L'euphorie ambiante et les festivités consécutives à l'élection du nouveau président de la République ne doivent pas nous faire oublier que la France est toujours en état d'urgence et que le risque d'attentat est à son maximum. Pourtant, la mésaventure arrivée à des policiers d'un commissariat du Val-de-Marne il y seulement quelques jours pourrait faire douter du sérieux avec lequel une telle menace est considérée par les pouvoirs publics.

En effet, jeudi dernier, deux individus, l'un fiché S et l'autre connu pour divers braquages, ont réussi à pénétrer dans les locaux de la police pour y faire du nettoyage. Mandatés par une société privée de nettoyage, ils sont en effet allés désinfecter des cellules de garde à vue. Heureusement, leur intervention n'a duré que quelques minutes et les policiers, alertés par le comportement suspect des intéressés, ont eu le réflexe de passer nos deux techniciens de surface au terminal des personnes recherchées.

Ce fait divers, apparemment sans conséquence dommageable cette fois-ci, doit permettre aux services de sécurité de reconsidérer un certain nombre de procédures qui permettent à des personnes étrangères aux services de police d'y accéder pour diverses raisons. Les deux "nettoyeurs" étaient, pour le premier, en possession d'un badge périmé et, pour le second, non porteur de ce document pourtant indispensable en de telle circonstances.

D'une façon plus générale, c'est encore un fois la gestion des fichés S qui est remise en question. Et de se demander comment un individu fiché pour les éventuelles menaces qu'il représente pour la sûreté de l'État a pu être employé par une société dont une partie au moins de l'activité réside dans l'entretien des locaux de police.

Trop nombreux pour être correctement suivis (on parle actuellement de plus de 10.000 fichés S recensés), le débat sur les dispositions à prendre concernant les plus dangereux d'entre eux reste ouvert. Par ailleurs, le traitement de ces fichés n'est pas sans soulever un certain nombre d'interrogations, puisque le niveau de dangerosité n'est pas aujourd'hui un critère prioritairement pris en compte. De nombreux exemples montrent que les mailles du filet antiterroriste sont encore trop larges. Et le programme du candidat Macron, devenu entre-temps président de la République, n'était pas sans montrer de larges insuffisances dues à un manque de préparation évident. En effet, les mesures préconisées par le nouveau locataire de l’Élysée sont trop générales et trop confuses pour pouvoir apporter des solutions concrètes et efficaces à un problème majeur pour la sécurité des Français.

Il faut donc espérer qu'aux prises avec la réalité, des mesures sérieuses seront mises en œuvre pour parer les attaques qui ne manqueront pas de se produire. La sécurisation des services de l’État, à commencer par les commissariats, devra être revue et étendue à l'ensemble des locaux et des sites sensibles. Cela passera nécessairement par un travail en profondeur sur les modalités de recrutement des sociétés privées, amenées à collaborer avec l’administration.

De la même manière, la gestion des fichés S devra être rationalisée et tenir compte, notamment, de la dangerosité qu'ils présentent pour notre société et nos institutions. Si c'est par un fait divers, somme toute banal, que la problématique terroriste s'invite à nouveau dans le débat public, il convient de rester extrêmement prudent, tant le sujet est loin d'avoir été épuisé. Il faudra que les responsables politiques nouvellement investis prennent ce dossier à bras-le-corps et trouvent les solutions qui, jusque-là, font cruellement défaut.

2438 vues

16 mai 2017 à 12:41

Partager

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.