Le débat présidentiel du 29 septembre fut un semi-échec pour Trump, mais aussi une victoire pour M. Xi Jinping, commanditaire du marécage washingtonien, représenté ici par Joe Biden et Kamala Harris.

Biden, aidé par l’animateur de Fox, avait assené son argumentaire : Trump est responsable de la mort de plus de 200.000 Américains dans la crise du Covid-19 ; il est responsable de la plus grande crise économique depuis 1929 ; avec la nomination de la trop catholique Amy Coney Barrett à la Cour suprême, il veut éliminer, en pleine pandémie, ce qui reste encore du système de santé d’Obama.

Oubliant son personnage populiste de 2016, Trump s’obstina à jouer au conservateur antisocialiste, alors que les Américains vivent dans l’angoisse médiatique de la peste noire, dans la souffrance du chômage et, en résultante, dans la crainte de ne pas avoir les moyens de se soigner en ces temps de « fin du monde ». Bref, les Américains sont devenus « socialistes » cependant que Trump devenait Mitt Romney.

Il s’est, depuis, passé deux choses en quelques jours : l’hospitalisation de Trump après son infection par le SARS-Cov2 ; puis le débat des vice-présidents, tenu le 7 octobre.

Maintenant sorti de l’hôpital, Trump se présente comme le cobaye de l’arsenal thérapeutique développé en des délais record sous son administration, et comme la preuve vivante qu’on peut, à 74 ans, avoir plus de 95 % de chances de survie. Il véhicule ainsi, en différents clips repris par les chaînes et les réseaux sociaux, le message suivant : n’ayez pas peur de cette épidémie, ne la laissez pas vous contrôler, nous savons maintenant la soigner ici, dans le plus grand et beau pays du monde.

Cela a provoqué l’ire des grands médias, Trump n’ayant pas eu la courtoisie de mourir aux soins intensifs. Le Parti démocrate a dû revoir ses argumentaires, plagiant les thèmes de campagne de Trump sur la réindustrialisation du pays et insistant ad nauseam sur leur plan de modernisation de l’Obamacare.

Dans le débat vice-présidentiel, les protagonistes avaient besoin de placer leurs arguments avec modestie. Pence l’évangéliste devait « vendre » Trump aux femmes et aux modérés, espérant le faire réélire pour prendre ensuite sa succession en 2024. Le tout sans être trop brillant pour ne pas irriter Trump ! Kamala Harris devait, de son côté, paraître « présidentiable » au public, dans la mesure où maladies ou scandales pourraient pousser Biden au départ lors de son premier quadriennat. Harris, pion d’Obama, a donc une chance de devenir - rapidement - présidente des États-Unis.

Les deux vice-candidats semblent avoir réalisé leurs objectifs. Pence assurément.

En conclusion, pour gagner le 3 novembre, Biden et Harris doivent surtout ne rien dire et se laisser porter par le système. Pour Trump, la logique serait de mener une double campagne : Pence s’occupant des bourgeois et Trump s’occupant des prolétaires et des minorités raciales. En effet, à l’issue du débat Trump-Biden, le public de la chaîne hispanophone Telemundo avait conclu que Trump avait gagné le débat contre Biden. Un signe qui alerte les démocrates, qui par ailleurs contrôlent moins bien leur électorat noir. Au point que Michelle Obama ait dû diffuser une vidéo recalibrant Trump en raciste. Nervosité ?

André Archimbaud vient de publier Anahita et la vipère des sable..

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09 octobre 2020 à 9:15

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