TIMSS*, qui analyse, tous les quatre ans, la performance du système scolaire de pays du monde entier, a révélé cruellement, en 2016, que les résultats en mathématiques de nos élèves de CM1 étaient inférieurs aux moyennes internationale et européenne. Les problèmes concernent la maîtrise de simples opérations fondamentales : 37 % des élèves de CM2, selon des statistiques de l’Éducation nationale, savent faire une division (74 % en 1987), mais aussi la capacité à des exercices plus complexes : on a créé des modules de remise à niveau à l'université pour enseigner l'addition de fractions.

Les défaillances enregistrées dans l'enseignement des mathématiques, pour significatives qu'elles soient, ne sont pas les seules qui minent le sol déjà bien fragile de notre École. Tout le monde sait maintenant, notamment grâce à des évaluations internationales comme PISA, qu'elles se rencontrent aussi dans les autres disciplines.

Le discours que l'on entend chez les pédagogues est que les professeurs, pourtant formatés depuis des lustres par les IUFM, piliers de la pédagocratie, ne seraient pas assez bons et que, surtout, le tiers des élèves éprouveraient une peur viscérale devant les épreuves à affronter.

Laissons de côté, pour le moment, le constat que les enfants asiatiques n'ont pas l'air d'être traumatisés par les nombres. Soulignons simplement que, dans le but de ne pas « discriminer » les élèves les moins performants, on n'a cessé, depuis l'imposition du collège unique, d'alléger les exigences. Il est évident que si l'on veut parvenir à un écart de niveaux réduit, il est nécessaire de demander moins et de faire en sorte que la majorité réussisse. Mais à quel prix ?

Les élèves asiatiques, quant à eux, sont élevés avec la perspective d'entrer dans une compétition sévère, sanctionnée par une sélection rigoureuse. Leur combativité ne peut qu'en être renforcée.

Ce qui frappe, en revanche, c'est l'évident manque de caractère des élèves français. Les établissements scolaires sont devenus des sortes de nurseries où la politique éducative est à la « bienveillance », un autre mot pour dire maternage. Rien n'est fait pour éprouver le courage des jeunes. Exceller, être un « intello », du reste, est quasiment une insulte dans la bouche des élèves.

Platon, l'un des pères fondateurs de l'Europe, avait défini l'idée d'« ardeur », to thumoeides, en grec. Il l'appelait « amie-de-la-victoire » et « amie-des-honneurs » (to philonikon, to philotimon). Il avait noté justement que nous avons en commun avec les animaux une propension à l'agression, à la violence. Il pensait qu'une bonne éducation, efficace et réaliste, devait se servir de cette énergie, et la faire dériver vers l'amour de la victoire et des honneurs. Réussir un défi, se surpasser, surmonter des épreuves difficiles, éviter la honte de la capitulation étaient les conditions pour obtenir une bonne image de soi. Peut-être notre École manque-t-elle de ce platonisme-là !

*TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) mesure les performances des élèves en mathématiques et en sciences par niveau scolaire et s'appuie, pour les évaluer, sur les programmes d'enseignement communs aux pays participants.

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01 septembre 2019 à 21:37

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