États-Unis : en prenant la Chambre des représentants, que pourraient faire les républicains ? (2/2)

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Aux États-Unis, les résultats des midterms tardent à venir. Néanmoins, les républicains devraient prendre le contrôle de la Chambre des représentants. Hier, nous esquissions cinq actions que pourraient entreprendre les démocrates. Aujourd'hui, en voici cinq autres.

6. Nommer un comité d’enquête sur le retrait d'Afghanistan

Les républicains ont évoqué la formation d’une commission chargée d’enquêter sur le retrait désastreux des troupes américaines d'Afghanistan en 2021. Rappelons, notamment, qu’un attentat-suicide a coûté la vie à 19 personnes et en a gravement blessé plus de 27, dont des adolescents et des soldats américains. Le représentant Michael McCaul (R-Texas), membre de la commission des affaires étrangères de la Chambre, a prévu de mener des investigations poussées sur les conséquences de cette décision troublante, et notamment sur les milliards de dollars d'équipement américain de dernier cri tombés entre les mains des talibans.

7. Nommer une commission chargée d’enquêter sur la pandémie

Les républicains sont très critiques à l’égard de l’administration Biden en raison des directives fédérales (masquage, vaccination, fermetures d'écoles et d’entreprises…). Rappelons que l’actuel président a annoncé, en septembre, que la pandémie était terminée. Pourtant, l’obligation vaccinale s’impose toujours aux non-résidents souhaitant entrer aux États-Unis. Incompréhensible. Les républicains ont notamment promis d'assigner à comparaître Anthony Fauci, l'un des principaux conseillers médicaux de Biden et Trump et directeur sortant de l'Institut national des maladies infectieuses, afin qu'il témoigne devant le Congrès. Kevin McCarthy, actuel chef de l'opposition à la Chambre, a récemment déclaré qu’un groupe d’experts enquêterait également sur les origines du virus.

8. Engager des tentatives de destitution

Certains représentants républicains ont fait savoir qu’ils engageraient des procédures de destitution visant Joe Biden ainsi que plusieurs hauts responsables de l'actuelle administration, dont l’actuel ministre de la Justice et le secrétaire à la Sécurité intérieure. Il est cependant peu probable que les républicains parviennent au bout des processus de destitution, ne disposant pas d’une majorité qualifiée au Sénat. Il reste que ce type de procédure permettrait d’exposer publiquement des actes d’administration contraires aux intérêts du peuple américain.

9. Bloquer la loi sur le financement des 87.000 agents fiscaux

Kevin McCarthy a déclaré que le premier projet de loi que les républicains déposeront à la Chambre s'ils sont majoritaires consistera à bloquer le nouveau financement de 87.000 agents à l'IRS (l'administration fiscale américaine). Il faut rappeler que les démocrates ont récemment fait voter un texte dans le cadre de la loi « Inflation Reduction Act » qui permettra à cette IRS de recruter une quantité importante de contrôleurs dont la seule responsabilité sera de vérifier les déclarations de revenus des familles de la classe moyenne. Les républicains redoutent que les contrôles visent plus spécialement les opposants au régime actuel.

10. Stopper ou réduire les aides accordées à l’Ukraine

Le contrôle des dépenses du Congrès par la nouvelle majorité est sans aucun doute le levier le plus déterminant, et ce, même si les républicains ne reprennent que la Chambre des représentants. Rappelons qu’un projet de loi de finances ne peut être adopté et mis en œuvre qu’après avoir été approuvé par la Chambre et le Sénat. S’il y a désaccord, la loi est rejetée. Ce point pourrait avoir un impact décisif sur le conflit russo-ukrainien et, partant, sur les pays européens. La raison est assez simple à comprendre : une nouvelle vague de républicains arrivant à la Chambre (dont la plupart ont été sélectionnés par Donald Trump lors des primaires) rendra l'approbation d'une aide supplémentaire beaucoup plus difficile. En 2022, les USA ont approuvé environ 54 milliards de dollars d'aide militaire, budgétaire et humanitaire pour l'Ukraine. Maintenir ce niveau de soutien serait difficile voire impossible avec une nouvelle majorité peu favorable à dépenser l’argent des contribuables à l’extérieur du pays. Kevin McCarthy, le potentiel président républicain de la Chambre, a été clair : « Il n'y aura plus de chèques en blanc pour l'Ukraine. »

Cette liste n’est pas exhaustive mais illustre cependant les batailles auxquelles nous allons prochainement assister au sein du Congrès.

Me Marc Amblard
Me Marc Amblard
Avocat - Maître de conférences en Sciences de gestion à l’Université d’Aix en Provence

Vos commentaires

5 commentaires

  1. Si seulement la nouvelle majorité républicaine pouvait réduire les sommes folles qui ont été depuis des mois

    déversées sur l’Ukraine, peut-être que Zelenski serait ramené à la raison et accepterait une vraie négociation pour

    mettre fin à ces opérations militaires sanglantes des 2 côtés. En mars , il était sur le point de discuter avec la Russie ,

    mais depuis que les Occidentaux jusq’ aux boutistes , l’ont armé jusqu’aux dents il se voit déjà vainqueur des armées

    russes et prêt à continuer la guerre quitte à déclencher un dérapage nucléaire généralisé. Cet homme est dangereux ,

    et il faudrait le ramener à un peu plus de modestie et de raison . Même les Democrates américains ont compris cela.

  2. Si les USA venaient à couper le robinet à dollars, Zelensky commencerait peut-être à envisager une fin du conflit peux à son avantage. Les récentes manifestations un peu partout en Europe (mais pas en France) pour la paix sont un signe que les populations ne veulent pas d’une escalade, contrairement à UVDL et ses pantins Macron et Borne. En tout cas, la prise de la chambre par les républicains est plutôt une bonne chose pour nous.

  3. Comme pour 2020, les Démocrates ont bourrés les urnes. Il y a aussi un « retour » des milliards versés à l’Ukraine qu’il leurs faudra expliquer.

  4. Une Chambre Républicaine, voilà de quoi inquiéter Zelinsky et tous ses supports Européens. Affaire à suivre car porteuse d’espoir quant à la fin de ce conflit où une issue diplomatique est à rechercher en urgence pour le bien des peuples Ukrainiens et Russes.

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