Jacques de Guillebon : « C’est notre rôle de stimuler le débat intellectuel et d’inviter des gens de toute la droite »
Jacques de Guillebon (L'Incorrect) raconte les origines et les objectifs de la Convention de la droite qui réunira Éric Zemmour, Marion Maréchal, Laurent Alexandre, Raphaël Enthoven, etc.
Vous comptez organiser la Convention de la droite avec Marion Maréchal, Éric Zemmour, Raphaël Enthoven, Laurent Alexandre et bien d’autres en partenariat avec Racine d’avenir et Cercle Audace. Pourquoi avoir voulu organiser cette convention ?
Cette idée vient d’assez loin. Elle a été inspirée par la grande convention des conservateurs aux États-Unis. C’est quelque chose qui manquait en France. Elle a la possibilité de réunir toutes les droites et toutes les personnes qui se sentent soit conservateurs soit anti-progressistes ou à l’écart du monde que promet Emmanuel Macron.
Cette idée est née chez Erik Tegnér et a pris forme au printemps. L’échec des Républicains lors des élections européennes nous a confortés dans l’idée que le créneau n’était pas exploité.
Vous avez invité des gens comme Raphaël Enthoven et Laurent Alexandre. Ne sommes-nous pas plutôt dans une sorte de débat d’idées plutôt qu’une convention rassemblant des gens de droite ?
C’est bien une convention. 90 à 95 % des intervenants seront de droite. Raphaël Enthoven et Laurent Alexandre ont été invités pour participer à certains débats qui opposeront des personnes de droite et de gauche. On pensait qu’il serait intéressant d’avoir un peu d’adversité et de complexité pour exprimer nos idées et mieux les affiner.
Ce seront essentiellement des personnes de droite qui exposeront leurs idées politiques, philosophiques, intellectuelles ou journalistiques.
La nouveauté de cette convention est de mettre l’un à côté de l’autre des hommes politiques et des intellectuels. On va essayer de les faire se succéder pour dresser un panorama le plus large possible de ce que pourra être la droite de demain.
Marine Le Pen a été assez lapidaire vous concernant. Elle a dit : « Il parle, nous faisons de la politique. » Jordan Bardella avait fêté sa victoire aux européennes à la Palmeraie. Y a-t-il des dissensions entre le Rassemblement national et vous ?
Nous avions déjà organisé un événement à la Palmeraie pour débrancher Mai 68 à l’occasion du 50e anniversaire. Cet événement avait eu lieu avant que Jordan Bardella ne fête son score aux européennes. Nous connaissons donc déjà cet endroit.
Nous avons fait le choix de n’inviter aucun président de parti. Cela permet de ne pas avoir de parasitage.
Nous n’avons rien contre ces personnes-là, mais nous préférons que cela se passe à un niveau un peu plus bas pour que les paroles soient plus libres. Le principe est de créer un biotope de la droite. Nous pensons que parler fait partie de l’action politique.
Il n’y a pas d’un côté la politique avec les mains dans le cambouis et, de l’autre côté, la parole. Le but est de relier les deux. Il y a, évidemment, des gens engagés au Rassemblement national qui font de la politique. Cela n’empêche pas de parler, de se parler et d’essayer de construire une vraie théorie de droite intellectuelle.
On parle beaucoup du retour en politique de Marion Maréchal. On vous soupçonne de vous servir de cette convention pour lancer un parti à droite. Qu’en est-il réellement ?
C’est entièrement faux ! C’est une légende véhiculée par des personnes qui nous veulent du mal. Nous voulons que ces paroles soient, un jour, traduites en actes et en politique.
Cette convention a pour but de se répéter tous les ans et de créer ce biotope de la droite afin que des gens s’en emparent. Ce n’est pas notre rôle de lancer une candidature ou de créer un nouveau parti. Nous avons invité le plus largement possible pour essayer de rassembler les gens de manière intellectuelle et constructive.
Organiser un événement politique avec Racine d’avenir, affilié au LR, et le Cercle Audace, réputé proche de Marion Maréchal, pose-t-il un problème ?
Pas du tout. C’est un des rôles de L’Incorrect tel qu’on l’a lancé il y a deux ans.
C’est à la fois notre rôle de journaliste d’enquête et d’investigation et, en même temps, de stimuler le débat intellectuel, notamment sur les questions politiques. Encore une fois, nous ne sommes affiliés à aucun parti politique.
Nous organisons cela avec des associations issues de différents mouvements. Cela ne met absolument pas en cause notre indépendance. Au contraire, c’est un rôle assez civique. Nous essayons de jouer là-dedans.
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