Christian Estrosi a bien senti que son appel à voter Macron n’allait pas suffire à lui réserver une place au chaud dans un ministère. Trop de monde sur le coup. Ça se bouscule, ça joue des coudes. "Je l’ai dit le premier !" "Non, c’est moi, j’étais là avant !" En tant que précurseur du ralliement, il lui fallait aller plus loin dans la surenchère, trouver une idée pétaradante qui le sorte du troupeau des convertis au macronnisme radical. Depuis hier, c’est chose faite avec son appel solennel à exclure les membres de LR qui ne voteraient pas Macron. Allez hop, la direction ne recule devant aucun sacrifice. On liquide. Tout doit disparaître.

Le souci du maire de Nice est qu’un de ses concurrents posté sur la ligne de départ propose encore plus fort. Dans ce cas de figure, le ravi de la Côte d’Azur a déjà préparé sa botte secrète : un appel à empaler sur la place publique toute personne membre de LR qui ne voterait pas Macron. Y compris dans sa propre famille. Des webcams seront placées dans les isoloirs. Tout électeur pris à glisser dans l’enveloppe un bout de papier suspect sera immédiatement fusillé, découpé puis broyé. Cette élection va finir dans un bain de sang, foi d’Estrosi ! "Qui c’est qu’a dit que j’aurai pas un ministère ?" Dans les rues de Nice, on n’entend plus une mouche voler. Le moindre passant qui prononce un mot qui finit par "pen" est emmené au poste.

Emporté par son suivisme ravageur, le "super-rallié" a formulé son appel d’une manière totalement incompréhensible. Un sac de nœuds syntaxique indémêlable, preuve de l’état de stress du postulant : "Tous ceux qui ne feront pas le choix très clair de faire voter pour ne pas faire barrage à Marine Le Pen doivent être exclus." Posez tout ça sur la table, on va démêler. Donc : "ne pas quoi ?" Les électeurs ont dix jours pour tenter de résoudre l’énigme. Top chrono.

De Nice à la place Beauvau, la route est longue. Si quelqu’un d’entre vous croisait sur un chemin vicinal un type dépenaillé, hagard, qui porte un panneau électoral sur le dos avec la photo de Macron, c’est Christian Estrosi qui se rend à Paris à pied. Martyr de l’opportunisme.

Dans le Midi, tout le monde tremble à l’idée qu’il n’obtienne rien du tout. Les conséquences sur son mental seraient catastrophiques. Il pourrait se retrancher dans la mairie avec un fusil, commettre l’irréparable… C’est pourquoi aujourd’hui je lance un appel à Emmanuel Macron pour qu’il fasse une place quelque part à Christian Estrosi. Chez lui, dans sa voiture, dans un panier à côté du bureau présidentiel… Un job de gardien de parking aux abords de l’Élysée, à la rigueur, n’importe quoi, mais un boulot dans la sphère du pouvoir… Allez, Emmanuel, sois sympa, fais un geste… Les électeurs te jugeront aussi sur ta capacité à t’émouvoir face aux cas désespérés.

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26 avril 2017 à 20:38

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