Face aux montagnes d’ordures auxquelles elle a contribué, Anne Hidalgo déclenche une « cellule de crise »

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C’est l’histoire du pompier pyromane : après avoir fermé sa mairie pour que les grévistes puissent aller défiler, après avoir expliqué qu’on ne saurait rompre la grève des éboueurs et encore moins opérer des réquisitions, après que sa ville fut devenue la risée du monde entier et concrétise le ras-le-bol des citoyens face à la chienlit des élites, Anne Hidalgo annonçait, ce mardi, dans un communiqué, la mise en place d’une « cellule de crise » destinée à informer quotidiennement sur la situation des ordures, des manifs et des exactions dans la capitale.

C’est que nous sommes en guerre, comme on nous le serine depuis quelques années. Ainsi la cellule de crise de la mairie de Paris a-t-elle déjà été activée au moment des attentats de 2015, des crues de 2016, des canicules et de la crise Covid, rappelle Le Parisien.

Donc, ladite cellule « se réunira tous les jours et permettra, sous l’autorité de la maire de Paris, de faire le point sur la situation en présence des adjoints à la maire, des maires d’arrondissement et de la secrétaire générale de la ville ». Précisément, cette réunion au sommet « permettra d’identifier et de prioriser les actions à engager et de prendre les décisions qui s’imposent afin d’assurer la continuité des services publics pour les Parisiennes et les Parisiens et les en informer en temps réel », ajoute la mairie. Et le maire PS du XIXe de se réjouir auprès du Parisien : « Il y a besoin de se mettre en situation de réagir rapidement (sic) et cette cellule nous permettra d’être encore plus réactifs (resic). »

On se pince… La grève des éboueurs a commencé le 5 mars dans la capitale, reconduite au moins jusqu’au 27. Et c’est après 17 jours et quelque 10.000 tonnes entassées sur les trottoirs qu’on envisage de « se mettre en situation de réagir rapidement » ?

La gestion des ordures dans la capitale est d’ailleurs en soi un scandale. Épinglée dans un rapport de la chambre régional des comptes rendu le 16 mars, il apparaît des différences exorbitantes selon que le ramassage des ordures est effectué par la ville ou par des privés : le coût varie de 124 euros la tonne de déchets enlevée par les prestataires privés, contre 144 à 344 euros pour celle enlevée par la municipalité, grimpant jusqu’à 912 euros dans l’écoquartier des Batignolles où l’on se vante d’avoir mis en place un système « moderne et écologique à la fois ».

Autre point noir sur lequel pourrait se pencher la cellule de crise : les « chantiers suspendus » pour cause de manifestations ou de dégradations. À quoi il faut ajouter les cambriolages qui explosent. C’est Europe 1 qui le révélait, mercredi matin : « Les cambriolages se multiplient sur les sites en construction des Jeux olympiques de Paris 2024. Dans le viseur des cambrioleurs, de l'outillage, des matériaux, du cuivre. » Il s’agit d’une « délinquance d’opportunité commise majoritairement par les ressortissants des pays de l’Est de l’Europe », dit la police…

Anne Hidalgo, elle, joue les grandes dames et conclut ainsi son communiqué : elle « appelle au calme et exhorte le gouvernement à retirer sa réforme et engager le dialogue avec les partenaires sociaux ». Incapable de dépasser sa guéguerre avec Emmanuel Macron et son gouvernement, elle oublie qu’il ne s’agit pas de régler ses petits comptes politiques mais de sauver ce qui peut encore l’être de notre capitale.

Comme l’écrit Gabrielle Cluzel, l’image est désastreuse pour les touristes qui débarquent dans la puanteur en ce début de printemps et, comme le dit Jean-Pierre Lecoq, le maire (LR) du VIe arrondissement : « À ce rythme, le roi Charles III attendu la semaine prochaine va être accueilli entre deux murs d’ordures. »

Mais n’est-ce pas, au fond, le souhait secret d’Anne Hidalgo ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Hidalgo doit bien aimer les rats puisqu’elle a contribué pour que les ordures soit dans la rue pour les nourrir .

  2. Nous connaissons tous cette phrase de Bossuet,… dieu se rit des hommes qui deplorent
    les effets dont ils chérissent les causes !…

  3. « délinquance d’opportunité commise majoritairement par les ressortissants des pays de l’Est de l’Europe »
    Sans blague?

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