Entre l’UED et l’ENA : le « foutage de gueule » de Nathalie Loiseau !

Nathalie Loiseau

Décidément, le passé de Nathalie Loiseau a du mal à passer : après l'UED (ce mouvement né sur les cendres du GUD), au tour de l’ENA, dont Emmanuel Macron veut également la dissolution, mesure qu’elle approuve évidemment des quatre mains, histoire de se faire bien voir, sans doute. En revanche, ce qui risque d’être fort mal vu, c’est cet entretien accordé, en 2017, à La Revue internationale et stratégique, que vient d’exhumer Mediapart.

L’occasion, pour elle, d’affirmer : « Supprimer l’ENA devient l’argument des hommes politiques sans idées et des journalistes sans culture ! » Et des femmes sans mémoire ? De la mémoire, Boulevard Voltaire en a un peu : en 2015, celle qui était directrice de l'ENA déclarait dans ces colonnes : « Depuis l’origine, la mission dévolue à l’ENA n’a pas varié : il s’agit de sélectionner les talents les plus adaptés au service de l’intérêt général en veillant à démocratiser l’accès à la haute fonction publique. » De la mémoire, Libération en a aussi, ayant déniché une autre interview donnée au Figaro, toujours en 2015, à l’occasion de laquelle la tête de liste LREM disait déjà : « Lors des périodes difficiles, on cherche toujours des boucs émissaires, et l’ENA en est un. Cette mauvaise image se transmet également par certains tics de langage chez les politiques ou les journalistes. C’est un réflexe populiste ou démagogique. » Voilà donc Emmanuel Macron rhabillé pour la prochaine saison printemps-été, à la mode « populiste » et « démagogique ». En matière de gaffes à répétition, on ne voit plus guère que Christophe Castaner, son collègue de l’Intérieur, pour lui damer le pion. Peut-être qu’on devrait les marier tous les deux, tant ils paraissent bien assortis.

L’ENA, elle en fut d’ailleurs la patronne, de 2012 à 2017. Interrogée, le 29 avril dernier, sur France Culture, elle évoquait cette affectation ne lui ayant pas laissé que de bons souvenirs : « Disons les choses, je n’ai pas été accueillie avec des fleurs en n’étant pas ancienne élève, femme et moins de cinquante ans. J’avais l’impression d’être une romanichelle quand je suis arrivée à la tête de l’ENA. » Il est sûr qu’elle a dû être mieux accueillie à l'UED, l’Union des étudiants de droite. Et d’enfoncer le clou, se disant « soulagée » de la disparition prochaine de cet établissement.

De l’art de dire, aujourd’hui, le contraire de ce qu’elle prétendait, hier, tout en donnant dans la continuité. À ce degré de circonvolutions et de reptations, on est plus proche du trampoline que de la dialectique.

Au fait, et ce, à propos du GUD et de l’UED, si Nathalie Loiseau prétend ne se souvenir de rien ou de pas grand-chose, ses condisciples, eux, se souviennent parfaitement d’elle. Ainsi, un ancien élève se confie-t-il en ces termes à Valeurs actuelles : « C’était l’archétype de la catho à collier de perles, pas spécialement extrémiste, mais très virulente et radicale contre les “socialo-communistes”, qui effrayaient alors cette droite bourgeoise. » Quant à la composition de l’UED, le même homme précise : « L’UED parvenait à fédérer l’aile droite du RPR, des proches de la Nouvelle Droite et la droite traditionnelle et maurrassienne. » Mieux : « L’organe de l’UED avait été fondé par Emmanuel Ratier. »

Et ce témoin de conclure : « Quand Nathalie Loiseau prétend qu’elle ne savait pas où elle mettait les pieds, c’est du foutage de gueule intégral. » On ne le lui fait pas dire, tant cela est également vrai d’autres de ses actuelles positions, récemment dévoilées sur les ondes de Franceinfo : « J’assume être une catholique qui approuve aussi bien le mariage pour tous que la PMA ou la GPA pour autrui si elle est éthique, c’est-à-dire sans marchandisation. » Logique implacable, quand tu nous tiens…

Si ça continue à ce train d’enfer, c’est peut-être elle qui risque de se dissoudre, toute seule, comme une grande fifille.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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