Faire cour à l’Élysée : le grand débat des intellos …
Après le grand débat dans les régions, c’était, lundi, le "grand débat à l’Élysée". Après faire rond-point, on a fait France. Juste au lendemain de la casse du siècle sur la plus belle avenue du monde ! Décidément, Emmanuel Macron fait de sa vie une œuvre d’art. Rien que du beau linge de méninges : 64 intellos « venus de tous les horizons ». Huit heures de débat autour de tables blanches, avec leurs carafes d’eau cristalline : des laboratoires de la pensée en marche.
Le choix des invités était le fait du prince selon Machiavel. De manière qu’on dise : pourquoi lui et pas moi ? Il y avait, c’est vrai, les incontournables : Pech, Boucheron, Frydman, le « papa » d’Amandine, Cédric Villani, le chouchou à l’araignée. Il y avait du lourd avec Brague, Kepel, Gauchet, Darcos. Toutes ces têtes pensantes, si l’on peut dire, étaient descendues de leur Aventin, sauf Finkielkraut retiré à l’étranger, Sylviane Agacinski, peu satisfaite des conditions du débat, et Lordon qui avait boycotté. Tous les domaines de la pensée étaient représentés : sociologues, politiques, économistes, mathématiciens. Un air de Nouveau Monde flottait avec des « politistes » dont Agathe Cagé, présidente de l’agence conseil Compass Label, ancienne "directeuse" adjointe du cabinet des ministères (j’écris comme je veux car la langue m’appartient : c’est mon droit). De quoi a-t-on parlé ? Mais de tout, absolument de tout. Samedi ? Je faisais du ski ? Le ministre de l’Intérieur ? Oui, dans une boîte de nuit.
Nos intellectuels avaient été priés de sortir de leur vision de vieux schnocks englués dans l’invective permanente. De laisser dans leurs poches « leurs propos assassins et « de cesser de faire du bruit avec leurs vieux instruments… » De « faire action » et non commentaire pour une « en vision commune ».
Peu de choses ont filtré de cette « grande partouze de la pensée », selon l’expression savoureuse d’Élisabeth Lévy dans Causeur. De quoi on a parlé ? De tous les grands thèmes du moment, pardi : de l’inégalité climatique à la démocratie scientifique, du pognon de dingue des happy few aux victimes du destin français. De tout et, en même temps, de rien : de tout et de rien. Des casseurs qui cassent le samedi sur l’air de « casse toujours » ; du statu quo de la loi de 1905 parce que ça chauffe côté islamo-catho-facho. De la culture en France et non de la culture française. De Hegel et de moi, de la nouvelle politique de santé mentale. L’essentiel, c’est qu’on ait fait parole. Ce qui s’appelle "faire logos".
Notre Président aime le décorum : les grandes eaux de Versailles avec les GAFA, la Sorbonne avec Richelieu, la tour Eiffel et Donald. Il aime faire peuple en périphérie et faire roi au milieu d’une cour. De quoi a-t-on parlé ? Encore cette question ? De toute manière, il y aura un grand rapport de ce grand débat, sur un site dédié consultable en ligne. Ce qu’on appelle « une mise en abîme » dans le Grand Théâtre du monde.
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