La Turquie expulse des réfugiés syriens : l’Europe la condamnera-t-elle ?

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La Turquie, qui espère toujours entrer dans l'Union européenne, sera-t-elle réprimandée pour le mauvais exemple qu'elle donne en matière d'accueil des réfugiés ? Selon une enquête de l'ONG Human Rights Watch, révélée par Le Monde, ce pays, qui, depuis 2012, a fourni une protection temporaire à près de 3,6 millions de réfugiés syriens, sans compter les centaines de milliers de réfugiés venus d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak et d’ailleurs, changerait totalement de politique.

On se souvient que l'Union européenne et la Turquie ont signé, en 2016, un pacte migratoire : Ankara, moyennant finances, acceptait de retenir sur son territoire les nombreux réfugiés syriens. Le président Erdoğan ne manque pas, à l'occasion, de menacer l'Europe d'un nouvel afflux massif de réfugiés en ouvrant ses frontières, ce qui a conduit l'Union européenne, en mars 2020, dans une déclaration commune de ses ministres de l'Intérieur, à « [rejeter] fermement l'usage par la Turquie de la pression migratoire à des fins politiques ».

Selon le rapport de cette ONG, les autorités turques effectueraient donc un virage à 180 degrés. Le nombre de réfugiés syriens « arbitrairement arrêtés, détenus et expulsés vers la Syrie par les autorités turques » s’élèverait, entre février et juillet, à « plusieurs centaines […], y compris des enfants non accompagnés ». La plupart d'entre eux auraient subi « des maltraitances et des tabassages » et auraient été contraints de signer des formulaires de retour volontaire. Le nord de la Syrie deviendrait ainsi « une sorte de dépotoir à réfugiés ».

Le gouvernement turc réfute, comme il se doit, ces allégations. Le Monde souligne que ce revirement s'inscrit dans un contexte économique et politique. Il y a déjà un an, ce même journal annonçait que la population turque commençait à manifester sa lassitude, précisant que « le chômage et l’inflation gagnent du terrain » et que « les réflexes de rejet se renforcent dans ce pays ». Le principal parti d'opposition répète qu’il renverra « tous ses frères syriens » chez eux en cas de victoire aux élections prévues en juin 2023.

Ce serait se tromper que de voir, dans ce rejet d'une immigration trop importante, des similitudes entre la Turquie et la France. Certes, du côté des populations se manifeste un même mécontentement et, chez les dirigeants, les préoccupations financières ou électorales ne sont pas absentes. Emmanuel Macron lui-même, quand il annonce, le 15 septembre, un « projet de loi relatif à l'asile, donc à l'immigration dans la République », n'est évidemment pas dénué d'arrière-pensées électorales. Mais qui peut croire que sa vision de l'immigration a évolué ?

La grande différence entre la France et la Turquie, c'est que la Turquie d'Erdoğan n'a aucune raison de s'inquiéter de l'invasion d'une culture étrangère. Le dirigeant turc a plutôt tendance, dans les pays européens où les ressortissants turcs sont nombreux, à favoriser l'impérialisme islamiste. L'Union européenne lui adressera-t-elle quelques réprimandes, lui demandant d'honorer son contrat ? Il est plus probable qu'elle l'indemnisera encore davantage pour qu'il garde ses réfugiés et qu'elle ne regardera pas de trop près le sort des expulsés. Peut-être même l'Europe lui fera-t-elle des concessions pour satisfaire son ambition de rejoindre, un jour, ses 27 États membres.

En revanche, si jamais la France durcissait sa politique migratoire – ce qui n'est pas près d'arriver sous la présidence de Macron –, que de pressions subirait-elle ! C'est ainsi que l'Union européenne, ce « machin » irresponsable, ouvre elle-même ses portes au cheval de Troie qui l'anéantira.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Cette Europe est vraiment irresponsable qui jette l’argent par les fenêtres sans aucun contrôle. Quel particulier ou entreprise paierait quelqu’un pour réaliser un travail, sans se donner les moyens de son exécution. Là on paie la Turquie de garder des migrants et on ne surveille pas comment ils sont traités. Et pendant ce temps, la France est surveillée et sanctionnée par la CEDH pour son traitement des migrants. Il faut sortir de ce machin et vite et si certains électeurs sont contre celui qui veut mettre un terme à ces inepties, alors qu’ils les prennent chez eux.

  2. si nous faisons cela on va nous dire « nous sommes le pays des droits de l’homme et nous sommes une democratie »

  3. Sans doute une question de mentalité.Nous sommes loin de la fermeté des Australiens.Mais sur une île éloignée c’est beaucoup plus facile.Contre exemple l’Angleterre.

  4. Ce n’est en effet, pas prêt d’arriver en France. Mais avant d’expulser, il faudrait peut-être empêcher d’entrer. Bravo à la Turquie. Mais c’est vrai, elle ne fait pas partie de l’UE. Charbonnier est maître chez lui.

  5. Et l’on apprend là que nous payons même pour des migrants qui ne sont pas chez nous mais en Turquie pour que celle ci les garde .Pas d’argent pour les soins , l’éducation , la sécurité , les retraites et les salaires de ceux qui bossent mais toujours plus pour les migrants et les racailles .

    • Nos élites ne veulent absolument pas savoir qu’elles sont nos priorités. Elles sont arc-boutées au refus de la préférence nationale.

    • Ben oui…elle aurait touché depuis 2005 de jolies sommes pour « stoker » les migrants depuis 2005 se montant à 44 milliards selon Pierre, 30 selon Paul et 17,7 selon Jacques…c’est comme les comptages de manifs selon la police et les syndicats…ce sont des crédits « revolvers »..!

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