[L’ÉTÉ BV] Extinction de l’éclairage public et augmentation de l’insécurité : merci qui ?

RUE NUIT

Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, nos chroniques du Macronistan.

20h20 dans ma ville : les lumières s'éteignent, seulement cent mètres au-delà de l'hypercentre. Des dizaines de lotissements sont plongés dans l'obscurité la plus totale pour toute la nuit. Plus de balade digestive dans le quartier. Plus de retour à pied pour les enfants. Jusque-là, un sociologue de gauche diagnostiquerait que je suis seulement victime d'une hausse du sentiment d'insécurité. Et France Info, il y a un an, avait trouvé un urbaniste et un policier pour abonder dans ce sens.

C'est que ce débat sur le lien entre arrêt de l'éclairage public et insécurité est relancé depuis l'envolée du coût de l'énergie et les mesures de sobriété décidées par le gouvernement et les collectivités locales. Avec Élisabeth Borne et des grandes villes gouvernées par des maires écolos, c'est la doxa qui s'est imposée partout : éteindre l'éclairage est bon pour la sobriété et pour la préservation de la biodiversité en ville. Et les inquiets et les Cassandre se sont vu opposer préventivement le fameux sentiment d'insécurité.

Mais depuis plusieurs mois, les témoignages et les reportages se multiplient qui témoignent d'une hausse objective de l'insécurité, notamment des cambriolages, à la faveur de l'extinction des feux. Les petites villes de la France périphérique et rurale (tiens, encore elle, la pauvre misérable…) seraient particulièrement touchées. Ainsi, en mars dernier, TF1 avait enquêté à Figeac, petite ville du Lot, où les cambriolages chez les commerçants étaient en nette hausse depuis la fin de l'éclairage nocturne : « À Figeac par exemple, il y a eu 40 % de vols en plus par rapport à l’année dernière. Les commerçants sont furieux. » La démonstration semble implacable, mais le maire ne veut pas revenir en arrière et incite les commerçants à s'équiper de systèmes d'alarme et... d'éclairage ! À Paris aussi, sur le Champ-de-Mars, la question de l'éclairage écolo, très tamisé pour nos amis les oiseaux, a été mis en cause lors des viols et multiples agressions ayant défrayé la chronique, ces derniers mois.

Nous avons eu, cette semaine, confirmation de l'augmentation des cambriolages avec l'arrêt de l'éclairage dans un département rural du sud de la France grâce au témoignage d'un gendarme. Il ne peut que constater que les lotissements plongés dans l'obscurité sont devenus une proie facile. D'abord, les habitants sortent beaucoup moins le soir, laissant le champ libre aux malfrats qui ne sont plus dérangés. Et l'obscurité les couvre dans leurs tentatives comme dans leur fuite. Ensuite, les gendarmes sont victimes de l'effet tunnel, bien décrit, par ailleurs, sur TF1, par le commandant Pierre Marchadour, chef du service de nuit départemental dans les Côtes-d'Armor : « On voit ce qui est devant nous, mais pas plus. » Dans Le Parisien, un policier s'alarmait : « Aveugles, nous sommes vulnérables. »

Comme toutes les grandes décisions imposées par les écologistes (réduction du nucléaire, fin du moteur thermique, tout éolien, etc.), celle-ci frappe aussi par son côté excessif, systématique et unilatéral : aucune prise en compte des conséquences et des dégâts collatéraux.

Devant le mécontentement qui gronde (tiens, un motif de plus…), plusieurs maires de ce département seraient prêts à revenir sur cette mesure, nous a aussi confié ce gendarme.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 10:41.
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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Et sans même parler d’ agression. Combien de gens rentrent ou partent au travail, alors qu’il fait encore nuit. Un nid de poule, une bouche d’ égout, une différence de niveau ( trottoir) , éblouissement dû aux véhicules qui roulent plein phare, etc et c’ est la gamelle assurée ! Formidable

  2. La macronie, la gauche c’est l’obscurantisme. Classement PISA, disparition de l’industrie Française suite aux nationalisations de 81, sabordage délibéré de notre industrie nucléaires pour quelques accords électoraux pitoyables, etc. etc.
    Ce n’est pas un hasard si la prétendue école de la république ne forme plus que des analphabètes. Il faut bien des électeurs pour ces bonimenteurs.

  3. Avant de prendre ces mesures imbéciles de restriction, qui a eu seulement l’idée d’en évaluer l’importance réelle sur la consommation d’énergie ? Evidemment personne. Comme pour la plupart des mesures stupides prises à droite et à gauche pour participer au « sauvetage de la planète ». Armé de la doxa que les rejets de gaz à effet de serre, dont en premier lieu le CO2 (lequel, faut il le rappeler, est indispensable aux végétaux) sont nuisibles, aucun responsable de ces idioties n’a effectué l’opération mathématique élementaire qui conduirait logiquement tout être normalement constitué à considérer que diviser par deux 1 % des rejets supposés nuisibles (chiffres officiels pour la France de la nouvelle bible que constituent les données du GIEC), les réduira à 0,5%, et n’aura au niveau mondial qu’un effet strictement nul.

  4. Cette affaire me fait revenir sur l’éclairage des autoroutes bien connu en Belgique, quoique surtout dans le sud socialiste du pays. Il avait été question de supprimer l’éclairage des autoroutes il y a bien 20 ans d’ici, mais il y avait sans doute des intérêts dans la gabegie lumineuse car des « experts » racontaient alors que la suppression des lampes n’aurait qu’un gain marginal. Or maintenant, la mairie de ma ville coupe l’éclairage urbain à minuit et le remet à 5hrs en disant qu’il y a une grosse économie chers auditeurs…Tiens, bizarre.

  5. Attention, si les maires font cela, ils seront punis severement et certainement beaucoup plus que les voyous qui rôdent dans les rues la nuit .

  6. Il ne faudrait pas oublier qu’il reste des personnes qui se déplacent à pieds. Là, pour tous ces braves gens c’est le parcours du combattant :
    – l’état des trottoirs est souvent désastreux, de quoi finir aux urgences
    – l’encombrement des dits trottoirs par toutes sortes de poteaux, de piquets (et autres systèmes d’entrave au stationnement), de poubelles, de quoi finir aux urgences
    – ne pas oublier les trotinettes et autres cycles sans éclairage sans doute pour economiser l’électricité (malgré l’obligation du code), encore de quoi finir aux urgences
    Je suis certains que chacun pourra allonger cette liste qui n’est pas exhaustive. Une fois de plus les preneurs de décisions n’ont pas anticipé la stupidité et le danger de telles mesures…

    • Ce qui n’est pas pour déplaire aux sites de revente tels que « le bon coin » , et aux vendeurs de boulons de roues anti-vol ! Et vive l’idiotie ambiante, d’ailleurs mon chien a décidé de ne plus sortir de chez nous dans notre village des Côtes d’Armor puisque M’Sieur le Maire a décrété qu’à 19h30, c’est le black out.

    • Lorsque tous le gens intelligents se réuniront sous une même bannière pour mettre fin aux délires de cette dangereuse cohorte de destructeurs en tout genre. Il ne tient qu’aux Français normalement constitués de faire entendre leur point de vue.

    • C’est pour faire des économies sur la facture Energies que les mairies ont adopté cette mesure, pas pour le bien-être des chauve-souris ! Dans ma banlieue pavillonnaire, le black-out n’intervient qu’à 23h30, mais y’a plus personne dans les rues après 20h !

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