[Humeur] J’irai cracher sur vos tongs !
Chaque année, elles réapparaissent. Si les étés doivent durer plus longtemps et être plus chauds, la situation ne peut que s’aggraver.
Bien plus grave que le prétendu réchauffement de la planète, le danger vient de la tong !
S’il est un objet qui rassemble ce qu’il y a de plus laid et de plus dégoûtant dans notre société, marquant l’avachissement, la puanteur et la vulgarité vestimentaire, c’est la tong. Cette sorte de porte-pied qui ne mérite même pas le nom de sandale est l’exemple de la désinvolture et de la mollesse gluante de notre temps. Il est à remarquer que cet immonde accessoire est en vogue comme s’il incarnait tout ce que notre époque actuelle a de plus détestable : la haine de la rigueur, le mépris de la tenue et du strict !
Une semelle de caoutchouc et un bout de plastique entre les orteils laissant le talon sans retenue et incitant à traîner les pieds donnent inévitablement une démarche de gouape malpropre avachie. Même l’indigent préfère aller pieds nus plutôt que perdre sa dignité affublé de cette demi-savate des plages !
Non seulement cette horrible chose est une atteinte à la dignité humaine, mais la tong est dangereuse et ses porteurs font preuve d’égoïsme.
Dangereuse, car le plastique entre les orteils irrite la peau très fragile à cet endroit et finit par favoriser l’apparition de mycoses ou d’infections. De plus, la tong est traîtresse car elle empêche de courir en cas de nécessité et j’ai vu bon nombre de porteurs de tongs trébucher, perdant malencontreusement la chose. Il ne pourra même pas porter secours rapidement à son prochain. Le porteur de tong est égoïste.
D’autant plus égoïste que le porteur de tong ne se soucie guère du bruit très agaçant produit par le clap-clap de la semelle de plastique ou de caoutchouc frappant le talon à chaque pas du malappris. Ce bruit est accentué dans les lieux clos où il résonne. Ces choses sont souvent portées par des hommes qui exhibent leurs pieds sales, même en ville, sans scrupule.
Ajoutons qu’à la plage, lorsque l’égoïste porteur de tong marche entre les estivants allongés sur le sable sec et fin, ceux-ci reçoivent inévitablement un nuage de sable propulsé comme par une catapulte par la remontée toujours bruyante de la semelle des hideuses tongs.
Par sa dangerosité et son égoïsme, le porteur de tongs s’apparente au viet-tong !
Cette chose abominable est aussi le symbole d’une mondialisation maléfique à notre économie puisque, fabriquée le plus souvent au Brésil et en Chine, elle vient ravir la place à nos inusables espadrilles des Pyrénées.
Tout est laid dans cette chose qui lobotomise son utilisateur.
Le regard perdu dans un immense vide, la pensée du porteur de tongs est parallèle à sa démarche : molle, négligée, sans conviction… il pense avec ses pieds !
Observer la dégaine du porteur de tongs se traînant telle une baveuse limace me procure une profonde nausée, comme si se soulevait en moi toute la bile accumulée dans laquelle baignent les laideurs d’ici-bas !
Soulagez-vous et faites comme moi, la prochaine fois que vous voyez un porteur de tongs, criez-lui : « J'irai cracher sur vos tongs ! »
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