Hébergement alterné des enfants : pour aimer, il faut connaître

Lorsque la Convention tranche la tête du roi, le 21 janvier 1793, elle ne se contente pas de changer le mode de gouvernement, elle tue symboliquement le père. Dans la foulée, la République n’aura de cesse de détruire tous les liens organiques, à commencer par la famille traditionnelle, pour ériger un homme neuf, débarrassé de ses racines, hors-sol.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la société traditionnelle résista puis, logiquement, les divorces explosèrent et, avec eux, les familles. Pour nos enfants, l’heure était venue de remplacer l’apprentissage de notre histoire par celui de la théorie du genre et des bienfaits du multiculturalisme.

Des magistrats exerçant leur fonction au nom de leur idéologie déstructurante, suivis par d’autres, moutonniers et le plus souvent féminins, dirent alors le droit de la famille éclatée. La loi s’abritant derrière un prétendu « intérêt de l’enfant », rien d’autre que ce terme n’encadre les juges aux affaires familiales. Dès lors, ce fut la généralisation du week-end sur deux pour avoir le « droit » de voir son père. Avec, en prime, l’impunité totale pour la mère lorsqu’elle s’opposait à ce ridicule « droit de visite ». Impunité toujours de mise. Avec des ravages dont on ne mesurera jamais l’ampleur.

Aussi, lorsque la résidence alternée fut enfin légalisée en 2002, elle agit comme un cautère sur une jambe de bois, n’étant mise en place que sur demande des deux parents, et sans aucune obligation de résultat. Or, quand on se sépare, c’est rarement pour cause d’entente cordiale. Et pourtant, il faut bien qu’au couple conjugal qui meurt survive le couple parental.

Soit les parents sont fondés à élever leurs enfants (société organique), soit ils ne le sont pas (et, alors, vive les familles dites « homoparentales » et tout ce qui va avec). Le divorce n’a rien à voir là-dedans. Si l’on s’en tient à la première éthique (celle de la nature), alors, en cas de séparation parentale, il convient de tout mettre en œuvre pour que les enfants maintiennent des "contacts fréquents et prolongés avec chacun de leurs deux parents".

C’est ce qu’ont compris, il y a déjà fort longtemps, les Californiens, loin de toute idéologie. Là-bas, il est gravé dans la loi qu’en cas de divorce, il appartient aux parents, et à eux seuls, de mettre en œuvre des modes d’hébergement pour les enfants selon cette finalité. S’ils ne le font pas, et seulement alors, un juge intervient pour « confier l’hébergement principal à celui des deux parents le plus disposé à cette mesure : contacts fréquents et prolongés avec chacun des deux parents ».

Dès lors, on comprendra aisément que, dans le modèle californien, les deux parents ont tout intérêt à trouver un terrain d’entente.

À rebours de ce qui se passe chez nous où, en cas de difficulté, la mère peut en toute impunité empêcher les enfants de voir leur père. L’auteur de ces lignes et sa fille l’ont vécu dans leur chair. C’est ainsi que plus d’un enfant sur trois ne voit plus jamais son père après un divorce !

« Pour aimer, il faut connaître », écrivait Saint-Exupéry. Trop simple sans doute, trop évident pour nos magistrats payés par nos impôts. Les mêmes qui laissent en liberté les délinquants multirécidivistes…

Aussi, lorsque j’ai lu ces jours-ci dans vos colonnes l’article de madame Merlin-Chazelas, mettant en cause ce besoin et ce « droit » élémentaire à vivre avec son père comme avec sa mère, j’ai cru m’être trompé de journal. Même s’il est vrai que depuis cinquante ans la « droite » classique (il n'est, ici, pas question de Boulevard Voltaire) accumule les poncifs les plus ineptes en la matière.

Bien entendu, l’hébergement alterné (et non la « garde partagée », terme épouvantable qui, de toute façon, est dissocié en France de la notion d’hébergement) nécessite des adaptations et des sacrifices de la part des parents, et n’est pas toujours possible (surtout si la mère part délibérément à l’autre bout de la France), mais il faut savoir ce que l’on veut : que tout soit fait pour que les enfants continuent à être élevés par leurs deux parents naturels, ou pour qu’ils leur soient arrachés !

Hugues de Tressac
Hugues de Tressac
Conseiller en gestion de patrimoine

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