Islam en France : pourquoi le pire n’est peut-être pas certain…

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Enfin, et il était plus que temps, Emmanuel Macron se rend compte que l’immigration n’est peut-être pas la « chance pour la France » qu’on croyait. Il n’empêche que, tournant autour des mots, il peine à mettre ces mêmes mots sur l’actuelle invasion migratoire ; c’est-à-dire l’islam.

Car ce mot est devenu magique. « Religion d’amour et de paix », définition irénique pour nigauds. Ou religion méphistophélique voulant que la justification des attentats du 11 septembre 2001 soit dans le Coran, sourates violentes obligent, pour d’autres nigauds plus ou moins bien intentionnés. Cette hérésie chrétienne n’en demandait sûrement pas tant.

Il n’empêche que l’islam est devenu une réalité française. Rien de nouveau, sachant que jadis, en nos grandes heures coloniales, nous fûmes première puissance musulmane au monde. Mais aujourd’hui ?

Aujourd’hui, la France paye les erreurs du passé. Quand son grand patronat importait des travailleurs immigrés par wagons entiers, ce dernier pensait naïvement qu’ils rentreraient gentiment au bled. L’islam d’alors, cet « islam consulaire », fut donc confié à ces capitales d’un Maghreb fraîchement indépendant. Le même grand patronat a ensuite conceptualisé le « regroupement familial », juste histoire que l’immigré consomme ici « français » plutôt que d’envoyer sa paye là-bas. Avec les conséquences démographiques qu’on sait.

En 2019, la réalité vient frapper à nos portes : au million près, on ne sait plus compter nos compatriotes d’origine maghrébine et de confession musulmane. On ne sait pas plus s’il convient de parler d’intégration ou d’assimilation. D’ailleurs, dans quoi se fondre, pour ces nouveaux arrivants ? À la France de Georges Brassens ou à celle de Cyril Hanouna ? Quant aux autochtones renvoyés en leurs réserves pavillonnaires, si le seul choix qui leur est dévolu consiste à opter entre la Gay Pride et le burkini, autant se pendre…

Ghaleb Bencheikh, « Monsieur islam » du Jour du Seigneur en nos matinées dominicales, et accessoirement président de cette Fondation pour l’islam, fondée par Jean-Pierre Chevènement, semble avoir pris la mesure des défis à venir. Surtout quand, chargé de faire l’état des lieux, il affirme, à l’occasion d’un entretien accordé à L’Opinion, ce 17 septembre : « Sur l’islam, on muselle l’État français et on accepte l’œil d’Alger ou d’Ankara. »

Nous y voilà. Faute d’avoir su ou pu organiser un islam en France, l’abandonnant à des capitales étrangères, les gouvernements s’étant succédé aux affaires depuis près d’un demi-siècle ont laissé prospérer une sorte d’État dans l’État. Logique, sachant qu’il n’y a rien de plus efficace pour faire régner l’ordre dans les « quartiers » que le trafic de drogues ou le salafisme, le cumul des mandats, en cette double discipline étant tout, hormis incompatible.

Ghaleb Bencheikh, quant à lui, pratique un optimisme prudent. Proche de l’imam Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, il sait bien que nous sommes passés d’un islam en France à un islam de France. En attendant un islam français ? C’est-à-dire centré sur le cultuel plus que le culturel : est-il besoin de se déguiser en bédouin pour être un bon musulman ?

À ce titre, s’il demeure une évidence que l’islam n'est pas forcément une chance pour la France, il n’est pas non plus incongru d’imaginer que la France puisse être une chance pour l’islam. Avec les répercussions mondiales qu’il n’est pas illicite d’imaginer. Après tout, et que ce soit pour le pire ou le meilleur, la France n’a-t-elle pas toujours été à l’avant-garde ?

Aux hommes de bonne volonté, ces lignes sont dédiées…

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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