Jamais l’émoticône « crotte » n’aura suscité autant de commentaires. Sans doute parce que c’est le seul message envoyé par le milliardaire Elon Musk, en lice pour acheter Twitter, en réponse à un long article et à une douzaine de tweets critiques de l'actuel patron du réseau social qui gazouille. Des tweets publics, donc, destinés à tenter d’expliquer pourquoi « son » entreprise ne sait en réalité pas du tout, mais alors absolument pas, combien il y a réellement de faux comptes et de robots… sur le réseau !

Comme Elon Musk est devenu l’homme à abattre, puisqu’il s’est autoproclamé défenseur de la liberté d’expression et dénonce à qui mieux mieux le politiquement correct, le wokisme et la censure qui les accompagnent, les commentateurs se moquent de son attentisme, qualifié parfois de « coup de bluff ».

En réalité, Elon Musk fait tout simplement preuve de la prudence la plus élémentaire et appréhende ce qui est déjà arrivé cent fois dans un passé récent.

Les Mozart de la finance et de la tech ont beaucoup menti 

Lors de l’explosion de la bulle Internet, au début des années 2000, ce sont bien les promesses totalement bidon des « start-up de la tech », promesses faites à des investisseurs ignorants, hypnotisés par les tableaux remplis de chiffres précédés de + et annonçant des progressions à trois chiffres, qui ont provoqué la ruine de dizaines de millions d’épargnants dans le monde (en France aussi) et la faillite de quelques banques et fonds d’investissement.

La crise des subprimes de 2009 est en tout point identique : c’est bien parce que les Mozart de la finance avaient complètement bidonné les statistiques de risque sur les emprunteurs immobiliers que le château de cartes s’est effondré. Les banques américaines s’étaient mises à prêter à des balayeurs de rue ou à des chômeurs. Les petites magouilles de quelques-uns ont coûté des milliers de milliards de dollars et d’euros.

Plus récemment, une entreprise baptisée Nikola - en référence à Nikola Tesla, sachant que Tesla était déjà pris par un autre - a levé des milliards d’euros en faisant descendre... un vrai faux camion électrique du haut d’une colline, pour la vidéo destinée aux investisseurs ! Nikola a livré en tout et pour tout… deux camions/a>.

Et si Twitter avait aussi menti sur son influence réelle ? 

Et que penser du scandale Theranos, du nom de cette entreprise qui promettait de réaliser automatiquement plus de 200 tests sanguins avec une seule goutte de sang ? C’était une arnaque et Elizabeth Holmes, la fondatrice de l’entreprise, après dix années passées à vivre dans le luxe absolu, classée dans le Top 100 des personnes les plus influentes de la planète en 2015 par Time Magazine, condamnée pour escroquerie en janvier 2022, saura en septembre prochain combien d’années de sa vie elle passera en prison.

Alors, oui, que Musk soit prudent avec Twitter et le nombre d’utilisateurs réellement humains et actifs sur le réseau est plus que rationnel. La valeur de l’entreprise en dépend, plus que le chiffre d’affaires réalisé jusqu’ici et le compte de résultat... toujours déficitaire.

Si Twitter ne compte pas 5 % mais 20, 30, voire 50 % de faux utilisateurs, c’est la place réelle des réseaux sociaux dans nos vies, et dans la vie de la cité, qui sera remise en question ! Or, on sait déjà que Facebook ou Google ont triché sur leurs chiffres. Et si une large partie du monde virtuel n’était en réalité qu’un mirage ?

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19 mai 2022 à 19:25

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16 commentaires

  1. J’attend avec impatience qu’il nettoie les écuries d’Augias que représente Twitter

  2.  » Et si une large partie du monde virtuel n’était en réalité qu’un mirage ? » C’est l’évidence même. Le problème, de taille, est que ce monde d’Alice (ou d’Ubu Roi) a la prétention de diriger la monde réel et six milliards d’êtres humains.

  3. Ignorant tout de Twitter, j’imagine que chacun peut s’y inscrire librement…
    Dès lors, comment faire le TRI ?
    Vaste programme !

  4. mais mr Giraud , le monde occidental ( et pas que ) vit dans le virtuel et la négation du réel ; l’instrumentalisation des masses par la propagande et la persuasion , devenu une discipline à part entière , avec l’outil numérique , en est à un tel point que l’on vit dans le mensonge et que les actions/réactions sont elles aussi en parfaite symbiose avec cela .

  5. J’ai connu une start-up qui faisait 5 millions de francs de chiffre d’affaire et qui était valorisée à plus d’un milliard. Elle a bien entendu très vite disparu, mais ses dirigeants se sont bien gavés en vendant leurs actions au bon moment.

  6. L’Occident est l’empire du mensonge. Dans tous les domaines, dès que les intérêts de la toute puissante caste financière et de ses larbins sont en jeu.

    1. Je crains que le mensonge ne soit pas l’apanage de L’Occident ,et que ,c’est probablement une des choses les mieux partagées en ce bas monde .Peut importe la civilisation …

  7. J’espère que c’est 50% de faux comptes. Comme tout n’est que mensonges ou manipulations dans ce monde actuel, le résultat sera très intéressant.

  8. Le monde est au virtuel. L’Ukraine est un bon exemple. L’occident fait du cinéma propagandiste, les guerres US sont toujours propres et pour la belle cause humaniste, par opposition, « l’affreux » Poutine grand joueur d’échecs, tape dans le dur.
    L’Ukraine aurait même gagné la guerre.

  9. Mirage ? Combien d’utilisateurs de ce site déclarent ne pas être sur les « réseaux sociaux bien pensants » ? Moi je n’y suis pas.

    1. Je n’y suis pas davantage, mais pas par vertu. Je considère surtout que l’exhibition sans frein de sa propre vie intime est la plus évidente des obscénités, et la voie grand ouverte vers la barbarie.

  10. Et ainsi de remettre les réseaux sociaux et leurs utilisateurs à leur place réelle.

  11. Il a raison d’être prudent car les financiers véreux sont nombreux et leurs ficelles difficiles à dérouler.

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