Emmanuel Macron rejoue le verbe. Tout ce qu’il sait faire
Dire que certains esprits l’avaient surnommé Jupiter ! Quelle clairvoyance politique, quelle intuition fulgurante !
Regardons-le. Il introduit son « débat national » devant quelques dizaines de maires ruraux normands, public sage, attentif, trié, poli. Tombant la veste sur la fin, il se retrouve en bras de chemise, à la BHL, parlant avec les mains. Il est comme toujours, c’est frappant, en représentation théâtrale.
Car il est resté l’élève de son professeur de théâtre. Cela a dû lui réussir à l’oral de l’ENA, hélas ! Il se veut convaincant, le verbe aisé, le geste éloquent et rassurant. Il excelle dans l’exercice. Il est sûr de lui, tellement sûr d’arriver à obtenir la bonne note, comme avec Brigitte, comme à l’ENA, comme au ministère devant un public de fonctionnaires disciplinés. Il croit même pouvoir se permettre de faire « peuple ». Supprimer l’ISF ? "C’est de la pipe !" Raté, du coup, car le mot est bien mal choisi.
Le Français moyen, lui, n’a cure de tous ces petits artifices pour séduire à l’oral du bacho. Il n’a que faire des discours et des dissertations de terminale ou de Sciences Po. Il ne se sent pas du tout proche du bourgeois encanaillé, de l’enfant chéri du système. Il pense à ses enfants à lui qui chercheront longtemps du boulot. Même en traversant pas mal de rues. Même en quittant la région où ils sont nés.
Les fins de mois qui viennent trop vite, les factures plus lourdes que prévu, la bagnole qui perd son pot d’échappement, le souci de santé, la boîte qui ferme l’usine française pour faire travailler des Tunisiens, la concurrence des travailleurs détachés polonais, Macron, il ne connaît pas, il ne sent pas. Au niveau macroéconomique ce n’est rien tout, ça, voyons !
Car pour comprendre ce peuple, il faut aimer les gens, sortir de la bulle de sa jeunesse dorée. Il faut connaître le pays en profondeur, ne pas se contenter de petits sauts en hélico, ne pas rencontrer que des élus complaisants.
Mais pour comprendre, il est bien trop tard ! Tant de mépris, tant d’insolence, tant de selfies douteux, tant de coups de menton, tant de bourdes que la presse aux ordres minimise ou omet pour ne pas choquer le brave populo qui n’a que sa télé et son journal régional pour savoir ce qui se passe. Certes, ça marche encore, mais de moins en moins. L’information qui filtre, les réseaux de réinformation qui se structurent, les téléphones qui enregistrent : tout gêne la propagande officielle. Et puis, il y a ces satanés gilets jaunes qui n’en démordent pas, ces « Gueux » que chante Gaëtan Thomas.
Alors, Macron rejoue le verbe, tout ce qu’il sait faire. Il écrit aux Français une belle dissertation. "En confiance". Trop longue, trop vague… autisme pathétique !
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