps on ne trouvait plus un seul vers de terre dans le sol ? ils se sont bien améliorés, maintenant nous appliquons des règles bien plus dramatiques que dans l’union européenne et au détriment d’agriculteurs responsables !! Mais tous ne sont pas irréprochables allez sur le site d’un dénommé Cancel du Tarn et Garonne et vous verrez les avis sur les fruits qu »ils osent vendre aux supermarchés !! vous comprendrez !! Le grand perdant est le consommateur avant tout !!!

      • « Mais il n’y a pas si longtemps on ne trouvait plus un seul vers de terre dans le sol ». Venez chez moi admirer les taupinières, excellent marqueur de lombrics.

    • Vous avez absolument raison mais, pour certains, c’est plus facile d’accuser les grandes surfaces qui ne font qu’appliquer les dispositions que… l’UE leur permet.

  4. «Si le mouvement repart… », il y aura du monde.
    Dans mon village, un conseiller municipal en avait marre de voir les panneaux à l’envers, alors on les a remis à l’endroit. Pauvre chochotte! Comme si on ne marchait plus sur la tête.
    Affaire à suivre, avec grand intérêt.

  5. Dernières constatations dans les supermarchés : chez U la viande ovine vient d’angleterre, chez Carrefour la viande rouge préemballée, vient de Hongrie et tous les deux font venir des fruits immangeables d’une entité « Cancel » du Tarn et Garonne !! croyez vous que les supermarchés vont vendre des produits français? qu’avec des agriculteurs qui rentrent dans leur combine petit prix +qualité zéro !!Le petit père Leclerc celui qui embobine les masses par des pub lancinantes et stupides, où croyez vous qu’il achète sa ménagère (couverts) à 8€ ? en Chine , c’est certainement le plus gros contributeur à notre déficit commercial, avec ce pays !! au fait où est son yacht ? dans les paradis fiscaux ?A quand les taxes sur les importations chinoise indienne et nations unies , protection nulle !! par contre attendez l’arrivée de Trump et vous allez comprendre !!

  6. « Ceux qui nous gouvernent » savent préconiser le blocage des prix. Ces mêmes ne peuvent-ils pas créer un « prix plancher » de ce qui est produit en France, et faire appliquer ce prix plancher afin que nos producteurs puissent se verser un salaire sans attendre l’aumône de Bruxelles? Je l’ai déjà écrit et n’ai pas regardé si on m’avait répondu, mais avec les moyens statistiques dont nous disposons ça ne devrait pas être si difficile de fixer un prix « de base » pour le kilog de viande ou de fraises….Les français, ensuite, pourraient choisir le niveau de qualité qu’ils souhaitent. Les américains auraient déclaré: le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème. En France: notre modèle social est votre problème (pour les Argentins, brésiliens, et autres) Pour quoi tirer systématiquement les prix vers le bas?

    • Le contrôle des prix, quel qu’il soit, est une mesure marxiste qui a amplement fait ses preuves depuis longtemps, sans vacciner pour cela nos énarques socialistes. Et si l’Europe appliquait popur une fois ce pour quoi elle nous a été vendue, à savoir une saine concurrence, une honnête réciprocité, un ralentissement de son emballement naturel de règlementation inutile? Un exemple : si la concurrrence y était appliquée, toute l’Europe paierait son électricité au prix français, la moitié du prix allemand qui nous est pourtant imposé.

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