Pour Boulevard Voltaire, Gregor Puppinck revient sur un phénomène peu connu mais pourtant bien réel en France : les pressions ou les violences que subissent des musulmans convertis au christianisme.

Le Centre européen pour le droit et la justice a rendu publics, ce mardi 30 mars, un rapport et un reportage sur les persécutions subies en France par les personnes issues d’un milieu musulman et converties au christianisme. Vous êtes directeur de l’ECLJ, pourquoi avoir voulu réaliser ce rapport et ce reportage ?

Tout d’abord pour défendre les personnes qui, en France, subissent des persécutions, des violences, des menaces et une pression en raison de leur adhésion au christianisme. Il est inacceptable, en France, le pays de tradition chrétienne et de liberté, que des personnes ne puissent pas devenir chrétiennes. Il fallait montrer la situation qui est sous-estimée, méconnue et ignorée volontairement pour mettre à la fois les gouvernants face à leurs responsabilités mais aussi mettre les chrétiens face à leurs responsabilités d’accueillir, regarder, défendre et protéger les personnes qui viennent rejoindre la communauté des chrétiens. Les musulmans de France doivent simplement arrêter ce type de comportements absolument inacceptables dans notre pays.

Quel genre de comportement peut-on observer ?

Cela dépend des familles dans lesquelles ces situations se produisent. On peut vraiment parler de persécution. Ce sont des brimades permanentes en raison de la religion de la personne. Cela correspond à la définition juridique du mot « persécution ». Cela va de l’enfermement des jeunes filles dans leur chambre pour les empêcher de sortir jusqu’à ce qu’elles reviennent à l’islam, de mariage forcé, de renvoi au pays d’origine des parents, de violence physique, de viol et d’assassinat. Nous avons deux témoignages d’assassinats de convertis en France par des islamistes.

À quand remontent ces assassinats ?

Ils remontent aux cinq dernières années.

Ce rapport sort au moment où la loi sur le séparatisme n’est pas encore débattue dans ce pays. Pourquoi la République laïque ne prend-elle pas en compte ces problématiques-là ?

Il y a d’abord une omerta sur ce sujet. Le contexte du projet de loi sur le séparatisme est important. L’ECLJ a fait des propositions d’amendement au projet de loi pour renforcer les poursuites pénales envers les personnes qui font entrave à la conversion. L’une de nos suggestions a déjà été votée en première lecture à l’Assemblée. C’est une bonne chose. Nous souhaitons qu’il y ait ,dans le projet de loi, une pénalisation explicite de l’entrave à la conversion. En France, il est important de garantir de façon forte et explicite le droit de quitter sa religion et d’en changer.
C’est une composante de la liberté de conscience et de religion reconnue en droit européen et international. En France, ce n’est pas garanti de façon explicite par le droit. Je crois qu’il est aujourd’hui nécessaire que le droit pénal garantisse cette liberté.

Ceux qui sont traités dans ce rapport sont bien ceux qui changent véritablement de religion ?

Nous entendons souvent parler de quelques personnes qui ont quitté l’islam et qui sont athées. Nous avons voulu regarder plus précisément la situation des personnes qui quittent l’islam pour rejoindre le christianisme. Cette réalité est importante. Parfois, leur situation est encore pire que celle des musulmans « athées ». Un musulman athée peut parfois faire semblant d’être musulman. Dans l’islam, il y a beaucoup d’athéisme parce qu’ils se conforment à des usages sociaux extérieurs suffisant pour vivre en paix dans la communauté. En revanche, une personne qui devient chrétienne ne peut pas continuer à pratiquer les rites musulmans. La situation des ex-musulmans convertis au christianisme est plus difficile que celle des musulmans qui, simplement, ne croient plus.
Les personnes d’origine musulmane qui se convertissent au christianisme connaissent souvent un changement profond dans leur relation à la France. Ces deux mouvements complémentaires sont importants pour la France. Je suis convaincu que l’avenir de la France passe en grande partie par l’annonce de l’évangile et la conversion des musulmans.

L’Église arrive-t-elle à accompagner et protéger ces personnes qui passent de l’islam à la religion chrétienne ?

Pas encore suffisamment. C’est un défi pour l’Église. Dans chaque diocèse, l’Église doit prévoir un prêtre en charge d’accueillir ces convertis. Sur le plan du droit, L’ECLJ, avec d’autres associations, a lancé une ligne téléphonique d’écoute pour entendre les personnes qui font l’objet de pressions ou de violences en raison de leur conversion ou de leur désir de quitter l’islam.

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01 avril 2021 à 19:17

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