Vous vous souvenez certainement de la Danse macabre, de Camille Saint-Saëns, reprise en partie dans Le Carnaval des animaux. Dans ce morceau très expressif, le xylophone imite les os qui s'entrechoquent dans cette valse des ossements. On s'aperçoit aujourd'hui que, si on mixe Saint-Saëns avec un fond de Motörhead, eh bien, ça risque de donner la bande originale du cimetière de Pantin. Jugez-en vous-même : Pierre Liscia, conseiller régional LR d'Île-de-France, a publié, le 22 mai au matin, une vidéo Twitter dans laquelle il interroge un employé suspendu du cimetière susnommé, l'un des plus grands de la région. Il dit s'être rendu sur place le 19 mai et avoir vu des choses pas terribles, notamment un crâne à l'air libre. Face à ces accusations, la ville de Paris envisage de porter plainte contre Pierre Liscia.

Commençons par dire que certaines circonstances du tournage de cette vidéo sont sujettes à caution : les vidéos d'ossements fournies à l'appui de cet entretien datent d'il y a quatre ans. Ce sont, si vous voulez, des "images d'illustration". Pas très chic. L'entretien, lui, est bien réel, mais Pierre Liscia oublie de préciser pour quel motif ce fossoyeur a été suspendu. On n'en saura pas davantage. Ce sont peut-être des vétilles - ou peut-être pas -, mais le doute est permis.

Ces points mis à part, et quoi que l'on pense de la validité des méthodes et du discours de Pierre Liscia, on ne peut s'empêcher d'être révolté quand on apprend comment les tombes sont "libérées", c'est-à-dire au tractopelle. Théoriquement, la pelle mécanique s'arrête à 20 centimètres du cercueil (pas 19, pas 21) et le fossoyeur termine alors le travail à la pelle manuelle ; "avec respect", évidemment. Ensuite, le corps est exhumé. Le fossoyeur qui témoigne affirme que plusieurs de ses collègues vident les tombes à la pelleteuse. Les registres en attesteraient. On ne sait pas.

La poursuite de la décivilisation, aussi appelée ensauvagement, se poursuit. Les tombes ne sont pas entretenues, dit un reportage du Parisien sur cette affaire. De plus en plus de gens se font incinérer. Le gouvernement promeut l'euthanasie. Bref, nous sommes en train de renoncer à ce qui nous séparait des animaux : le respect de la fin de vie, l'enterrement de nos morts et le respect accordé aux sépultures. Dans la grande déchetterie pour macchabées qu'on nous prépare, on s'apercevra bientôt que tous ces morts, dont personne ne s'occupe, pourraient utilement être réemployés. Recyclés, quoi. C'est le sens des récentes initiatives sur les tombes biodégradables ou du compostage humain, dont il a déjà été question dans BV. C'était aussi le sens d'un vieux et prémonitoire film de science-fiction : Soleil vert.

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23 mai 2023 à 18:14

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20 commentaires

  1. On ne saurait mieux dire. Lorsqu’une députée dont je ne me rappelle plus le nom a voulu déposer un projet de loi pour permettre le compostage humain, je lui ai adressé un mail dans lequel je disais que depuis des millénaires, l’homme se distingue du singe par le respect qu’il porte aux défunts et que je la félicitais pour son initiative qui nous ramenait donc à la condition des singes. Jamais eu de réponse bien entendu. Mais, comme le souligne M. Florac, nous n’en avons certainement pas fini puisque se profile à l’horizon le droit de tuer qualifié en termes orwelliens de « droit à mourir dans la dignité ». En attendant que les inévitables dérives ultérieures permettent d’éliminer les vieux qui coûtent trop cher, les oncles susceptibles de laisser un petit pactole, etc. Il n’est que de voir la touchante unanimité des dirigeants de mutuelles en faveur de ce « progrès » pour comprendre ce qu’il en sera réellement.

  2. « tous ces morts, dont personne ne s’occupe, pourraient utilement être réemployés. Recyclés, quoi »
    Oui, les grillons adorent cela et il parait que les grillons sont délicieux (sauf pour les allergiques. les premiers morts à cause d’un œdème de Quincke commencent à apparaître, car pas d’obligation de mettre dans la formule la présence de farine de ces merveilleux insectes)

  3. Une civilisation qui ne respecte plus ses défunts est une civilisation vouée à disparaître.

  4. Avec l’incinération , nous évitons la profanation et le saccage des tombes !
    Nous évitons également la propagation de maladies infectieuses à long termes et le manque de place tant décrite par la mairie de Paris !

  5. L’office du mercredi des cendres résume tout: » tu es poussière et retourneras poussière. « 

  6. J’ai eu l’occasion de voir la vidéo sur YouTube, ça fait froid dans le dos.
    Aucun respect pour les morts, aucun respect pour la loi, ajouté au vols de toutes pièces d’orfèvrerie retrouvées sur les défunts.
    Un pays qui ne respecte pas ses défunts, est un pays qui ne se respecte pas.
    Je comprends, par manque de place, cette loi des 99 ans. Cependant, cette loi devrait être organisée de manière à ce que cette horrible « mascarade » ne puisse se produire.

  7. Ma jeunesse c’est déroulée au dessus du cimetière de Pantin. Mes grands- parents y ont leur dernière demeure.
    Ce cimetière était déjà très grand et très bien entretenu à l’époque. Il en émanait un repos apaisant. C’est ignoble, ce reportage montre que l’ignominie n’est même plus exclue de ce monde que nous vivons. Il n’y a plus rien de bon à attendre ici bas. Pas étonnant que le France se désintègre au grand galop, tout le monde s’en fout. Perdre la mémoire, plus rien respecter, je plains ceux qui vont arriver dans ce monde de pourris.

  8. On voit le niveau de civilisation à la façon dont les morts sont traités. Nos socialistes ne sont pas rassurants. Soyez rassuré, ce n’est pas pas la première fois que ce genre de procédé est appliqué. C’est de plus en plus courant.

  9. Je connais assez bien le sujet puisqu’une grande partie de ma carrière s’est déroulée dans l’univers du funéraire. Les cimetières parisiens intra muros n’offrent plus de possibilités d’achats de sépulture. Les cimetières parisiens extra muros , Thiais et Pantin , permettent l’attribution de terrains 6 et 10 ans pleine terre . Ils sont renouvelables mais beaucoup sont abandonnés. Les conservateurs ont besoin de places. Les ossements oublies au sol lors d’exhumations administratives sont chose courante dans ces grandes nécropoles. Chiens. Chats, corbeaux le savent.

  10. Finalement, que reproche t’on de sérieux à ceux qui, dans les années 40, pratiquaient l’euthanasie et l’incinération à grande échelle, sur des sites dédiés ? C’étaient des précurseurs incompris, sans plus !

    1. On y va mais bien sûr ce n’est pas grave, car c’est le peuple elu qui commande, et non lui qui subit.

  11. Soleil vert ..ça y est on y vient .
    Le charnier de la faculté Descartes nous a déjà préparé à la plus grande des infamies …
    Euthanasie programmée et fin du respect du aux morts .
    Pleurons notre culture ,nos traditions notre religion bafouées

  12. Le compostage humain fût une réalité bien documentée, entre Vosges et Pas de Calais, de 1914 à 1918 en France et dans toute l’Europe du siècle précédant . Nous y mangeons des salades à la moelle de Poilus et des betteraves à la viande guerrière .

  13. Je me souviens du film « soleil vert », vu quand j’étais enfant…Jamais je n’aurais imaginer qu’une telle ignominie puisse se profiler dans un pays civilisé tel que la France…Tout porte a croire que « soleil vert » est notre avenir proche, nos cadavres servant de nourriture aux vivants.

  14. c’est ignoble !! On m’a fait le même « coup » pour ma grand’mère à Besançon ( maire rouge/pastèque ) pendant le confinement ; une belle tombe de marbre rose impeccable et entretenue tous les 2 ans comme possible quand on habite à + de 500 kms: fracassée; tout à la poubelle.. !

  15. Comment voulez-vous qu’un peuple qui a accepté l’élimination de ceux qui sont à naitre respecte ceux qui sont déjà morts ?

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