Emmanuel Macron aux prises avec la pièce montée de la « Convention citoyenne pour le climat »

Les participants à la Convention se sont crus élevés au rang de copropriétaires de la planète ; ils n'étaient que des marionnettes agitées pour plaire à un électorat. La pièce est démontée.
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Sans surprise, la « Convention citoyenne pour le climat » initiée par Emmanuel Macron a tourné à la réunion de copropriétaires. Un empilement de « y a qu'à, faut qu'on », une pièce montée de 149 propositions allant du 110 km/h sur autoroute à de simples suggestions de bon sens. Le Président ayant promis que toutes les idées, ou presque (ces trois « jokers » !), seraient reprises telles quelles, les participants se sont lâchés. Le résultat est copieux.

Alors que l'heure de la confrontation avec les membres de ladite Convention a sonné, l'initiateur de ce chef-d’œuvre pâtissier va devoir expliquer qu'il ne pourra pas tout manger. La situation est délicate. L'exercice dans lequel se lance Emmanuel Macron face aux auteurs du pensum va donc consister à ne fâcher personne. Tout sera repris, oui. Ou peut-être... Enfin... Quelques trucs ici et là, mais pas comme ça. L'artiste a plus d'un tour dans sons sac. La tourterelle était là. Elle n'y est plus. La routine. Partant d'un point A, l'orateur doit amener son auditoire à un point B tout en lui faisant croire qu'il est toujours sur A. Du travail de virtuose.

Le numéro d'équilibriste commence par un rappel de l'engagement : « Lorsque nous nous étions vus ici même en janvier 2020, j'avais pris l'engagement que vos propositions seraient transmises sans filtre. » Partis d'une pâtisserie, les voilà dans un bar-tabac. Le détournement est astucieux. « Ça veut dire simplement n'oublier aucune des propositions faites, bien en mesurer l'impact, les soumettre ensuite au vote et j'irai au bout de ce contrat moral. » 149 votes. Le lanceur de convention se prend à regretter de ne pas avoir fixé un cadre qui aurait évité cette litanie de propositions. Trop tard. « Mais dans quel guêpier me suis-je fourré ? » se dit l'orateur qui aborde maintenant la partie la plus périlleuse de sa prestation consistant à expliquer que les choux à la crème de la pièce montée doivent être goûtés un à un par une ribambelle de législateurs. Qu'en restera-t-il après cette série de dégustations ? Dieu seul le sait.

Dans sa longue estocade finale, sinueuse et alambiquée, Emmanuel Macron tente le tout pour le tout : le « sans filtre » dont il voulait parler comportait un filtre.  J'ai parfois eu le sentiment que […] l'idée de discuter des propositions, d'y travailler […] était une remise en cause du sans filtre. Je veux plaider le contraire. » Le processus du « sans filtre qui en comporte un » est simple : il s'agit d'un processus « qui ne veut pas dire qu'elles [les propositions] seront telles quelles à la fin en application ». Et nous voilà arrivés sans encombre au point B. Le voyage fut un peu fatigant, les chemins chaotiques, mais ne chipotons pas. Nous y sommes.

Au fil du discours, il apparaît qu'Emmanuel Macron avait promis ce qu'il ne pouvait tenir d'un point vue constitutionnel. Tenancier d'un open bar-tabac où rien n'est open. La séduction des écolos passait par ces contorsions oratoires. Les participants à la Convention se sont crus élevés au rang de copropriétaires de la planète ; ils n'étaient que des marionnettes agitées pour plaire à un électorat. La pièce est démontée.

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Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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