Éviction de Finkielkraut par LCI : une affaire où tout le monde a tort

Finkielkraut

Interrogé, ce lundi, par David Pujadas sur la sordide histoire d'Olivier Duhamel, Alain Finkielkraut a tenu des propos plutôt choquants sur la question du consentement éventuel d'un adolescent de 13 ans à des actes commis par son beau-père. La réaction de LCI n'a pas tardé : viré sans autre forme de procès, le philosophe ne comprend pas.

Il y a, dans ces deux réactions successives, toutes les marques de notre époque. Il y a, d'abord, les restes du vieil esprit soixante-huitard qui n'en finit pas de crever, comme un vieux monstre, y compris dans l'intellect d'Alain Finkielkraut : se poser la question du consentement d'un adolescent à un viol à caractère incestueux pouvait faire sourire ou réfléchir Saint-Germain-des-Prés, dans les années 70 ; un peu moins, aujourd'hui. Il y a aussi la pudibonderie stupide de LCI, si prompte, comme toutes les chaînes d'information, à encenser et/ou/puis à condamner jusque dans ses propres rangs, LCI qui se fend, en outre, d'un communiqué pour rappeler, après avoir annoncé le licenciement sec du philosophe, qu'elle respecte la pluralité des opinions ; joli summum d'hypocrisie... Il y a, enfin, l'immédiateté qui fait de tout événement un scandale, puis rien du tout ; l'immédiateté qui oblige à réagir, à prendre parti, à répondre, à « prendre les mesures », « en responsabilité et en conscience », comme on dit dans l'infra-langage postmoderne. Sans cela, on est livré à la curée des associations écumantes de haine, qui hurlent qu'elles luttent contre la haine. Désespérant tableau.

Finkielkraut a raison de ne pas comprendre. Il avait tous les brevets de respectabilité médiatique, à commencer par un esprit légèrement réactionnaire qui donnait au bourgeois le plaisir d'un petit frisson. Il a d'autant plus raison de ne pas comprendre que d'autres, comme Daniel Cohn-Bendit, continuent d'officier à des heures de grande écoute, alors que le point de vue de ce phare de la pensée estudiantine sur le consentement des mineurs est bien plus documenté que les suppositions prudentes d'Alain Finkielkraut. Il faut dire que l'un est de droite, l'autre non ; que l'un pose des questions, tandis que l'autre n'assène que des réponses. L'un est philosophe, l'autre est politicien. C'est comme ça, la vie.

Finkielkraut a tort, LCI a tort, bref, tout le monde a tort. Voilà. Fin de l'histoire.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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