Journée parlementaire pour la vie : Marie-France Lorho et Emmanuelle Ménard en pointe

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Il est des colloques à l’Assemblée nationale qui drainent plus de monde et plus d’attention médiatique, mais en est-il tant qui traitent d’un sujet aussi important ? La députée de Vaucluse Marie-France Lorho organisait une Journée parlementaire pour la vie, autour de trois sujets : la gestation pour autrui, l’eugénisme et le transhumanisme. La secrétaire d’État Marlène Schiappa a tout lieu d’être envieuse : avec un casting exclusivement féminin tant pour les trois intervenantes (Aude Mirkovic, de Juristes pour l’enfance, Mariette Guerrien, de la fondation Jérôme-Lejeune, et Clotilde Brossollet pour Debunk in Progress) que pour les deux députés ayant introduit le propos, son quota de 50 % de femmes est littéralement pulvérisé.
Marie-France Lorho indiquait, dans son propos introductif, que toutes les luttes sont importantes, et Emmanuelle Ménard faisait part des incertitudes du calendrier législatif et des possibles menaces sur la limitation du temps alloué aux débats.

Sur la gestation pour autrui (GPA), il y a un quasi-consensus officiel pour dire non à cette pratique, même si un excité député la réclame, en l’affublant d’une épithète éthique qu’elle ne saurait s’attribuer : même le très progressiste Dr. Jean-Louis Touraine dénonce, dans son rapport parlementaire, la réification de l’enfant devenu l’objet d’un contrat. Mais il y a des indices troublants. Cinq fois condamnée par la CEDH pour défaut de retranscription de l’état civil d’un enfant né d’une GPA à l’étranger, la France n’a jamais fait appel. Les plaintes contre les officines étrangères venant démarcher en France pour des GPA exotiques sont classées sans suite par les parquets. La clémence du verdict de Blois où la mère porteuse n’a été condamnée qu’à une peine d’un an de prison avec sursis pour escroquerie, et les commanditaires à une amende avec sursis aussi, a de quoi surprendre.

Poursuivre les commanditaires et les intermédiaires français des GPA à l’étranger serait simple, puisque c’est possible de juger en France les touristes sexuels abusant, ailleurs, de mineurs prostitués. Toutes ces incohérences entre le principe et ces faits tangibles ne sont-elles pas le signe d’un manque de courage ? Ou est-ce de l’hypocrisie que de proclamer une hostilité à la GPA qui ne serait que de façade ? Ce serait bien que l’État devienne cohérent et volontaire, dans l’intérêt de l’enfant.

Qui oserait publiquement admettre qu’il est eugéniste ? Les leçons de l’Histoire et une célèbre dystopie nous aident à ranger l’eugénisme parmi l’arsenal des régimes totalitaires. Et pourtant, quand 96 % des enfants à naître porteurs de la trisomie 21 sont avortés, n’est-il pas hypocrite de prétendre ne pas être eugéniste ? Quant à l’embryon, qui est et vivant et de nature humaine, il conviendrait de lui donner un statut juridique qui le protège. Mais pour ça, il faudrait être courageux.

Il y aurait beaucoup de chose à dire sur le transhumanisme, mais il y a une interrogation qui passionne, c’est de voir l’intelligence naturelle dominée par les algorithmes de l’artificielle. Le scénario de science-fiction a été vu et rabâché, mais c’est le futur proche maintenant, nous dit-on. Le Parlement européen s’interrogeait pour inventer au robot une personnalité juridique et morale. Qui exonérerait de sa responsabilité l’ingénieur qui a conçu son intelligence artificielle, ou son vendeur, ou son propriétaire ? Est-ce, encore, un lâche abandon du bien commun devant des intérêts privés ? Encore une incohérence de ceux qui déplorent les effets mais en chérissent les causes.

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